Mon sourire disparaît quand je me tourne pour me caler correctement dans le canapé. De toute à l’heure, j’étais tournée vers lui pour discuter mais maintenant, il n’y a plus de raison s'il veut partir.
Je vais préparer le dessert en attendant. A tout de suite !
Je me relève et retourne du côté cuisine pendant qu’il s’en va. J’aurais pu plaisanter sur le fait qu’il veut me fuir mais bizarrement, l’humeur et l’envie n’y sont pas. Alors que je sors les îles flottantes du réfrigérateur, le sentiment étrange et désagréable suite à son départ se fait plus présent. Son sourire à l’évocation de son type de femme et sur les speakeasy… ça me fait un pincement au coeur. Encore une fois, je pense que je n’ai pas envie de me faire de faux espoirs. Je refuse de me faire de faux espoirs. Et pourtant, le fait qu’il ait été dans le coma en se réveillant avec l’impression d’être différent, ses impressions de déjà-vu, non c’est impossible. Peut-être que je n’ai pas réussi à faire le deuil de mon mari comme je le pensais. Je pensais l’avoir fait parce que je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme Jake. Quelqu’un qui semble presque correspondre à toutes mes attentes. Si on retire le fait qu’on n’est pas de la même classe sociale. Mais ce n’est pas important à mes yeux. Ça l'est aux yeux de mon entourage et pour mon image mais c’est tout. Pourquoi je passerais à côté de quelqu’un et mon propre bonheur pour les autres franchement ?
Sauf qu’il y a cette histoire d’amitié, donc c’est impossible aussi. Je sais que je pourrais passer outre et le faire craquer mais est-ce que j’ai envie de couper les ponts avec quelqu’un qui me fait tant penser à Jack ? Non. Je dois sans doute être masochiste. Île flottante maintenant prête, je n’ai plus rien à faire en attendant qu’il revienne. Raison pour laquelle je n’aime pas les cigarettes ! Alors, en attendant, je retourne mettre la boite à photo en place. Autant occuper mes mains avec quelque chose d’utile.
Conscient que cela risque de déplaire à la jolie Olivia, cette bouffée d'air et de nicotine à venir lui sembla soudain nécessaire. Vital. Il n'allait pas tarder à suffoquer, son cœur ne supportant pas de telles montagnes russes. Il lui adressa un sourire d'excuse, puis remis sa veste pour descendre. L'air frais le frappa en plein visage, mais ce n'était pas désagréable. L'alcool lui tenait chaud, après tout.
Il alluma sa cigarette, toujours aussi pensif. Il était retourné à la prohibition, à ce bar où ils avaient décidé de leur voyage. Quelle erreur. Mais ni l'un, ni l'autre n'auraient pu le prévoir. Il termina sa cigarette sans vraiment s'en rendre compte et soupira. Il était temps de remonter. Il s'en voulait de faire attendre Olivia, et d'avoir des excès d'humeur malgré lui. Il pensait plutôt bien dissimuler son mal être, mais il était tout de même moins agréable que lorsqu'il était… Jack.
Il sonna à nouveau, enleva son manteau puis demanda à Olivia :
- Où est ce que je peux me laver les mains s'il te plaît ?
Après avoir remis la boite en place, je retourne dans la cuisine pour sortir une carafe d’eau et la remplir. Je n’ai pas spécialement envie d’avoir la gueule de bois demain ou être malade, alors il faut boire. Je bois deux verres à la suite et profite de l’absence de Jake pour aller aux toilettes dans la salle de bain. Il ne tarde pas à revenir peu après.
Dans la salle de bain !
Je lui indique la porte de la salle de bain, la première porte dans l’entrée.
Et non, personne ne fuit Olivia Duval. Sauf s'ils ont quelque chose à se reprocher et qu’ils ont peur de subir mon courroux.
Je souris légèrement avant d’ajouter:
Même si j’avoue que l’idée m’a traversé l’esprit l’espace d’une seconde.
Je le laisse disparaître dans la salle de bain et installe les îles flottantes à nos places sur la table.
J’espère que t’as encore un peu de place pour le dessert. J’ai failli le manger sans toi !
Le sourire du jeune homme devint encore plus grand lorsqu'elle commença à se la jouer. Elle faisait très méchante de série, où héroïne. Enfin, très personnage principal. Le fait qu'elle y ait réellement songé le fit se sentir un peu gêné. Il ne renvoyait pas une bonne image ?
- Je reviens, se contenta-t-il de répondre en montrant la salle de bain de la tête.
Il se lava soigneusement les mains puis se passa un peu d'eau sur le visage, histoire de laver par la même occasion toutes ses pensées moroses. Son téléphone vibra dans sa poche et il lu un message de sa mère. "Tu n'as pas intérêt à rentrer ce soir !" Quelle mère envoie ça à son fils ?
Il retourna ensuite dans la pièce principale, cherchant Olivia du regard.
- Tu as si faim que ça ? Je n'ai pas été aussi long quand même ! Ou alors, je te manquais déjà ?
L'alcool avait enlevé tous ses filtres, et si il souhaitait passer une bonne soirée, il allait devoir boire un peu plus. C'était ainsi qu'il chassait son passé. Même s'il s'était promis de ne pas franchir de limite avec Olivia, il voulait juste se sentir un peu mieux. Un peu plus libéré de son fardeau.
Il lui offrit un sourire d'excuse. Ce moment lui avait paru bien court, pour sa part. Ce moment où il avait pu faire le vide dans ses pensées et se ressourcer pour passer de nouveau une bonne soirée. Ce goût sur ses lèvres, la nicotine dans ses poumons. C'était une constante rassurante vis à vis de son ancienne vie.
- Quelle chance d'être à la table de la meilleure cuisinière des États-Unis !
Ce n'était pas exactement ce qu'elle avait dit. Il faisait un raccourci pour la taquiner, mais le reste du repas avait été délicieux et il trouvait cela dommage qu'elle n'use pas plus de ses talents. Il trouvait tout de même cela étrange qu'une personne qui ait appris, mais pratique si peu ne perde pas la main.
- Finissons le cidre ! Tant pis pour les mélanges.
Voilà comment avoir l'air jeune : avoir l'air insouciant et bête. Il l'oubliait souvent, mais ce soir l'alcool l'aidait.
- Je ne serais pas contre un peu d'eau par contre.
Voilà que la maturité frappait de nouveau à sa porte. Il avait bien appris au fil des années que boire sans eau n'était pas une bonne idée. Tant pis si il avait l'air faible. Il n'avait pas envie de ne pas pouvoir se lever avant la fin d'après-midi. Il était heureux de pouvoir décider du jeu, même si il n'avait pas trop d'idée ni d'expérience. En tout cas, il préférait le je n'ai jamais à l'autre jeu, mais il avait la sensation que face à Olivia ce ne serait pas une partie de plaisir non plus.
Ils commencèrent à manger le dessert, et après la première bouchée, il la complimenta à nouveau.
Est-ce que j’aurais droit à cette blague à toutes les sauces ? Il semblerait. C’est à me maudire d’avoir trop parlé. Je conserve mon sourire néanmoins et ramène la bouteille ainsi que les verres à table pour les poser sur la table.
Ça tombe bien pour l’eau, j’en ai bu un peu pendant ton absence et j’ai rempli une carafe.
Je vais donc chercher la carafe et deux autres verres. A ce rythme, le lave-vaisselle va être rempli de verre et mes armoires vides. Je nous sers de l’eau, du cidre et m’assieds enfin. L’idée de déguster le dessert ravive ma gourmandise et une petite faim malgré le repas assez copieux d’avant.
Évidemment ! Mais merci.
On mange le dessert tranquillement et j’en profite pour lui retourner les questions qu’il m’a posées plus tôt sur sa vie. Même si je ne peux pas poser autant que lui. On a vite fini le dessert et la bouteille de cidre.
Direction le canapé pour continuer à jouer ! Oh ou alors, je le prépare pour que tu puisses dormir et on se change ? A moins que tu veuilles rentrer chez toi. Je ne veux pas que tu crois que je te séquestre !
Vu ce qu’il a bu et le temps froid dehors, ça ne serait pas une bonne idée qu’il reprenne la route ce soir. Et préparer le canapé éviterait qu’il dorme mal ou qu’on finisse dans le même lit.
Le "évidemment" le fit sourire. Elle était sûre d’elle même, et il appréciait cette qualité. Il s’était déjà fait la remarque plusieurs fois en sa présence. Il répondit du mieux qu’il le put à ses questions. Heureusement, tout restait plutôt basique. Il lui raconta comment il était devenu mécanicien, et surtout pourquoi il avait dû travailler tôt. Il lui raconta également qu’il aurait aimé devenir auteur de webtoon, mais que la vie ne lui permettait pas. Il se livrait beaucoup, l’alcool déliant sa langue. Il raconta ensuite des histoires sur sa famille, un père inexistant et ses oncles, tantes, cousins et cousines qui formaient une grande famille.
- Tu voudrais me faire rentrer chez moi, par ce temps froid ? Prendre la route alors que je suis alcoolisé ?
Il fit une petite moue, pour la faire rire. Il ne la sentait pas réellement détendue, trop impliquée encore dans son rôle de parfaite hôtesse. Au moins l’un de nous deux est raisonnable.
- Allons jouer sur le canapé !, annonça-t-il sans penser au sous entendu.
Il se releva et ajouta :
- Nous n’avons pas encore de gagnant pour décréter qui de nous deux tiens le mieux l’alcool.
Je souris à sa réponse, pas complètement inattendue.
Bien sûr que non mais on ne sait jamais.
Son annonce par contre me fait rire légèrement. Je ne sais pas si il se rend compte du double sens de ses paroles.
Effectivement. On va faire un peu d’amélioration d’espace dans ce cas, ça sera plus confortable.
Je me lève à mon tour pour retourner du côté des canapés. Arrivée devant la table basse, je la pousse suffisamment pour qu’on puisse déplier le lit et qu’elle soit juste à côté pour pouvoir avoir accès à la bouteille et aux verres sans se lever.
Je ne regrette pas d’avoir opté pour des canapés comme ça au final, tu vas avoir l’honneur de le “baptiser”.
Avec son aide, je déplie le canapé pour faire apparaître le matelas, déjà recouvert d’un drap. Il ne manquera plus qu’à ajouter la couverture et les oreillers. J’avais déjà préparé ceux-ci dans le canapé à côté pour que ça soit plus rapide.
Allez c’est reparti ! Je crois que c’était mon tour.
Je nous ressers avant de m’asseoir en tailleur sur le matelas.
Alors… hmm… Je me suis déjà levée en pleine nuit pour manger des frites, on ne m’avait jamais offert d’oeillet blanc avant toi et j’ai déjà fumer des cigarettes.
Enfin, un rire. Il était soulagé de l’entendre ainsi. Il n’aimait pas être de mauvaise compagnie, surtout avec les femmes. Il l’aida quand elle lui demanda, pour transformer le canapé en un… Lit. Confortable certes, mais elle n’avait pas peur de boire avec un homme, dans un lit ? Heureusement que je n’ai pas - trop - d’arrières pensées. Et que je sais me contrôler. Et heureusement qu’elle n’invite personne ici. J’espère ne jamais avoir de fille.
- Ca a l’air pas mal, oui !
Il imita sa position: en tailleurs. Son pantalon était heureusement, plutôt souple et confortable. Il prit le verre qu’elle lui avait servi. Il n’allait pas tarder à lui proposer de faire des cocktails, plutôt que des shooters. Quoi que, je ne sens plus vraiment le goût de l’alcool.
- Toi ? Manger des frites en pleine nuit ? Fumer ? Impensable ! Des œillets blancs… Je ne sais même pas à quelle occasion on les offre finalement… C’est juste des jolies fleurs… Hmmm…
Il se rappela de la première manche. L’idée qu’il avait exclu d’emblée, avait été la bonne. Il ne referait pas la même erreur.
- Tu as déjà essayé la cigarette.. Et tu n’as pas aimé ça ?
Ses réponses me font rire franchement. En fait, en y réfléchissant, toutes les propositions sont vraies dans le fond. Sauf que ce n’était pas vraiment la nuit pour les frites.
Effectivement, j’ai déjà essayé et je n’ai pas aimé. Je voulais voir ce qu’il y trouvait de si bien.
Je bois mon verre sans vraiment de raison, pour que la brûlure dans ma gorge fasse partir mes souvenirs qui reviennent.
Et les œillets blancs, c’est pour signifier la passion fidèle et pure. Je me doutais bien que tu ne connaissais pas vraiment la signification ! Mais bon, ce sont mes fleurs préférées, donc tu as vu juste.
J’hausse les épaules et garde un ton léger en parlant. Je ne veux pas que cette ambiance bizarre revienne mais je ne pouvais pas m’empêcher de le dire. On m’a déjà dit que j’avais tendance à être miss-je-sais-tout quand je commence à être ivre.
Ce n’est pas si impensable pour les frites ! Les envies soudaines, ça n’arrive pas qu’aux femmes enceintes !
Soulagé d’avoir enfin vu juste, Jake se mit à boire son verre également, même s’il avait gagné cette fois. Il se demanda qui était ce “il” auquel elle faisait référence. Observateur, ce n’était pas tombé dans l'oreille d’un sourd. Un ex ? Il ne s’en formalisa pas. Il n’avait rien à redire la dessus, et il aurait pu heurter sa sensibilité en creusant le sujet sans contexte.
La signification des œillets blancs manqua de lui faire recracher ce qu’il avalait, mais heureusement il était bien élevé et se contenta de toussoter un peu.
- Ah oui, je vois. Elles sont… Jolies.
Elle se doutait bien qu’il n’avait pas eu d’arrière pensée. Tant mieux. Il ne savait pas leur signification à l’époque non plus, et bien qu’il se soit interdit de penser à nouveau à Edith, il se demanda si elle y avait vu un signe lorsqu’il lui en avait offert dans leur précédente vie.
- Ah bon ? Tu as quoi comme genre d’envie soudaine ?
Car lui, les seuls envies soudaines qu’il avait en mémoire étaient d’ordres charnelles. Il resservit leurs verres.
Sa réaction est presque comique mais je ne garde de faire un commentaire dessus. Je préfère répondre à son autre question.
Bah ça varie. Des fois, ça peut être manger des sushi ou de la poutine ou alors manger un brownie au chocolat.
J’affiche un sourire amusé en continuant:
L’envie de sortir faire la fête ou de m’amuser ! Surtout pendant une longue journée de travail. Et puis le reste… avoir un rencard et flirter c’est cool aussi.
Je pourrais ajouter autre chose mais ça commencerait à dévier trop et puis, on ne se connait pas assez pour avoir ce genre de conversation.
Je suis sûre que tu en as aussi parfois, en dehors de fumer.
De la poutine… C'était un plat surprenant et il avait eu du mal à s'habituer au goût, mais maintenant il adorait. Tout ce qui était à base de chocolat… Aussi. Il était toujours étonné de voir à quel point la malbouffe était plus facilement accessible que la nourriture saine. Avant, il n'avait pas à se soucier de tout cela.
Avoir un rencard et flirter ? Oui elle était en âge de faire ces choses là. Il se demanda si elle avait beaucoup de succès. Sûrement. Certainement. Il dut se rappeler que cela ne le concernait pas.
- Des envies ? Hm, bien sûr. Je mange ce que j'ai envie, quand j'ai envie.
Il ne précisa pas ce qu'il pensait alors "si je peux me le permettre".
- J'écoute souvent mes envies de sortir, pour décompresser de la semaine.
Il haussa les épaules. Il avait surtout souvent envie de dessiner et il ne pratiquait pas autant que ce qu'il voudrait. Il envisageait de moins sortir, mais sa mère serait encore plus inquiète de le voir à la maison aussi souvent, comme juste après l'accident.
- Bon allez, on change de jeu ? Je n'ai jamais, c'est ça ?
Il se passa la main libre dans ses cheveux, et fit mine de réfléchir. Un truc qu'il n'avait jamais fait et qui pourrait la faire boire ?
- Je n'ai jamais…
Même ça, c'était compliqué. Compliqué car il ne connaissait rien d'elle.
J'hoche doucement la tête à ses réponses. Ça correspond bien à l'idée que je m'étais fait de lui. De toute façon, nous sommes tous égoïste dans le fond et on fait toujours ce dont en a envie.
Il veut changer de jeu et ça ne me dérange pas. J'attends donc qu'il trouve un "je n'ai jamais" et je ne me retiens pas de rigoler en entendant son affirmation. Je bois mon verre cul-sec et le regarde:
C'était trop facile celle-là ! Bien sûr que j'ai été en Asie, c'est là où sont situés la plupart de nos fournisseurs ! Hmm…
Je fais mine de réfléchir et je dis avec un sourire malicieux :
Je n'ai jamais bricoler un moteur de voiture.
Si il veut jouer à ça, on va jouer. Les phrases basiques s'enchaînent et bientôt la bouteille de vodka est presque vide. Je vide le reste de bouteille dans nos verres et dis avec un petit rire:
Oh mince, on a déjà fini ! J'en ouvre une autre ? Je propose qu'on passe aux choses sérieuses maintenant !
Plus le jeu avançait, plus son esprit s’embrouillait. Plus l’alcool s’incorporait à son organisme et plus il rajeunissait. Jack n’avait jamais été très mature, et même si Jake l’était devenu par la force des choses, son ancienne personnalité était bien plus présente que la nouvelle, passé ce degré l'alcoolémie. Comme à chaque cuite, Edith était à présent bien cachée dans son cœur. Il n’y pensait plus, ou si son image jaillissait, il la laissait partir.
Il avait passé un très bon moment. Olivia était drôle, et charmante. Surtout drôle. Quoi que, très charmante. Elle avait baissé elle aussi quelques barrières, et même si les questions avaient été plutôt bateaux, ils avaient pu raconter quelques anecdotes.
- Déjà ? , et il se mit à rire.
Il s’était pourtant dit qu’il ne boirait qu’un ou deux verres ce soir-là. Rentrer ou aller se coucher aurait été la solution la plus sage, mais il l’écarta de ses pensées. Il avait envie de continuer le jeu. Pour une fois qu’il était de bonne humeur, détendu et qu’il se sentait à nouveau lui-même, il ne voulait pas que tout cela s’arrête.
- Les choses sérieuses ? Arrête, tu vas me faire peur !, clama-t-il avec un air faussement apeuré, suivit d’un sourire éblouissant.
Je repose la bouteille et mon verre sur la table basse avant d'entreprendre de glisser en dehors du lit. Je me relève et attends quelques secondes. J'ai la tête qui tourne un peu.
Tu ne crains rien avec moi !
Je le regarde brièvement avant de me détourner et me mettre en route vers la cuisine. Son sourire me rappelle trop quelqu'un, comme quand on était à la boîte de nuit. Ce n'est pas très bon signe. Je m'empresse de récupérer la nouvelle bouteille et l'ouvrir.
Réfléchis bien à ce que tu vas dire, j'ai déjà quelques idées moi!
Je retourne me positionner dans le canapé, peut-être un peu plus proche que toute à l'heure, les distances m'échappent passer un certain taux d'alcoolémie. Je nous sers et annonce fièrement :
Bien qu’alcoolisé, Jake s’assura par réflexe qu’elle n’allait pas tituber, ou tomber. Une fois certain de sa stabilité, il s’allongea quelques secondes dans le canapé-lit plus que confortable.
- Hmmm, tu as beaucoup trop d’idées ! Je vais finir par me servir d’une application si ça continue !
Lorsqu’elle revint dans le canapé, avec une bouteille pleine, il se redressa à nouveau. Leurs coudes pouvaient presque se toucher, mais il n’eut pas la lucidité de remettre une distance respectable entre eux. Au contraire, son coude semblait inexorablement attiré par la jeune demoiselle, même s’il se gardait bien de se laisser aller.
Il la regarda médusé, lorsqu’elle posa sa question. Médusé car il l'imaginait bien trop prude pour parler de ce genre de choses, surtout avec un garçon. Il refit son petit rire significatif, puis son sourire de beau gosse, avant de prendre son verre, de le boire cul sec, de se resservir un verre et de le boire aussi cul sec.
- La question valait bien deux shooters.
Il éclata de rire, avant d’ébourrifer à nouveau ses cheveux.
- Alors comme ça mademoiselle n’a que des histoires de coeur ?
Il n’avait toujours pas d’idée, et fixa un avant Olivia, avant de lancer :
- Je n’ai jamais désiré quelque chose d’impossible.
Mais bon, il était un peu nul à ce jeu, comme à l’autre étant donné qu’il but quand même.
L'imagination, ce n'est pas ce qui manque. J'ai beaucoup fait ce genre de soirée quand j'étais étudiante. Par contre, je ne m'attendais pas à ce qu'il boive deux fois. C'est… je crois que je suis trop paumée pour trouver une description. La similitude est de plus en plus présente et ça réveille de vieilles envies que je n'ai plus éprouvé depuis longtemps.
On va dire ça.
Je ne peux pas dire que mes relations ne vont pas plus loin que le troisième rencard. Que je jette les mecs juste avant que ça ne devienne sérieux. A son nouveau "je n'ai jamais", je dois boire et il semblerait qu'il ait oublié le principe vu qu'il boit aussi. Toujours un peu troublée par cette impression de familiarité, je demande un peu plus bas:
Jake aurait pu allègrement donner une quelconque réponse matérielle, cela aurait été cohérent avec son niveau de revenu actuel et le poisson aurait été noyé. S'il était d'ordinaire calculateur, il n'avait pas envie de faire n'importe quoi à cet instant précis. Ou plutôt, il n'avait pas envie de se prendre la tête à réfléchir.
Il s'approcha légèrement, buste tendu en avant et murmura à l'oreille d'Olivia :
- C'est un secret !
Il se redressa ensuite et ne pu s'empêcher de rire en regardant la moue qu'elle affichait. Trop mignonne.
- Quoi ? Tu veux jouer à action ou vérité maintenant ?, demanda-t-il toujours rieur.
Il se déboutonna les deux premiers boutons de sa chemise, commençant à souffrir de la chaleur.
Je me fige un peu quand il s'approche, je ne m'y attendais pas et encore une fois mon coeur s'emballe pour une raison inconnue.
Sa réponse ne me satisfait pas vraiment et ça doit se voir sur mon visage. Il n'est même pas drôle ! Moi qui espérait avoir une vraie réponse, je suis déçue.
Hmpf je ne suis pas très douée pour les actions mais on peut essayer si tu veux. Du moment que ce n'est pas des trucs ridicules !
Je le fixe deux secondes avant de me détourner pour remplir les verres de nouveau.
Tu peux retirer ta chemise si t'as chaud, te gênes pas pour moi!
Je plaisante qu'à moitié, je ne dirais pas non à la vue.
