Des nouvelles du front [ft. Ariadna]

Comment avaient-ils pu en arriver là? Céleste se le demandait, alors qu’il considérait la carte de Londres et ses différents quartiers, peu à peu grugés par l’avancé des troupes infernales. Quant au moral de leur propre troupe, eh bien, disons qu’elles bénéficieraient bien d’un encouragement, ou mieux, d’une victoire. N’importe quoi vraiment, pour que cesse les rumeurs.

Apparement, certains anges auraient entendu parler d’un kidnapping, réalisé par un démon. Dans quel but? Pour l’instant, impossible de savoir. Céleste et les autres commandants n’avaient pas reçu de lettre de menace ou de demande de rançon de la part de qui que se soit. Voilà pourquoi Céleste soupçonnait que ce kidnapping n’avait en fait jamais eu lieu, et qu’il s’agissait plutôt d’une ruse d’un démon afin de faire souffler un vent de panique chez les anges.

Dans l’un ou l’autre de ces scénarios, Céleste avait besoin d’en savoir plus. Ainsi, il avait convoqué l’une de leur meilleur atout.

Ariadna était une soldate exemplaire, et Céleste savait qu’il pouvait lui faire entièrement confiance. Enfin… c’est ce qui était écrit dans son dossier. Il ne pouvait pas connaître tous ceux et celles qui combattaient les démons, il y en avait trop. Voilà pourquoi Céleste préférait d'abord lire les dossiers des anges qui allaient rencontrer. Son supérieur avait recommandé Ariadna, en précisant qu'elle était très dévouée. Son dossier faisait également mention d’une certaine force de caractère. Pas idéal, mais il faut faire avec ce qu’on a. De toute manière, celui ou celle qui rédigeait ces dossiers pouvaient se tromper. Après tout, son propre dossier faisait également mention d’un caractère bien trempé…

Ce qui ne pouvait pas être plus faux.

Il lui avait donné rendez-vous ici, au quartier général des forces angéliques. L’endroit était d’une sobriété classique, et d’une propreté si parfaite qu’un chirurgien aurait pu procéder à une opération directement sur la table, s’il n’y avait pas eu la carte de Londres. Celle-ci représentait la ville en temps réelle, en vue aérienne : l’avantage d’avoir toujours quelqu’un en poste sur les nuages. Ils ne pouvaient pas tout voir, évidemment, mais une bonne partie de la ville.

Lorsque la soldate arriva, Céleste était toujours penché sur la carte, l’air pensif. Il n’en détacha les yeux qu’au moment où il aperçu sa consœur.

Bonjour Ariadna, dit-il en s’éloignant de la table pour aller à sa rencontre. Merci d’être venue.

Il lui fit signe d’approcher de la carte. En rouge était englobé les quartiers que contrôlaient les démons, et en bleu, les quartiers contrôlés par les anges. En un coup d’oeil, il était clair que la carte se mettait à rougir de plus en plus.

Dites-moi, vous avez entendu les rumeurs n’est-ce pas? Quelqu’un parmi nos rang se serait fait enlever par un démon. En savez-vous quelque chose?

Fatiguée. Je suis épuisée psychologiquement. J'ai récupéré complétement des petits problèmes de la tour. La nouvelle du kidnapping avait déjà fait le tour de plusieurs anges, rappel constant de mon échec. Quoique peut-on vraiment qualifié d'échec des choses qu'on ne contrôle pas? Comment j'aurais pu sauver quelqu'un qui ne voulait pas être sauver? Comment avec tous le sang que j'avais perdu, toute l'énergie que j'avais dépensé, aurais-je pu me battre correctement? Bref, inutile de revenir sur des batailles perdues. Je ne peux m'empêcher d'être nerveuse à l'approche de ma convocation par un des commandant. Qu'est-ce qu'il veut? Depuis l'incident avec Casiopée, je me méfie comme de la peste de toute figure d'autorité. Surtout après le fiasco de la tour. Je n'ai pas fait de rapport en revenant de chez Kali. Les anges survivants à l'embuscade ont déjà fait leur témoignage, m'évitant de le faire. J'avais fait profil bas depuis, en essayant de soigner mon orgueil blessé.

Nerveuse, je ne tiens pas en place et fait les cents pas en attendant le moment du rendez-vous. Au moment fatidique, je réajuste ma robe une dixième fois. Si Cassie me voyait, elle se moquerait de mon anxiété ou alors elle réussirait à me rassurer ou même un mélange des deux. Comment je faisais avant? Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas été seule que je ne sais plus ce que c'est. Bref, allons-y.

Dès que j'arrive dans la salle, je me dirige vers le commandant.

"Bonjour et c'est normal."

J'approche de la carte pour l'observer. Il y avait trop de rouge à mon goût et cela signifiait plus de batailles pour gagner du territoire. Un léger soupir m'échappe et écoute ce que dit Céleste.


"Dites-moi, vous avez entendu les rumeurs n’est-ce pas? Quelqu’un parmi nos rang se serait fait enlever par un démon. En savez-vous quelque chose?"

Je me fige quelques secondes avant de reprendre un peu de contenance. Voilà le moment que je redoutais un peu.

"Oui. J'étais là quand c'est arrivé, malheureusement."

Nouveau soupir et là, je me tourne vers le commandant.

"Après avoir échapper à une embuscade tendue par des démons, j'ai réussi à m'échapper et trouver refuge dans une tour en ruine. Deux autres anges étaient présents. Alors que j'avais perdu connaissance à cause de la perte de sang et l'épuisement, un démon est apparu. Il a prit en otage un des anges et a réussi à s'échapper en faisant s’effondrer le plafond. A cause de l'éboulement, nous n'avons pas pu le récupérer..."

Je sers les poings en repensant à la façon dont Volac c'était enfuit.

"Je ne connais pas l'identité de l'ange mais le kidnappeur était le démon Volac."

Elle était là quand c’était arrivé! Céleste regarda Ariadna d’un air étonné. Eh bien, c’était une chance qu’elle soit là alors. Depuis trop longtemps que cette rumeur était présente chez les anges, il était temps d’y mettre un terme et aller au fond des choses pour savoir si cette histoire était vrai ou pas.

Attentif, Céleste écouta le récit de la soldate blonde, qui décrivit d’abord l’embuscade tendue par des démons. Céleste ne pouvait pas être surpris. L’attaque surprise était bel et bien un classique, chez les démons. Voilà pourquoi il fallait toujours être préparé à tout quand on doit faire une sortie en ville.

Ariadna continua, en expliquant qu’elle avait pu se réfugier dans une tour en ruine avec deux autres anges. Au moment où elle avait perdu connaissance, un démon était apparu pour kidnapper l’un des leurs, avant de faire s’effrondrer le plafond de la tour.

Céleste serra les dents. Il aurait préféré, et de loin, que tout cela ne soit qu’une rumeur. Ariadna lui confirmait pourtant le contraire.

Un des nôtres. Enlevé. Par cette ordure de Volac, répéta-il avec un profond dégoût.

Volac était du genre connu parmis les anges. Céleste ne l’avait jamais vu en personne, mais il était clair que ce démon-là n’était pas à prendre à la légère. S’il avait kidnappé un de leurs anges, ce n’était certainement pas pour prendre l’apéro…

Céleste poussa un soupir de découragement, et regarda Ariadna.

J’espère que vous ne vous tenez pas responsable de ce qui est arrivé. L’important est que vous soyez en vie, et que l’on continue de se battre. Nous n’allons pas en rester là. Cet ange n’est peut-être pas important, mais il ne faut surtout pas qu’il parle. Il pourrait dévoiler certaines choses à nos ennemis. On doit le récupérer, par tous les moyens, dit-il avec aplomb.

Posant les mains à plat sur la carte, Céleste réfléchit à un plan d’action possible. Il ne pouvait pas laisser l’un des leurs entre les griffes de Volac. Mais maintenant, il était certainement déjà terré quelque part, chez les démons. Aucun de ses supérieurs, ni des commandants n’avaient jamais trouvé leur repaire. Peut-être ne le trouveraient-ils jamais. En attendant, ils feraient tout leur possible, même si ce n’était pas grand chose.

Où était cette tour où vous vous êtes réfugiez? Demanda-t-il en désignant la carte. Et qui vous a sortit de cet éboulement? L’autre ange qui était avec vous?

Ma voix était amère le temps que je finisse mon récit. Quand je repense à mon coup manqué, ça me mets en colère. Et puis me reviennent les propos de l'ange. Je reste convaincue qu'il était une cause perdue à accepter son destin sans se battre pour survivre, un suicidaire comme j'en avais vu beaucoup sur le champ de bataille. Ce qui n'en demeurait pas moins frustrant. J'ai l'impression que le commandant essaye de me rassurer en disant que ce n'est moi la responsable de ce qui est arrivé mais ses paroles n'ont que très peu d'effet sur ma culpabilité.

"On doit le récupérer, par tous les moyens."

J'approuve d'un signe de tête, même si je n'ai aucune idée de la façon on va accomplir ce petit miracle. Ils sont certainement dans le camp des démons à l'heure où on parle. Je ne vois pas la solution. A moins de tenter une mission d'infiltration et d'extraction. Est-ce que ça valait la peine et les risques? Certes il pouvait leur donner des informations sur notre camp mais est-ce qu'il serait encore vivant?

Mes pensées sont interrompues quand Céleste reprends la parole. La première question était facile à répondre par contre l'autre... c'est celle que je craignais par dessus tout. Est-ce que je peux lui faire confiance et lui dire ? Est-ce qu'il ne va pas s'empresser de voler chez Kali pour le tuer? Est-ce que je peux vraiment donner cette information alors qu'il nous a sauvé? D'un autre côté, je ne me vois pas mentir à un supérieur et quelqu'un de ma propre race... Quel choix délicat... Je m'approche de la carte et désigne le quartier où l'embuscade a eu lieu.

"Ici, c'est là où l'attaque a eu lieu."

Je montre le chemin jusqu'à la tour du bout des doigts.

"Et là, c'est la tour en ruine. On ne peut pas la manquer, elle se démarque du paysage de par sa taille."

Prenant mon courage à deux mains, j'ajoute avec le moins de détails possibles:

"Pour ce qui est du reste... Non, ce n'est pas l'autre ange mais un renégat... il nous a évacuer de la tour et amener à l’abri pour nous soigner et veiller sur nous le temps qu'on récupère."

Maintenant, je suis sur mes gardes, je ne sais pas comment il va réagir à ce que je viens de dire. Les ordres sont clair: l'ennemi doit être exterminé sans sommation. Et c'est quelque chose que je n'ai pas fait. J'ai peur des conséquences.

Céleste suivi le chemin qu’avait effectué Ariadna, alors qu’elle dessinait son parcours du bout des doigts, jusqu’à la tour en ruine. Drôle d’endroit pour une embuscade, la tour étant visible depuis n’importe quel endroit de la ville. Peu importe, il n’allait pas commencé à tenter de comprendre ce qui se passait dans la tête des démons tel que Volac.

Finalement, Ariadna expliqua qu’un renégat l’avait emmené à l’abri, elle et l’autre ange encore inconnu à l’abri pour les soigner. Céleste garda ses yeux sur la carte, anticipant le reste des explications.

… Celles-ci ne vinrent pas.

Céleste détacha ses yeux bleus de la carte pour regarder Ariadna. Ça ne pouvait pas être tout ce qu’elle savait, si? Pourtant, l’ange ne dit rien de plus. Céleste plissa les yeux, l’air septique, ceux-ci semblable à deux fentes bleus sur son visage. Il fixa Ariadna quelques secondes. Appuyant ses mains à plats sur la carte, Céleste se pencha vers l’avant.

Écoutez moi bien, soldat, dit-il en alourdissant visiblement son dernier mot, renforçant ainsi son propre grade. Je vous rappelles qu’il y a la vie d’un ange en jeu ici. Si vous cacher des informations à un supérieur, je peux vous assurez que ça ira dans votre dossier, et il n’est déjà pas très reluisant.

D’un geste du bras, Céleste désigna le dossier derrière lui, posé sur un table. Certes, ce n’était pas très diplomate de sa part de faire ce genre de menace, mais en temps de guerre, il en avait parfaitement le droit. Céleste inspira par le nez, et se redressa.

Je vous ai fait venir parce que vous êtes quelqu’un de capable et l’un de nos meilleurs soldats. En plus, vous me dites que vous étiez là au moment des faits, alors j’ai besoin de précision. Je veux le nom de l’ange avec qui vous étiez, celui de ce renégat qui vous a sauvés, je veux connaître l’endroit de son abri, et je veux savoir si c’est un renégat de notre camp ou du camp ennemi.

Voilà, il ne pouvait pas être plus clair. Ce renégat avait de l’importance, car il avait peut-être vu quelque chose que les autres avaient manqué.

Je ne sais pas pourquoi mais je pense que je n'aurais pas dû arrêter de parler et aurait dû donner plus détails à comment on était sorties de là. Le soucis est que je commence à paniquer. J'essaie de ne pas le montrer mais ça devient de plus en plus difficile, surtout quand Céleste reporte son regard sur moi. Mes mains se mettent à trembler quand il insiste sur le mot soldat. Pour éviter que cela ne voit trop, j'agrippe le tissus de ma robe, au niveau de mes mains, pour le serrer entre mes doigts. Il mentionne mon dossier et le désigna d'un geste. Il n'est pas si catastrophique que ça si? Hormis l'état catastrophique dans lequel j'étais lors du meurtre de Cassie et même encore maintenant, je n'ai rien fait de répréhensible. En tout cas, pas que je sache. Il y a peut-être eu une ou deux plaintes quand je faisais de l'excès de zèle aux entrainements ? Si retrouve celui qui a cafardé, il va passer un sale quart d'heure.

J'ai envie de fuir. J'ai honte mais c'est plus fort que moi. Pendant qu'il me demandait les informations qu'il voulait, j'ai baissé les yeux pour fixer mes bottes. Je n'ai pas envie de répondre mais je vais être obligée de le faire. Je ne peux pas ne pas désobéir à un commandant, c'est comme ça que je suis formatée. C'est pour cela que j'ai refusé pendant toutes ses années de déserter comme le suggérait ma défunte amie. Même après qu'elle soit devenue poussière, je ne pouvais pas désobéir à un ordre sur le champ de bataille. D'ailleurs, je préférerais être sur le champ de bataille à affronter une horde de démon plutôt qu'être dans cette pièce aseptisée.

"Je..."

Entendre ma voix trembler de la sorte me donne envie de me baffer pour me ressaisir. Je suis désolée Estelle, je suis désolée Kali. Je pensais pouvoir mentir pour vous protéger mais ce n'est pas dans ma nature. D'une voix plus sûre mais toujours en évitant de regarder Céleste, je reprends:

"L'ange est Estelle, la soigneuse. Le renégat s'appelle Kali."

Je regarde la carte et pointe du doigt l'endroit dans la ville où est situé la planque.

"C'était là-bas. Et..."

Je m'interromps encore une fois et prends une décision, si je dois périr après avoir dit ce que j'ai à dire, autant affronter la mort en face. Je respire un grand coup et me tourne vers Céleste pour le regarder droit dans les yeux.

"C'est un déserteur démon."

Céleste attendit une réponse de la part d’Ariadna, les poings sur les hanches, ne la quittant pas des yeux tandis qu’elle évitait son regard. Il l’avait effrayé? Était-ce pour cela que les détails de l’affaire tardaient à venir? Alors qu’elle dévoila finalement ses informations, Céleste eut la surprise désagréable de voir que c’était peut-être le cas. Eh bien, quelle belle réputation j’ai, se dit-il.

Avec les précisions enfin apportées les choses s’éclaircissaient. En entendant le nom d’Estelle, ses yeux roulèrent dans ses orbites. Dire qu’elle avait été une soldate aussi compétente qu’Ariadna. C’était presque décevant de la voir simple soigneuse. Au moins maintenant, il savait pourquoi trois anges n’étaient pas venu à bout d’un seul démon…

Le nom qu’Ariadna donna au renégat ne lui disait rien. Probablement un déserteur ennemi, ce que l’ange aux cheveux blonds confirma plus tard. « Kali », ça ne fait pas très angélique. Quant à l’endroit de sa planque, ce qu’Ariadna pu lui donner comme information fut amplement suffisant, et beaucoup plus précis que ce à quoi il s’attendait.

Rendant à Ariadna son regard, Céleste hocha la tête.

Bien.

Céleste traça un cercle sur la carte avec son doigt. Un petit halo doré apparu pour encercler la zone désignée.

J’essaierais de le retrouver et je lui proposerais un marché. Il pourra peut-être nous donner des informations utile concernant le kidnapping, ou autre chose… Je préfère amplement les déserteurs démons aux anges déchus. Au moins, on peut dire qu’en quittant les démons, ils sont déjà sur le chemin de la rédemption.

Ça ne voulait pas dire que leurs intentions étaient meilleures en désertant le camp de leurs ennemis, mais Céleste voyait cela d’un bon oeil. Vaincre la corruption démoniaque n’est pas chose facile.

Céleste regarda à nouveau Ariadna. Elle avait bien failli ne rien lui dire… Et il se demandait bien pourquoi. C’est certain qu’il n’avait pas un tempérament très affable. Pas depuis que la famille qu’il avait protégé s’était éteinte. Si Ariadna l’avait connu avant la guerre, elle aurait trouvé un homme souriant et chaleureux, avec un coeur en or. Mais l’ange gardien était devenu l’ange tueur de démon, et n’avait plus sourit depuis.

N’ayant aucune véritable raison de la retenir plus longtemps ici, et voyant qu’il l’avait mis mal à l’aise, Céleste n’eut plus qu’une question à lui poser.

… Pourquoi n’avez-vous pas répondu franchement la première fois? Vous ne me faites pas confiance? Demanda-t-il, sincèrement curieux, sans un ton de reproche.

Alors que j'imaginais toutes sortes de scénarios catastrophe à la suite de ma déclaration, il ne se passa rien. Il se contenta d'hocher la tête et dire "bien". Bien? C'est tout? Je viens de dire qu'on a fraternisé avec un démon et il réponds juste bien? Euh... Il continue de parler en disant qu'il va essayer de le retrouver et lui proposer un marché. J'écoute à moitié le reste de ses paroles, immensément soulagée d'avoir échappé à l'exécution. J'appuie une main sur la table pour m'empêcher de trébucher. J'ai dû mal à me remettre. Il me faut quelques secondes pour reprendre de la contenance et un visage plus ou moins neutre.

"… Pourquoi n’avez-vous pas répondu franchement la première fois? Vous ne me faites pas confiance?"

Et cette question, je ne l'avais pas vu venir non plus. Je ne sais pas trop où me mettre. J'hésite à le dire. Il a lu mon dossier non? Peut-être qu'il n'y a pas de détails dedans? Après tout, il n'y a pas de raison que la mention 'a une peur bleue des figures d'autorités' apparaisse dedans. Je me racle la gorge et réponds du mieux que je peux.

"Ce n'est pas ça... c'est juste que..."

De nouveau, j'évite son regard et baisse les yeux pour fixer le sol.

"J'avais peur des conséquences sur mon amie et celui qui nous a sauvé... et puis... ne doit-on pas tuer l'ennemi quoiqu'il arrive? J'ai failli à mon devoir... non?"

Mais qu'est-ce que tu viens de dire Ria?! C'est bien, je viens juste de rappeler que je n'ai pas exécuté les ordres. Bravo.

La pauvre avait l’air terrifiée. Céleste ne se doutait pas que ce «traumatisme» mentionné dans son dossier était si fort. En fait, il l’avait plutôt vu comme un avantage. Si elle avait peur de l’autorité, Céleste s’était dit qu’il aurait les réponses qu’il voulait. Au bout du compte, il les avait eu, à l’aide d’un petit coup de fouet mental cependant.[/size]

Cependant, Céleste tenu à la rassurer sur ses inquiétudes à propos d’Estelle et de ce Kali.


Vous n’avez pas failli à votre devoir. Un déserteur démon n’est pas une menace. À vrai dire, un ange déchu nous est bien plus dangereux qu’un déserteur venu de l’autre camp, expliqua-t-il en joignant les mains. Du moment qu’il ne cherche pas à nuire, je n’y vois pas de problème. En fait, s’il vous a aider, c’est sans doute une bonne chose.

Si un ancien démon acceptait d’aider deux anges inconnus, c’est qu’il n’était pas hostile envers eux, ça allait de soi. 


Je tenterai de le retrouver, mais à moins qu’il ne m’attaque le premier, je ne lui ferai aucun mal, vous avez ma parole.

La parole sacrée d’un ange était une certitude. Le mensonge et le duplicité était une affaire démoniaque après tout. Lorsque Céleste donnait sa parole, il la respectait.


Quant à Estelle, eh bien… je lui parlerai. Ses talents de guérisseuse sont utiles, mais il ne faudrait pas qu’elle devienne un fardeau, dit-il, l’air grave. Vous pouvez disposer, soldate. Je vous remercie de votre collaboration.

Ah oui? C'est vrai qu'un ange qui a déserté est plus dangereux vu les informations qu'ils ont avec eux. D'ailleurs, c'est pour ça que la situation est aussi critique avec Dreniel. Et on y gagnerait à ce que Kali nous aide.

"Je tenterai de le retrouver, mais à moins qu’il ne m’attaque le premier, je ne lui ferai aucun mal, vous avez ma parole."

Je ne cache pas mon soupir de soulagement. Il parle d'Estelle ensuite et je ne comprends pas pourquoi il dit qu'elle peut devenir un fardeau. Peut-être il parle du fait qu'elle n'est pas capable de se battre? Il est vrai que ça peut devenir un problème mais si elle reste en dehors du front... Je ne fais pas prier quand il me congédie. J'hoche la tête avant de dire:

"C'est normal"

Je le salue et m'empresse de sortir de la pièce. Je dois aller faire un tour pour me changer les idées et évacuer tout le stress inutile de ce debrief...