[Intrigue] Un Noël pas comme les autres

C'était finalement le jour de contre-attaquer ces foutus singes et piafs pour découvrir où ces saletés créchaient. Après plusieurs jours passés à rassembler le nécessaire pour la survie, à former les groupes, l'expédition était enfin lancée. Sloan faisait évidemment partie de l'aventure. Il comptait bien récupérer son flacon d'alcool. Ce n'était pas non plus comme s'il avait vraiment eu le choix. Là encore, dans ce genre de situation, s'il avait demandé à rester en retrait, cela aurait démotivé pas mal de gens. Soit, il s'était préparé depuis des jours.

Sloan marchait à l'avant d'un groupe de quelques personnes, précédé par des éclaireurs. En plus de son sac à dos et d'une pique/lance, il avait fabriqué plusieurs bolas, un boomerang et une massue faite de bois, d'une pierre et de cordes. En bref, il avait l'arsenal pour capturer ou se débarrasser d'animaux à portée, ce qui serait pas mal s'ils recroisaient les voleurs.

Le soleil tapait fort et malgré les épais feuillages des arbres, la chaleur du climat tropical était difficile à supporter. L'humidité rendait l'atmosphère lourde et poisseuse. Il semblait aussi y avoir un marécage pas loin. À partir de là, il n'y avait plus aucun repère visuel. Il fallait se fier au soleil et à la position pour se diriger au volcan. Sloan détacha la dernière bande accrochée au tronc d'arbre. Il vit une sorte de petite clairière dégagée où se poser pour se ressourcer.

- "Bon et si on faisait une pause ? La jungle part en pente, j'le vois d'ici alors reprenons des forces et..." Sloan regarda derrière lui puis, comme coupé dans son élan, il souffla un petit coup avant de reprendre. "Et puis vous savez quoi. Ne pas crever etc."

Guy a été emmené de force à l'expédition. C'est qu'il est au courant de rien, y'a 9 jours on l'a réveillé pour lui dire que des gens sont morts, dont une gamine, que la bouffe avait été piquée par des animaux chipeurs et qu'il faut aller récupérer tout ça. Il se souvient bien avoir été bousculé dans son sommeil mais tant de choses se sont passées en une nuit. Et la déprime qui a suivi, aïe.

Guy bâille tandis qu'ils font route vers... bah, vers où en fait ? Il en sait rien. Il est même pas armé. Enfin si, il a quelques pierres en silex à divers usages mais surtout des bâches, des filets de fortune et des pieux genre pour planter des abris. Mine de rien c'est lourd ces trucs-là ! La chaleur est torride, la marche longue et fatigante mais son état de somnolence lui fait oublier la douleur. Il se cogne contre un tronc d'arbre à un moment, ce qui finit par le réveiller - même si ça l'a presque mis k.o. et dégommé. Sur le coup, il n'a rien senti, se contentant de secouer la tête en grimaçant. C'est alors que le mal rasé annonce la pause.

Le blond dépose son sac à terre et se laisse tomber comme un vieille chaussette desséchée. Il prend sa voix de mourant pour amadouer Max, qu'elle vienne le réconforter.

- Urgh... Max, mon heure est arrivée j'crois mais si j'pouvais poser ma tête sur tes genoux ça irait mieux.

La marche n’est pas des plus agréable, mais au moins, on s’est enfin bougé le cul.  J’en avais marre de faire comme si rien ne s’était passé depuis une semaine et qu’on ne pouvait pas aller de l’avant avec notre fichue expédition. Aujourd’hui c’était le grand jour. On n’a probablement pris la meilleure journée, il fait humide et c’est dégueulasse, rien de moins. Nos sacs sont lourds, parce que nous avons beaucoup d’équipement. Dans le mien, en plus d’un grand nombre de provisions – plus que le nécessaire au cas ou allons prendre beaucoup de temps pour trouver les créatures –, j’ai du cordage, des bouteilles d’eau

Je vous jure que j’ai mis la nourriture dans un autre sac dans mon sac pour être certaine que rien ne vienne piquer ce que j’ai. Avec un couteau, de la corde et une branche solide, je me suis fait une lance de fortune. Pour le moment, j’ai protégé la lame avec un morceau de tissus et la branche me sert, avant tout, de bâton de marche. J’ai également un autre couteau, mais de cuisine, rangé dans le sac, je ne crois pas qu’il aille me servir pour le moment.

On a marché longuement, je ne sais pas combien de temps, ce n’est pas ça qui est important. Je veux surtout que l’on retrouve nos… nos vivres et tous ce que ces satanés bêtes nous ont piqué. Sloan finit par suggérer une pause, ce que j’approuve d’un grand mouvement de tête. Tout au long de notre parcours, j’ai jeté des coups d’œil constant à Guy afin de m’assurer qu’il n’y arrive pas malheur. Je suis certaine qu’il pourrait mourir en marchant ce mec. Je ne sais pas comment je fais pour le supporter. S’il croit que je ne l’ai pas vu se cogner contre l’arbre, il a tort.

- N’oubliez pas de boire de l’eau. On ne voudrait pas que l’un de vous soit déshydraté ou fasse une insolation. On a assez de problèmes comme ça.

Mes avertissements donnés, je sors une bouteille d’eau que je tends à Guy qui réclame mes genoux pour poser sa tête. Je m’assis à côté de lui, mon sac en sûreté, je le regarde un moment.

- Je sais que tu as reçu un gros coup, mais je ne crois pas que tu vas mourir. Bois un peu avant de te poser, Guy.

Je ne l’ai pas incité à s’installer sur mes jambes et je n’ai pas dit non également. À lui de voir ce qu’il veut faire.  

C'est censé être la veille de Noël. A cette époque de l'année, Nyssa, son frère jumeau et son père se réunissaient pour fêter comme il se devait le réveillon de Noël, si le paternel n'était pas en mission à l'étranger bien entendu. Auquel cas, elle passait la soirée avec son frère et le reste de la famille plus éloignée. Un moment de paix et d'amusement. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'était pas vraiment comme ça que ça se passait: elle était dans une jungle en train de galérer à marquer leur chemin au fur et mesure qu'ils avançaient dans la nature dangereuse. Le temps était désagréable et elle en avait plus qu'assez de cette île où tous le monde semblait y passer les uns après les autres. En plus, il y avait ce fait étrange avec le journal du capitaine qui lui foutait les jetons. Elle ne croyait pas au fantôme mais c'était plus qu'étrange. Malheureusement, elle n'avait plus l'énergie nécessaire de mener la guerre sur les deux fronts. Il fallait mettre un terme à leur problème le plus urgent : éradiquer les bestioles qui leurs pourrissaient la vie. Ils pourraient mener l'enquête sur le journal du capitaine qui s'écrit tout seul après tout ça.

Pour cette expédition, elle avait chargé son sac avec tout ce qu'il fallait et avait prit son arc et son couteau improvisé. Elle avait toujours le fusil de Vilmos avec les munitions à sa ceinture en cas de problème ou danger immédiat. Elle espérait juste ne pas avoir à l'utiliser.

Ils arrivèrent à une sorte de clairière et Sloan proposa de faire une pause, ce qu'elle approuva immédiatement. Autant économiser leurs forces au maximum. Elle remit son couteau dans son sac et sortit une bouteille d'eau. Rationner l'eau devenait de plus en plus dur. Si ils n'était pas secourus dans les jours qui venaient, ils avaient peu de chance de survivre. Après avoir bu quelques gorgées, elle remit sa bouteille dans le sac et alla s'asseoir au pied d'un arbre pour se reposer un peu le dos. Elle ferma les yeux et demanda sans adresser à qui que ce soit en particulier:

"Et si on faisait cramer la forêt pour faire un signal de détresse géant ? Ça ferait comme un feu de bois, pour rappeler un peu Noël. Merde qu'est-ce que je donnerais pas pour un peu de neige."

Cette idée était de plus en plus tentante à mesure que les jours avançaient. Il suffisait de se cacher dans l'épave le temps que le feu meurt et le tour était jouer.

 

Candice avait passé les derniers jours à n’être que l’ombre d’elle-même. Elle s’occupait de Carmilla quand Sloan partait, puis échangeait de rôle pour aller chercher des fruits ou chercher de l’eau à la source qu’ils avaient découvert. Son côté mère poule s’était beaucoup accentué quand elle était avec Carmilla d’ailleurs, elle ne pouvait s’empêcher de s’assurer qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin quand elle était avec elle, et d’autant plus lorsqu’elle revenait de ses cueillettes.

Cependant, Candice faisait ce qu’elle pouvait pour éviter Sloan et se donnait corps et âme à subvenir aux besoins du camp et des préparatifs pour l’expédition. Ses cauchemars se faisaient plus horrible encore que ceux du naufrage, elle voyait sans cesse le petit visage de Mircalla lorsqu’elle sombrait dans le sommeil. Soutenir le regard de son ami lui était trop dur à supporter, elle qui l’avait déçue. Quoiqu’il en soit, le jour de l’expédition arriva bien vite.

Candice a mis plusieurs fruits dans son sac, deux ou trois petites bouteilles qu’elle a rempli à la source la veille, une mini trousse de soin au cas où… et à la main, la machette qu’ils avaient trouvé lors de la découverte de la source. Elle n’est pas très à l’aise avec des couteaux ou des armes improvisées, mais se dit que la machette a au moins l’avantage d’en finir rapidement avec un éventuel agresseur ou ces satanés singes.

Ils avancent maintenant depuis un bon moment maintenant dans la jungle, Sloan en tête de file derrière les éclaireurs, suivi de Nyssa, Max et Guy. Candice ferme la marche avec Paolo, jetant de temps en temps des coups d’œil derrière eux pour s’assurer que les marques qu’ils laissent sont bien visible et que des singes ou des oiseaux n’arrivent pas dans leur dos. Elle a une pensée pour Carmilla et espère qu’elle est sous bonne garde et que les autres au camp subviennent à tous ses besoins.  

Quand Sloan propose de s’arrêter, Paolo va s’installer à quelques mètres de lui et Candice le suit en détournant la tête. Ils avaient discuté tous les deux de la situation, mais elle ne pensait pas qu’il jouerait le médiateur. Candice roule des yeux et s’assoit en tailleur, dépose son sac entre ses jambes et manger la pulpe de l’icaque qu’elle a cueillit en chemin, faisant abstraction des deux autres. Entre deux bouchées, elle s’adresse à Nyssa :

Je ne sais pas si c’est une bonne idée, en se trouvant en pleine jungle, on risquerait de se faire entourer par les flammes, non ?

En observant les autres, elle croise le regard de Max et la remercie de faire penser à boire un peu, sortant alors sa bouteille. Elle en profite pour demander à Guy s’il va bien vu le petit écart de chemin plus tôt :

j’espère que tu ne t’es pas fait trop mal… Tu as mal dormi cette nuit j’imagine ?

De son côté, Sloan prit une gorgée de sa bouteille d'eau toute cabossée par l'usage. Il regardait le reste du groupe, sans rien dire et les lavettes comme Guy ou Candice le désespéraient. Il échangea quelques mots banals avec Paolo, celui-ci espérant encore qu'ils pourront retrouver tous les biens volés intacts. Sloan ne commentait pas ce genre de paroles, il ne promettait rien pour n'être déçu de rien.

La suggestion de Nyssa le fit sourire ironiquement, il pouffa légèrement.

- "Du calme la cowgirl, t'es sûrement du genre à aller en cour martiale dans ton pays mais ici, on va éviter de voter pour la stratégie empirique." dit-il avec arrogance, toisant Nyssa. "On t'a jamais dit que le Père Noël récompensait les gentils enfants seulement ?"

Il se foutait un peu de sa gueule mais cette épaisse jungle l'ennuyait autant qu'elle. Il avait envie de tout cramer aussi. Néanmoins, c'était risqué d'en arriver là. Cela équivalait à la destruction de potentielles ressources, sans parler des retombées toxiques avec la fumée ou les déflagrations qui suivraient. L'expédition était justement la solution pour ne pas en arriver là. D'ailleurs, ils avaient assez traîné comme ça, il était temps de reprendre la marche. Sloan se releva et éleva la voix.

- "Ok tout le monde, la pause est terminée ! Dépêchons-nous de gravir la pente, le soleil va se coucher dans quelques heures à peine."

Alors qu'il remontait son sac sur ses épaules, il s'approcha de Nyssa, à qui il déclara :

- "Toi et moi on va ouvrir la marche. Tu traces les repères puis j'enroulerai la bande."

Il n'avait pas trop confiance en l'endurance de Guy, Max, ou Candice. Il préférait que Paolo veille au suivi des troupes donc il ne restait que Nyssa de suffisamment taillée pour ça.

Sloan savait de quoi il parlait, la pente était bien raide, recouverte d'éboulis humide. S'ils devaient la tenter en pleine nuit, c'était foutu. Il fallait en atteindre le sommet maintenant, pendant qu'ils avaient de la visibilité. La densité de la jungle était impitoyable, contourner la pente ne ferait que les éloigner de leur trajectoire. Tant que ce n'était pas périlleux, ils pouvaient y arriver. Sloan ouvrait désormais la marche avec Nyssa, les deux éclaireurs préférant fermer la marche cette fois-ci.

Tandis qu'il attachait une bande sur un arbre, il put s'apercevoir en tournant la tête que... les deux éclaireurs derrière le groupe avaient disparus. Il s'écria aussitôt.

- "Hé ! Où sont passés les deux gars ?"

Déjà lessivé, Guy se traîne jusqu'aux jambes de Max et pose sa tête sur ses genoux sans demander son reste, où il attend de se faire cajoler. Il ferme même les yeux. Il entend la question de Candice et lui répond simplement.

- Non, pas du tout. Mais j'aurais bien roupillé une heure de plus- fait-il en bâillant bruyamment.

Bien là où il est, Guy ne fait pas attention à ce qui se raconte en arrière-plan. Il est sur le point de repiquer du nez quand la voix macho du mal rasé de Sloan retentit dans sa tête comme un sifflet. Guy se roule à terre pour pivoter puis il se lève lascivement. Il croit halluciner quand il voit la super pente, qu'il jauge d'un regard peu convaincu, inquiet. Mais bon, il y va quand même et suit le groupe sans trop broncher. Contrairement à la plupart, le blond progresse assez lentement et commence sérieusement à galérer quand la pente devient vraiment raide ! Il respire comme un porc essoufflé au bout de 10 mètres.

Soudain, il sursaute à cause de Sloan. Il se retourne par réflexe et voit qu'il manque bien les deux gars... Il avale sa salive et secoue la tête, préférant ne pas envisager ce que beaucoup sont en train de se dire.

- Mais déstresse Sloan, ils sont sûrement juste allé au p'tit coin non ?

Non ? PAS VRAI ?!

Guy est venu se poser sur mes genoux. Il a l’air exténué le pauvre. Finalement, il aurait dû rester tranquillement au campement. Il semble s’endormir tranquillement et j’ai un petit sourire doux aux lèvres, le trouvant mignon. Je passe distraitement une main dans ses cheveux qui sont tout collants et je viens poser un bisou sur son front juste avant qu’il se réveille afin qu’on se remette en route.

La marche reprend rapidement, même si, à vrai dire, je suis un peu fatiguée également. J’essaie de garder un pas rapide afin de ne pas être la dernière et je jette des coups d’œil fréquents derrière moi afin de vérifier que tout va bien plus bas (et veiller sur Guy, comme d’hab.). Après un moment je lève la tête alors que Sloan dit que les deux autres derrières sont plus là.

QUOI !?

Rapidement je fais volte-face, malgré la pente et compagnie, inquiète qu’on ait perdu deux personnes. Guy essaie de se rassurer – et nous rassurer – en disant que les deux gars sont partis pisser.

Perso’, j’y crois pas et j’entends des bruits inquiétants qui viennent d’un peu plus bas. J’essaie de ne pas avoir l’air paniquée et lance à mon ami :

- Allez viens Guy, dis-je rapidement en lui prenant la main. Je n’aime pas trop les bruits qu’on entend.

Ouais, on pourrait penser que Guy est un enfant. Je ne veux pas du tout qu’il se fasse manger par des bestioles qui font deux fois sa taille ou qu’il se fasse attraper par un anaconda. Il y a eu assez de disparus depuis notre arrivée ici.  

- J’pense qu’il faudrait accélérer le pas. S’pas que je veux faire ma chiante, mais on dirait qu’il y a un truc qui nous suit.  

Et ça, je déteste. Je tente de lui donner un coup de main pour la montée, même si, je galère un peu à monter toute seule à la base.

Nyssa ouvrit les yeux et regarda Candice. Est-ce qu'elle pensait vraiment que Nyssa proposait de mettre le feu alors qu'ils étaient encore DANS la jungle? Elle la jugea un peu à cette réflexion et aurait bien répondu quand Sloan se moqua d'elle.

"La cowgirl ? Hey l'amerloque, je te ferais remarquer qu'on fait pas de rodéo là d'où je viens, faudrait revoir ta culture."

Elle ne releva pas la remarque sur le Père Noël, ne voulant pas être encore plus de mauvaise humeur qu'elle ne l'était déjà. Elle avait presque envie de rechigner quand il annonça déjà la fin de la pause mais elle se leva. Dire que chez elle, c'est elle qui donnait des ordres. Elle soupira et se prépara à repartir en reprenant son couteau pour marquer le chemin. Sloan vint près d'elle pour dire:

"Toi et moi on va ouvrir la marche. Tu traces les repères puis j'enroulerai la bande."

"Bien reçu." répondit-elle. Elle aurait pu répondre un simple "ok" mais les habitudes avaient la vie dure.

Elle se mit en route la première vu que faire les marquages demandait un peu de temps en fonction de la surface de l'arbre. Le but était de faire quelque chose de net et non pas un petit coup de rien du tout, facile à perdre dans les marques de l'écorce. Elle se tourna quand elle entendit que les éclaireurs à l'arrière n'étaient plus là.

"P*tain manquait plus que ça." grommela-t-elle. "Et ils se seraient barré sans prévenir?"

"J’pense qu’il faudrait accélérer le pas. S’pas que je veux faire ma chiante, mais on dirait qu’il y a un truc qui nous suit."

"Quoi ?"

Là, elle vit Candice qui semblait vouloir partir pour aller chercher les deux autres.

"On sert les rangs ! C'est pas le moment de s'éloigner les un des autres !"

Candice sourit gentiment à Guy en le voyant bailler mais se dit qu’il devra encore tenir un moment vu la pente qui les attends. Entendre Sloan parler du père Noël lui donne envie de soupirer un peu tristement, voilà encore une chose que Mircalla ne vivrait pas cette année et les suivantes. Elle pensa alors à Carmilla qui se retrouvaient avec des nuls au campement pour la veille de Noël, il fallait qu’elle lui trouve un petit cadeau pour demain. Enfin, s’ils rentraient demain, qui sait combien de temps il leur faudrait pour le retour.

L’hôtesse se relève lorsque Sloan en donne l’ordre, enterrant les noyaux de son fruit dans le sol. Vaut mieux ça que de les jeter, ça donnerait des fruits dans quelques années ! Elle remet son sac sur son dos et part suivre le groupe d’exploration. Deux ou trois fois, Candice glisse et se rattrape à un arbre ou au bras de Paolo. La terre est humide et, avec le dénivelé, une glissade est vite arrivée. Surtout qu’elle n’a définitivement pas des chaussures de marche. Elle peste contre ses semelles trop lisses et fait plus attention pendant la suite de l’escapade, fixant la route devant ses pieds pour éviter de tomber pour de bon.

Hé ! Où sont passés les deux gars ?

Candice fait volte-face et s’aperçoit qu’en effet, les deux derniers ont disparus. Peut-être que comme le disait Guy, ils faisaient une pause-pipi ou qu’ils avaient vu un truc sur le côté, qu’ils les suivaient à quelques mètres dans les fourrées ? Ou alors ils s’étaient arrêtés dedans pour se caliner… Candice avait cru les voir se dévorer des yeux pendant le repas. Les paroles de Max et de Nyssa ne font rien pour la rassurer et elel se dit qu’elle devrait ptete aller un peu en arrière pour aller voir s’ils vont bien, mais à peine le dos tourné, Nyssa la rappelle à l’ordre.

Alors on les laisse derrière avec ce truc qui grogne là ? Candice soupire et se remet dans le rang Oui bah… vaut mieux eux que nous j'imagine...

Elle s’insère dans le ploton et se rapproche de Sloan. Même s’ils sont en froid, c’est peut-être bien le seul à qui elle confierait sa vie, vu qu’ils avaient vécu le naufrage ensemble et qu’elle le connaissait depuis plus longtemps que les autres. Un cri derrière elle se fait entendre depuis les fourrées et elle sursaute en faisant volte-face.

Et si on… on se dépéchait ?

Nyssa fronça les sourcils à la réplique de Candice. Si ils se sont éloignés, c'est leur problème pas celui des autres. Si on s'éloigne, on prévient, on ne part pas de son côté. Et puis, elle n'avait aucune envie de rester ici avec des grognements suspect. Alors qu'ils allaient reprendre la marche, un des éclaireurs surgit derrière eux en gueulant que Michel s'était fait bouffer par un caïman et il criait qu'ils devaient courir.

"PERSONNE NE COURT!!! On accélère le pas ! Restez groupés !" cria Nyssa d'une voix autoritaire.

Si ils commençaient à paniquer, ils avaient peu de chance de survivre à cette expédition. Le temps que le caïman mange Michel, ils avaient le temps de s'éloigner suffisamment pour se mettre en sécurité plus haut sur la pente.

"Je vous jure que celui qui s'éloigne, je le sers en pâture au caïman !"

Elle se remit en route en accélérant le pas. Si les autres ne l'écoutait pas ou ne la suivait, ça ne changeait rien pour elle, elle atteindrait son objectif coûte que coûte. Si ils décidaient de partir dans tous les sens, ça serait leur problème. Elle n'avait que faire des déserteurs.  

La disparition des deux gars n'était pas bon signe, encore moins que voilà l'un des deux qui revint en haleine pour dire que son pote Michel se faisait bouloter par un caïman. Il y en avait sûrement plusieurs dans les environs.

- "Au p'tit coin, mon cul ouais." rétorqua-t-il avec sarcasmes à Guy.

Nyssa haussa le ton pour calmer les miches des chochottes qui étaient prêtes à courir dans tous les sens. Sloan gardait son sang-froid, observant plutôt les alentours proches puis il suivit le mouvement de groupe, grimpant la pente. Même dans la précipitation, il devait s'affairer à au moins marquer les arbres pour garder des repères au retour. Attacher les bandes prenait trop de temps alors il se contentait de ça. 

La pente devenait assez raide au bout, il leur fallait quasiment escalader en se courbant. Rien d'insurmontable cela dit. Sloan grimpa assez vite, usant de branches et d'agilité pour se hisser au sommet. Une fois sécurisé, il tendait sa main derrière lui pour aider ceux qui en avaient besoin à remonter.

Ça allait quand même bien, enfin jusqu’à en ce qu’on entende un mec gueuler et l’autre éclaireur sortir de nulle part en mode : coucou on faisait les cons et l’autre s’est fait bouffer. Je ne l’ai pas dit à voix haute, mais c’était bien fait pour lui. Genre, s’quoi cette idée de sortir du semblant de sentier qu’on forme et se faire bouffer en pissant.

Ouais bon, ça me fait chier qu’il soit mort. Il était con, mais gentil Michel, un peu comme Guy quoi.  Son copain, Pierre était complètement paniqué et a dit de se mettre à courir. Évidemment, en le disant il l’a fait. Sauf qu’il n’a pas vu que j’étais sur son chemin. En rejoignant l’avant du groupe, il va vouloir que Sloan et Nyssa le protège, il m’a fortement poussé, me faisant culbuter quelques mètres plus bas dans la pente…

…
…..

IL VA ME LE PAYER CE PETIT...

Péniblement, j’ai quand même un peu mal après cette chute, mais rien de fatal.  J’ai juste une immense colère qui m’envahi. Je ne peux pas m’empêcher de la verbaliser.

- Mec ! S’quoi ton problème !? T’a pas entendu, quand elle a dit de pas courir !

Visiblement non. Purée. ‘Faut que je me dépêche à tout remonter. En plus la pente est abrupte la monter une deuxième fois me met encore plus en colère. Je lâche un second grognement avant de me mettre en route, tentant de faire de longues enjambées pour me bouger le cul le plus rapidement possible.

- Merde ! ‘Fais chier ! Restez avec les autres, je vais vous rattraper.

Le premier qui vient me rejoindre pour me donner un coup de main, c’est sûr que je le démonte. Je m’arrête un micro instant, juste pour voir qu’il n’y a pas de caïman autour de moi. Mais il y a du mouvement dans la verdure environnante…  

… J’aurais dû rester couchée.

Le cri se fait de plus en plus intense et, quand Pierre sort des fourrées avec des projections de sang sur les vêtements, Candice écarquille les yeux, horrifiée par cette vue et par les paroles qui sortent de sa bouche. Michel était surement entrain d’agoniser et de se faire dévorer, alors il n’y avait plus rien à faire, plus d’espoir de le sauver.

Elle s’apprête à courir pour sa vie, mais est vite arrêtée dans son élan par la voix implacable de Nyssa, qui sonne comme un ordre de la cour martiale.

Mais…

Ne faut-il pas se sauver ? Candice se ravise aussitôt en observant les autres. Le sacrifice de Michel leur faisait gagner du temps, même si elle s’en voulait de ne le laisser ainsi sans abréger ses souffrances. Ses gémissements de douleurs leurs parvenaient encore au loin.

Courir dans cette montée s’avère dangereux à vrai dire. Ils avançaient non sans s’essouffler quand Max trébucha par la faute de Pierre. L’hôtesse se tourne pour faire quelques pas en arrière et aller l’aider mais la blonde fait comprendre à Candice, avec un mélange de colère et de tristesse dans la voix, qu’elle doit continuer à avancer et qu’elle va s’en sortir toute seule.

Ils continuent d’avancer ainsi pendant trente bonnes minutes quand ils arrivent au pied du volcan. Candice jette un œil autour d’eux en marchant sur les pas de Sloan et pose sa main sur son épaule pour l’arrêter en pointant un objet brillant près de la roche :

Ce… Ce ne serait pas ta flasque, Sloan ?

Évidemment, toujours les mêmes boulets qui faisaient des scènes à l'arrière. Sloan n'y prêtait pas attention, il observait les environs. Le danger semblait être écarté pour l'instant et les terres volcaniques n'étaient guère plus très loin. Soudain, Candice l'attrapa pour attirer son attention. Cela faisait des jours qu'ils ne s'étaient pas parlé, depuis le décès de Mircalla, c'était assez difficile de placer un mot sans gros blancs. Il repoussa sa main en ramenant son épaule en avant, assez sèchement. 

- "Ouais, on dirait..." dit-il, ramassant l'objet qu'il secoua brièvement. "Mais y'a plus rien dedans, hmm."

Il était déçu mais c'était la preuve qu'ils approchaient du but alors les nouvelles n'étaient pas si mauvaises.

- "Vous voyez autre chose dans le coin ?" demanda-t-il au groupe. 

Il fallait peut-être commencer à chercher. Néanmoins, l'endroit était très découvert, la jungle se stoppait au pied du volcan. Où ces saletés de bestioles se cachaient elles ?

Pris de panique, Guy suit le mouvement général mais, bizarrement, il ne s'affole pas. Il est incrédule en fait. Pourtant, il entend les cris de douleurs de Michel, les supplications qu'il hurle pour que quelqu'un aille le sauver - et ça le tue de l'intérieur -. Pauvre gars, quoi. Guy prend sur lui et décide d'avancer... mais bon, on voit à sa tronche qu'il en est malade.

Le blond se fait étonnamment discret, le visage blême et le regard incertain. Il grimpe tant bien que mal, attrapant la main de Sloan pour se hisser. Il se retourne quand il entend Max se plaindre et s'en va la rejoindre immédiatement pour l'aider. C'est qu'il s'en fiche un peu de subir son courroux, il veut surtout qu'elle soit en sécurité.

- Max, attrape ma main. dit-il d'un ton encourageant. Et là, il voit que sa main tremble pendant qu'il la lui tend. Il se ravise aussitôt pour faire cesser la tremblote, en espérant que Max n'a rien vu. Il se rend compte que le danger est vraiment là, c'est pas juste une randonnée. Les jours paisibles au camp semblent loin.

La question de Sloan le tire de ses pensées. Il regarde autour de lui et remarque une fourchette en plastique qu'il ramasse en la zyeutant avec curiosité. Il se déclare du coup.

- J'ai trouvé une fourchette par ici !

Nyssa essaya de faire abstraction des bruits qui l'entouraient en se focalisant sur son objectif : monter cette saleté de pente. Elle y arriva la première, suivie de près par Sloan. En voyant qu'il aidait les autres à finir de grimper, elle s'éloigna pour inspecter les environs près du volcan.

Sur le chemin, elle voyait quelques objets qui trainaient par ci par là. Ils n'étaient pas loin ces saletés de singes ou les oiseaux mais elle ne voyait pas ce que des piafs feraient au pied du volcan en dehors des arbres.

De plus en plus près de la paroi, elle remarqua quelque chose qu'elle s'empressa de signaler aux autres:

"Hey les gars ! Je crois qu'il y a une ouverture par ici. Les singes sont peut-être dans une grotte ?"

Y’a vraiment que Guy qui peut faire le con et me donner un coup de main. Genre c’est le seul qui se retourne pour venir un coup de main. Je lui lance un regard meurtrier. Mais quand je vois sa main tendue, tremblante, son visage blême, mes traits s’adoucissent, bien malgré moi. Il m’encourage à poursuivre la route avec lui et même s’il retire sa main. J’ai le cœur brisé en le voyant. Bon, c’est sûr que je ne lui dirais pas. Une fois que j’ai monté un peu plus et que je suis à sa hauteur, je lui prends tout de même la main, afin de poursuivre le voyage avec lui.

Et y’a pas moyen qu’il la retire, hein ! Mine de rien ça me réconforte et eum… ça doit être la même chose pour lui. Je garde sa main, évitant tout de même de le regarder, je ne voudrais pas qu’il voit ma tronche boudeuse. J’avance rapidement, mais faisant tout de même attention à garder de rythme de Guy. Après un moment, on a réussi à rejoindre le groupe et après un certain moment et Sloan finit demander si on voit des trucs autour de nous. Candice avait trouvé un truc. Guy semble repérer un objet et je lui lâche la main afin qu’il récupère une fourchette en plastique. Je dois admettre que j’aurais bien aimé qu’il trouve quelque chose d’un peu plus… glorieux, mais ça confirme que nous sommes sur la bonne voie et c’est assez rassurant…

‘Fin s’il n’y a pas d’autres caïmans.  

Je fais tout de même un petit sourire à Guy, question de lui montrer qu’il n’est pas si inutile que ça et que je suis quand même contente qu’il ait trouvé quelque chose. Pour ma part, je vois une serviette de plage perchée dans un arbre. Je trouve ça inutile de leur dire que j’ai trouvé quelque chose. Y’a des objets un peu partout, donc.

Nyssa nous dit également qu’il y a peut-être une ouverture, une grotte. J’ignore si aller y jeter un coup d’œil est une bonne idée honnêtement. Bon, on est ici pour aller chercher nos effets, donc se serait logique. Mais peut-être qu’il y a autre chose qui peut être intéressant aux alentours… Non ?

- Mmh… Peut-être qu’on pourrait regarder aux alentours voir s’il n’y a pas autre chose avant de s’y aventurer… Candice, est-ce que tu vois quelque chose, demandai-je, soucieuse.

Quand il se dégage de sa main, Candice laisse mollement retomber son bras en baissant la tête, se disant que c’était peut-être encore trop tôt. Elle est un peu déçue de l’échec de cette tentative d’approche, mais elle ne lui en veut pas. Après tout, comment pouvait-elle lui en vouloir de rester froid et sec avec elle, alors que tout s’était passé en sa présence et qu’elle n’avait rien vu venir…

Candice se mord la lèvre et laisse Sloan inspecter la dite flasque, s’éloignant de quelques pas pour s’approcher de la paroi du volcan, qu’elle touche du bout des doigts. Elle lève la tête à s’en renverser la nuque pour observer le sommet, laissant ses pensées divaguer à la puissance que contenait cette montagne de lave en sommeil, une montagne de lave qui pouvait tous les tuer si ce volcan se réveillait, ainsi, tous leurs problèmes seraient réglé. Elle se demande alors si elle ne ferait pas mieux d’en finir, d’arrêter d’être un poids pour les autres, un poids pour elle-même…

Elle sort de ses pensées quand Guy s’exclame pour une maudite fourchette, suivi par Nyssa qui l’avait accompagnée pour se rapprocher du volcan, à la différence que celle-ci en parcoure la longueur. Elle la rejoint pour faire face à l’ouverture en question et sent de l’air s’y infiltrer. Elle remarque que l’ouverture est assez étroite, mais peut-être qu’il y en a d’autres plus grandes ailleurs dans la paroi. Après tout, certaines personnes du campement avaient parlé de grottes mais aucun d’entre eux ne les avaient pris au sérieux, pas même Candice. Elle se concentre dans l’observation de cette fente et se dit qu’avec sa silhouette menue et fine, peut-être qu’elle pourrait passer… mais est-ce que tout le monde passerait ?

Candice tourne la tête, un peu songeuse quand Max l’interpelle.

Hm ? Euh non, c’est vraiment sombre là-dedans et je ne sais pas si tout le monde pourrait passer… Peut-être qu’on peut faire le tour et trouver une autre entrée ?

Et c’est alors qu’elle entend des petits bruits provenir de celle-ci. Elle pense d’abord avoir une hallucination, peut-être que ça vient de derrière elle et qu’elle n’a pas fait attention. Ce serait plus logique que ça vienne de la jungle après tout… mais qui sait. Elle s’attend à tout sur cette île alors, profitant que  les autres explorent et que Nyssa ait le dos tourné pour éviter de se faire arrêter, elle penche la tête par la pseudo-ouverture et s’y engouffre complètement en se contorsionnant.