Les phénomènes étranges ne finissent pas d'apparaitre depuis plusieurs jours. Les combats sur les champs de bataille en sont d'autant plus dangereux. Pas plus tard que ce matin, un démon est parti en colonne de flamme à quelques pas de moi. Cette maladie étrange est effrayante, on ne sait pas ce qui enclenche le processus. N'importe qui peut être toucher, ange comme démon, et on ne connait pas la cause. Des combats ont lieu de nuit mais ce n'est pas la solution de mon point de vue. Il faudrait trouver la source du problème. Cette maladie me fait penser à quelque chose que j'avais lu dans des écrits humains sur des "vampires". Certes, cela nous débarrasse des ennemis mais les pertes dans nos rangs sont tragiques.
J'entre en trombe dans une des infirmeries. Un ange dont je ne connais pas le nom s'est effondré juste à côté de moi dans la rue. Personne n'était à l'horizon, alors j'ai passé son bras par dessus mon épaule pour l'aider à marcher jusqu'aux soigneurs. Par chance, c'était juste à côté et c'était aussi ma destination d'origine. Je voulais voir Estelle pour m'assurer qu'elle allait bien avec tout ça. Les soigneurs étaient souvent les premiers touchés après les patients.
"Encore un malade! Aidez-moi s'il vous plait!"
J'ai beau être douée pour tuer des démons, je n'ai aucune compétence en soin hormis les bases, je suis un peu perdue.
C'est difficile pour le moral. Notre armée avait été alors assez constante au niveau de ses batailles. Parfois il y avait plus de blessés, d'autres fois moins, c'était normal, c'était logique. Par contre, depuis un moment, plus rien ne va. Je ne suis pas une fataliste, loin de là, mais il semblerait que les choses ne soient pas particulièrement roses. Il y a des choses étranges qui se passent par ici, cette maladie... Je dois vraiment lui trouver un nom. C'est pas une... les humains ont appelé ça une peste. Je sais que ce n'est pas tout à fait ça, mais ça y ressemble grandement. Heureusement, je ne suis pas... infectée. Pas pour le moment du moins. J'ai peur que ça se répande à tout le monde et que toute notre armée en décède. Depuis quelques jours, je travaille. C'est tout ce que je fais. J'ai perdu un peu, beaucoup, la notion du temps. Mes nerfs sont à vifs, je suis peut-être un peu moins sympathique avec les gens, c'est difficile de l'être. Je devrais peut-être arrêter quelques heures, mais si je le fais, certains de mes amis, camarades vont décéder si je me repose, ne serait-ce qu'un instant.
Je délaisse temporairement l'un de mes patients. Celui-ci a quand même de la chance, dans quelques heures, il pourra retourner au combat, c'est ce qu'il souhaite. Ses plaques ne sont pas très importantes, pour l'instant et il se sent assez bien. Il était venu nous voir parce qu'un démon l'avait blessé. Alors que je vais pour voir un autre patient, j'entends la voix d'une demoiselle qui demande de l'aide. Je reconnais bien rapidement Ariadna qui porte du mieux qu'elle peut un blessé.
- Dépose-le juste ici.
Je lui présente un lit libre sur lequel elle pourra déposer l'ange mal en point, je l'aide bien évidemment à le poser sur le lit.
- Raconte-moi ce qui s'est passé.
Sanhexia
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Comme un signe, le soigneur sur qui je tombe en premier n'est d'autre qu'Estelle. Je me dépêche de faire ce qu'elle me dit et ensemble on parvient à le déposer sur le lit et l'allonger. Je le regarde inquiète. On dirait qu'il meurt de chaud. Je l'avais senti en l'aidant à marcher mais là, il semble bouillir de l'intérieur. Il a des plaques sur les joues et les mains. Quelle horreur. Je l'ai à peine déposé que je recule de quelques pas pour laisser Estelle l'examiner.
"Je ne sais pas trop, je venais ici parce que je m'inquiétais pour toi avec tout ce qu'il passe. Il était en train de marcher devant moi et là, il s'est effondré. C'est affreux... Je ne sais pas à quel stade il est mais je crains le pire."
Cette maladie me terrifie. Son caractère aléatoire en est surement la cause. Je n'aime pas l'inattendu. Certes, ça arrive tous le temps quand on se bat mais ça...
"Je ne sais pas si c'était la bonne solution de l'amener ici, surtout vu la dangerosité du dernier stade... J'ai failli y passer à cause d'un démon qui s'est embrasé à quelques pas de moi, il y a à peine quelques heures. Je ne veux pas que ça se reproduise ici."
Le voilà allongé le pauvre. Je ne sais pas ce que je peux faire. Je ne sais jamais ce que je peux faire pour les aider, il semblerait que peu importe ce que nous fassions, cela ne fonctionne pas. J’aimerais tellement comprendre ce qui se passe, j’aimerais tellement pouvoir les soigner, mais je n’y arrive pas et c’est ce qu’il y a de plus difficile pour le moment. Une fois qu’il est allongé, je regarde notre blessé, il est souffrant. Ariadna a tout à fait raison de craindre le pire. Je ne sais pas pour combien de temps il en a encore. Des minutes ? Des heures? Des jours ? Personne n’est en mesure de le dire. Je suis certaine que de même Dieu l’ignore.
J’examine mon patient, alors que j’écoute tout ce qu’Ariadna me dit. Je ne la regarde pas, je ne veux pas qu’elle voit que je m’inquiète autant pour elle que pour notre souffrant. Il se tord de douleur, il n’en peut plus. Je le vois dans ses yeux. Je le vois qu’il demande à ce qu’on abrège ses souffrances. Je… Je ne sais pas si je serais capable de le faire. Certains de mes collègues soigneurs le font, ils réussissent à trouver une force en eux qui leur permettre d’achever les camarades de combat qui ne souhaitent plus vivre parmi nous et qui ne veulent plus souffrir.
Je réponds simplement à mon amie :
- Il ne faut pas que tu t’inquiètes pour moi, je vais bien…
Est-ce que c’était un mensonge? En partie. Je ne vais pas bien depuis que cette maladie est apparue. Je me fais beaucoup trop de soucis pour tout le monde, pour mes collègues et amis. Je prends des compresses d’eau fraîche que j’appose sur notre blessé. Il est brûlant. Le contact de l’eau sur sa peau crée une évaporation.
C’est un mauvais signe.
Je lui dégage une mèche de cheveux, par habitude, mes doigts frôlent son front. C’est chaud et douloureux. Il est brûlant.
- Aïe! Dis-je spontanément.
Je trempe mon doigt dans une solution d’eau, regardant finalement Ariadna.
- Je ne sais pas non plus. En vrai, mettre des compresses c’est le mieux que je puisse faire. Sa température corporelle est trop élevée, je ne suis même pas capable de les soigner. As-tu des symptômes? Tu n’as pas de plaques sur le corps, dis-moi?
Je lui demande tout cela sur un ton particulièrement soucieux.
Sanhexia
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J'ai du mal à croire Estelle quand elle dit qu'elle va bien, elle a l'air épuisée. J'aimerais l'aider mais c'est au-delà de mes compétences, normalement, c'est elle qui me soigne pas l'inverse. Toujours un minimum à distance du patient, je le regarde inquiète. Je le sens mal, c'est peut-être la peur qui parle mais si il est tellement bouillant qu'Estelle a eu mal... voilà, je suis tendue maintenant. Si je vois la moindre craquelure dans la peau de cet ange, j'attraperais Estelle pour la mettre à l'abri de la colonne de feu.
Toujours sur le qui-vive, j'hoche la tête négativement.
"Je vais bien aussi. Je n'ai pas de symptômes. J'essaie de faire attention depuis que ça s'est déclaré mais vu que tous le monde peut être contaminé... je suis perdue. Si seulement il n'y avait que les démons de touchés!"
On peut entendre mon sentiment d'injustice dans ma voix mais ce n'est pas très important.
"Je ne sais pas... on ne peut pas faire quelque chose pour trouver la source de cette foutue maladie?!"
La douleur s’atténue lentement. Mes doigts n’ont pas du tout appréciés ce qui vient de se passer, mais bon, il semble que je n’ai pas trop le choix. Je les retire de l’eau et je les essuie en jetant de nombreux coup d’oeil à mon patient. Sa respiration se fait de plus en plus difficile. Comment puis-je faire quelque chose pour le sauver si je ne suis même pas en mesure de le toucher. Je porte un regard désolé en direction d’Ariadna qui commence à s’énerver que l’on ne puisse pas faire quelque chose pour aider les blesser.
Malheureusement, je n’ai pas de bonne réponse pour elle. Il n’y en a définitivement pas. Tout ce que l’on puisse faire, c’est de les soulager au mieux, pour le temps qu’ils leur restent à vivre. Ce serait définitivement plus facile si ce n’était que les démons qui avaient été touché, en effet. Peut-être que c’est le coup d’un ingénieur, ange, démon, renégat, va savoir qui nous joue un sale tour. Je ne sais pas si c’est réaliste.
- Je… Je ne sais pas non plus ce que l’on peut faire. J’ignore quelle est la source de cette maladie… En plus, les démons sont atteints par cette maladie… J’aimerais beaucoup faire quelque chose pour tout le monde…
Enfin, tout le monde, je parle principalement des anges. Peut-être que quelques renégats démons qui peuvent valoir la peine, mais sans plus quoi. En réalité, on ne sait pas quoi faire. On ne le dit pas tout haut, mais on ne comprend pas. Il y a rien à faire on dirait. Peut-être que…
J’aimerais croire que ce n’est pas le sort qui nous est tous réservé.
La température ambiante augmente soudainement, je remarque que mon patient se tord de douleur, encore plus qu’auparavant. La peau de l’ange commence à fissurer.
Non!
Non! Il ne peut pas! Il… Le pauvre!
Soudainement, son corps prend feu.
Sanhexia
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Estelle n'a pas d'explications non plus. J'aimerais bien lui demander de m'aider à trouver mais elle a l'air débordée et sans expertise médicale, je ne vais pas avancé beaucoup. Impossible également de trouver la source du premier infecté parce que ça peut être n'importe qui et en plus, il ou elle doit déjà être en cendre depuis longtemps. Alors que je réfléchis, la température près de nous augmente et l'ange que j'ai secouru comme à se tordre de douleur.
Sans attendre, j'attrape Estelle par le bras pour l'attirer près de moi et le plus loin possible de l'ange qui prend feu. Sous nos yeux effarés, les flammes prennent plus d'ampleur et avec d'horribles cri de douleurs, il disparait en cendre. Même si je l'ai vu il y a à peine quelques heures de près, je suis choquée par la scène. Sur le champ de bataille, c'était surtout la surprise qui m'avait cloué sur place. Là, le fait que ça soit quelqu'un que j'ai essayé de secourir me percute de plein fouet. Les mots me manquent et je ne sais pas trop comment réagir.
Je suis tétanisée. Il a pris feu. Il est mort. Décédé. Je... J'aurais tellement voulu faire quelque chose pour lui, j'aurais tellement voulu lui venir en aide. Est-ce que cela faisait de moi une mauvaise soignante ? Probablement. Je n'avais probablement même pas réussi à le soulager de sa douleur. Je n'étais arrivée à rien. Rien du tout. Mon coeur s'emballe, Ariadna m'attrape et m'attire vers elle. Les cris de douleur sont insupportables, je me recroqueville contre moi-même. Les cris me transpercent, la douleur est équivalente à l'arme d'un ennemi. Ma vision se brouille, je finis par bredouiller :
- Pas.... Pas encore... Non...
Je ne peux pas m'empêcher de pleurer. C'est toujours un grand choc lorsque je vois quelqu'un mourir dans une si grande douleur. Ça me blesse terriblement de voir des anges partir de cette façon, ils ne le méritent tout simplement pas. Je ne dis pas que les démons le méritent également, eux aussi, ils doivent avoir de grandes souffrances similaires de leur côté, mais je ne crois pas qu'ils soient aussi gentil que nous avec leurs souffrants.
Sanhexia
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Quand j'entends sa voix désespérée, je me tourne légèrement vers elle pour la regarder. Je la sers dans mes bras quand je vois qu'elle pleure. Je la comprends parfaitement, je suis aussi désemparée qu'elle mais je ne peux plus pleurer depuis longtemps. Malgré le fait que l'ange soit poussière, l'odeur de brûler persiste d'une manière dérangeante. Et j'ai l'impression d'étouffer à l'intérieur. Il faut que je sorte d'ici. Sans attendre, je prends la main d'Estelle et l'emmène de force avec moi dehors. Cela ne sert à rien de rester à l'intérieur avec ce qu'il vient de se passer. Et puis se changer les idées nous fera le plus grand bien à toutes les deux.
"Je suis désolée Estelle, c'est moi qui l'ai amener ici, si j'avais su..."
Je ne finis pas ma phrase parce que je ne suis pas certaine de savoir ce que j'aurais fait. Si je l'avais su condamné, j'aurais peut-être abrégé ses souffrances avant qu'elles n'empirent. J'ai toujours sur moi un poignard en argent au cas où. Je préfère en finir avec ma vie plutôt que d'être capturée vivante et être torturée par l'ennemi. Si je venais à attraper la maladie...
"J'aimerais vous aider à trouver la source, qu'est-ce que je peux faire? Il faut essayer de trouver le point commun? Ou alors chercher un lieu particulier où il y en a le plus?"
Je pose un peu ces questions pour moi-même. Elle m'a dit qu'elle ne savait pas non plus d'où ça venait mais elle a peut-être une idée de la marche à suivre?
Elle me force à sortir de cet endroit, la pièce qui avait toujours été mon « chez moi ». Maintenant, je ne m'y sens plus à l'aise. J'ai l'impression que le travaille que je fais chaque jour est vain depuis cette maladie, on ne peut rien y faire, c'est inévitable. Du moins, c'est l'impression que cela nous donne. Pourrait-on seulement penser qu'il y ait un remède ? Ou, est-ce qu'avec le temps, nous allons tout simplement nous désintégrer, partir en poussière ? Trouver un remède me semble irréaliste, sinon, certains soigneurs auraient déjà trouver la solution, non ?
Et si...
Et si les démons, eux, arrivent à s'en sortir ? S'ils trouvent une solution à tout cela, soignent leurs blessés ? Ils seraient en grand avantage. Ils pourraient complètement nous détruire avec cela! Il ne faut pas que cela arrive !
Ariadna me ramène à la réalité, lorsqu'elle s'excuse, j'essuie mes larmes, haussant des épaules. Elle n'a pas à s'excuser pour avoir apporter un malade dans une infirmerie, cela ne fait pas de sens. Elle ne termine pas sa phrase non plus. Ariadna sait comme moi qu'il n'y avait pas nécessairement d'autres issus pour ce combattant.
Elle change quelque peu de sujet, me demandant ce qu'elle peut faire pour aider. C'est gentil. Ses pistes de réflexion vont de soit, j'opine doucement de la tête, peut-être qu'en explorant, elle pourra découvrir certaines choses au sujet de cette maladie. Je rajoute donc :
- On devrait voir aussi, peut-être lequel des camps est le plus infecté par cette maladie. Si on se rend compte que les démons ont trouvé un remède, nous devons pouvoir faire de même, sinon, nous allons perdre la bataille.
Pour ne pas dire la guerre, tout simplement. Je regarde l'Ange de nouveau, d'un regard un peu plus grave. J'ai quelque chose d'important à lui demander.
- Ariadna... Si... Si jamais je suis dans un état comme... Comme le combattant... J'aimerais que...
Je fronce les sourcils, je n'arrive pas à terminer cette phrase qui est infiniment douloureuse, mais c'est ce que je souhaite. Je ne veux pas brûler comme le pauvre, comme tous les autres. Je préfère me faire transpercer par une lame ennemie. J'espère qu'elle comprendra ma demande...
Sanhexia
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"On devrait voir aussi, peut-être lequel des camps est le plus infecté par cette maladie. Si on se rend compte que les démons ont trouvé un remède, nous devons pouvoir faire de même, sinon, nous allons perdre la bataille."
C'est quelque chose de faisable... je pense. Cela voudrait dire qu'il faut aller du côté des démons et donc dangereux. Ce n'est pas sur le champ de bataille qu'on va s'en rendre compte. Peut-être que si j'en parle à un supérieur, il approuvera le plan et on pourra mettre en place des actions pour mener l'enquête. Je ne vois pas faire une mission suicide chez les démons.
Estelle me tire de mes pensées en reprenant la parole. Je la regarde et je suis toute de suite plus attentive devant son air grave.
"Si... Si jamais je suis dans un état comme... Comme le combattant... J'aimerais que... "
Elle aimerait que quoi? Je la regarde sans comprendre un instant avant de percuter. Elle a eu le même cheminement de pensée que moi. Je blêmis et commence à paniquer légèrement.
"Je peux te procurer un moyen d'en finir rapidement et ne pas finir de cette façon. Si j'étais dans le même état, je voudrais la même chose mais..."
L'air résolu, je la regarde droit dans les yeux.
"Je refuse d'être là si ça arrive, c'est au-dessus de mes forces."
Je suis tout à fait prête à me suicider si il faut mais je refuse de l'aider à en finir si on en arrive là.
"Je ne supporterais pas voir quelqu'un que j'aime disparaitre en poussière sous mes yeux."
Ça lui a pris quelques secondes avant de comprendre ce que je souhaite. Cependant, elle finit par comprendre et me dire qu’elle serait en mesure de trouver un « moyen » afin que je puisse en finir rapidement, si jamais cela tourne mal. J’opine tout doucement de la tête.
J’ai l’impression de faire une mauvaise chose.
D’un autre côté, cela pourrait être plus simple pour tous ces combattants qui souffrent beaucoup trop. Je pourrais ainsi alléger leurs souffrances s’ils le désirent.
Mais dans le cas échéant, cela ne ferait-il pas de moi une traître? Confuse je ne sais plus trop, soudainement, si c’est une mauvaise idée. D’autant plus qu’Ariadna en rajoute, en me disant qu’elle ne pourrait pas être présente si jamais… Si jamais je souhaite mettre fin à mes jours.
Je détourne le regard, honteuse. Je n’aurais tellement pas du lui poser cette question, même si je n’avais pas dit toute la phrase. Enfin, bref, dans tous les cas, elle refusait d’être présente. J’espérais quand même que j’aurais la chance de la voir une dernière fois avant que cela arrive.
Je prends quand même le temps de m’excuser. Je me sens mal pour elle. Je n’aurais pas dû.
- Pardon… C’était déplacé comme question.
Sanhexia
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"Ne t'excuse pas, je comprends très bien pourquoi tu m'as demandé ça. Tous le monde est confronté à cela un jour sur le champ de bataille. Crois le ou non mais ce n'est pas la première fois que j'ai cette conversation. Plutôt mourir qu'être capturé et torturé. C'est pour ça que j'ai toujours ça sur moi." dis-je en prenant un des poignards à ma ceinture. Il différent des autres parce qu'il est avec une poignée recouverte de cuir pour éviter tout contact avec ma peau.
L'affreuse lame en argent est dérangeante alors je la range dès que je lui ai montrer. Je l'ai récupéré il y a longtemps sur un corps ennemi avant qu'il ne se transforme en poussière.
"J'espère que je ne devrais jamais m'en servir." dis-je avec un air grave.
"Je pense que je vais essayer d'aller voir un supérieur pour enquêter sur cette maladie. Cela va impliquer une mission près du camp des démons mais je pense que ça vaut le coup d'essayer. On n'a rien à perdre à essayer. Même si ça ne plait pas de risquer de perdre des anges en bonne santé pour ce genre de mission suicide..."
Au moins, elle a compris. Pourquoi les gens peuvent-ils tous être confronté à ça un jour ou l’autre. Ce n’était pas quelque chose de rassurant de savoir que certains d’entre-eux songent à la mort. Que certains préfèrent se suicider plutôt que de vivre.
Mais pour la vie que nous menons, est-ce que cela en vaut la peine? Surtout avec cette maladie, il semblerait que tout cela est pire qu’auparavant.
Je suis bien contente qu’elle range son poignard, la vue de cette lame en argent m’avait fait frissonné grandement. Cette couleur, cette texture était si odieuse. J’espère ne pas a avoir m’en servir. Mais à l’inverse, si certains combattants souffrent trop de la maladie…
Tout cela était une mise en abîme interminable.
Je me concentre sur ce que la demoiselle dit, approuvant tout simplement ses dires et en ajoutant :
- Je crois que Céleste pourrait être intéressé par cette mission. Enfin, je crois qu’il pourrait être réceptif à ta demande.
Je ne sais pas, ce n’est qu’une idée que j’ai. Peut-être qu’il n’approuverait pas non plus. Mais avec ce qu’il a fait avec Kali…
- Si jamais tu as besoin de moi pour quoi ce soit, n’hésite pas. Je t’aiderais, Ariadna.
Je suis sincère, si elle me demande de l’accompagner sur le champ de bataille, je serais prête à le faire.
Sanhexia
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C'était lui qui m'effrayait le moins il fallait dire. Si je devais demander à quelqu'un, ça serait lui.
"Si jamais tu as besoin de moi pour quoi ce soit, n’hésite pas. Je t’aiderais, Ariadna."
Je souris faiblement à ses dires. Cela me fait plaisir qu'elle me propose ça.
"Merci beaucoup pour ta proposition, ton aide peut être précieuse effectivement. Par contre..."
J'hésite à continuer. Je me rappelle dans l'état de détresse qu'elle était lorsque nous étions dans la tour. Si elle ne peut pas se battre...
"Est-ce que tu te sens capable de te battre le moment venu? Je ne veux pas que tu te mettes en danger inutilement. Si on retombe sur ce démon..."
Les probabilités étaient basses mais ce n'était pas non plus impossible. Je dois avouer que je me sentirais mieux de la savoir à l’abri plutôt que d'être sans arrêt inquiète de son sort.
Je m'empresse d'ajouter, résolue:
"Cette fois-ci, je ne lui donnerais pas l'occasion de s'échapper."
Elle compte aller voir Céleste, bien. Il semblait être celui qui était le plus près de nous, celui qui semblait écouter le plus nos avis, du moins, ça a toujours été l’impression que j’ai. Je ne sais pas si c’est exact par contre. Néanmoins, je ne le vois pas refuser l’offre d’Ariadna.
La demoiselle doute presque de mes intentions, me demandant si je serais capable de me battre lorsqu’il sera le temps. Mon regard se durcit, particulièrement lorsqu’elle mentionne « ce démon ». Je n’ai pas besoin d’un dessin pour savoir de quel démon elle parle. Je ne connais pas son nom, mais je pourrais le reconnaître en tous. Je me ferais un vilain plaisir de lui faire autant de mal qu’il m’a fait.
… Si seulement je peux trouver une personne à laquelle il tient, la torturer, la tuer sous ses yeux, puis ensuite faire de même avec lui. Je crois que ça allégerait mon coeur. Il est seulement dommage que je n’ai pas pris le temps d’espionner ce démon, j’aurais pu avoir des détails sur cet être répugnant. Je regarde Ariadna droit dans les yeux,
- Je me battrai. Si je retombe sur ce démon, je lui ferai payer cher. Je l’ai laissé s’échapper deux fois de trop.
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire en sorte qu’il meurt cet ignoble démon. Je n'ai plus le droit à l'erreur maintenant, je n'ai plus le droit d'avoir peur. Ce n'est plus le temps.
Sanhexia
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"Je me battrai. Si je retombe sur ce démon, je lui ferai payer cher. Je l’ai laissé s’échapper deux fois de trop. "
"D'accord, je te fais confiance." dis-je en souriant faiblement.
Je suis contente de voir sa détermination mais d'un autre côté, ça pourrait tellement mal tourner... Après, je ne voudrais pas qu'elle pense que j'essaie de l'empêcher d'avoir sa vengeance. Si j'avais pu me venger pour Cassiopée... mais les circonstances sont différentes. Estelle ne serait pas exécutée pour avoir accompli sa vengeance sur démon... tandis que moi... Je secoue légèrement la tête pour chasser ses idées que j'ai abandonné il y a bien longtemps.
"Je te ferais signe quand le temps viendra. Par contre, n'oublie pas que si tu as besoin de moi, il ne faut pas hésiter à me demander. J'essaierais de t'aider du mieux possible et de venir le plus rapidement possible."
J'hésite un peu avant d'ajouter:
"Tu veux que je reste encore un peu? Je ne suis pas vraiment pressée d'aller au commandement."
J’hoche de la tête, approuvant ses dires. Je n’oublie pas que je peux faire confiance à Ariadna et qu’elle est prête, en retour à m’aider. Je sais qu’elle a beaucoup à faire, cette petite attention me touche particulièrement, elle me fait un baume sur le coeur.
Elle me demande si je souhaite avoir encore un peu de compagnie. En vérité, j’en sais rien. Pour le moment, je ne peux pas retourner dans cette salle où tant de gens malades souffrent. Je n’ai pas envie de voir une autre personne décédé dans d’atroces souffrances une fois de plus. J’ai besoin de repos, fermer les yeux, décompresser. Je ne sais pas si la présence d’Ariadna me serait bénéfique ou non. Du coup, je préfère qu’elle choisisse.
D’une part, je veux bien qu’elle reste, après tout, ça me ferait quelqu’un avec qui parler, peut-être que nous pourrions échangé sur des trucs moins… moins douloureux, je ne sais pas. D’un autre, j’ai envie d’aller pleurer toutes les larmes de mon corps. Chose certaine, j’ai vraiment besoin de repos.
- Je crois que je vais aller me reposer quelque peu. Je ne sais pas si tu souhaites m’accompagner?
Sanhexia
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"Avec plaisir. Un peu de repos ne me ferais pas de mal non plus. Je te suis."
Je ne sais pas où elle veut aller mais j'espère qu'il ne faut pas retourner là-bas. Les bruits des anges agonisant est insupportable, surtout quand on sait qu'on ne peut rien faire pour eux. Il faudrait limite abrégé les souffrances de tous le monde mais c'est difficile à accepter. Je me demande vraiment si les démons essayent comme nous de sauver les leur ou si ils ne font rien. Ou même pire, j'imagine qu'ils sont capable de mener des expériences sur eux. Je frissonne à cette idée. Mieux vaut mourir rapidement que sous les tortures de ces abominations.
Je suis Estelle tout en soupirant. Je ne sais pas ce qui nous attends dans les heures qui viennent mais un peu de repos est bienvenue. Le calme avant la tempête en quelque sorte.
Pour se reposer, je sais où je voulais aller. J’ignorais si Ariadna connaissait l’endroit. Si ce n’était pas le cas, probablement qu’elle apprécierait. Nous sommes montées assez haut dans la tour, allant dans l’un des étages les plus élevés. Ce n’était pas une cachette en soi, c’était seulement un endroit où peu d’anges y vont. Je me suis toujours demandé pourquoi d’ailleurs.
J’avais amené Ariadna jusqu’à la salle d’observation. Cette salle nous donnait une vue à la fois belle et terrifiante de ce qui restait de la ville. Une ville à moitié démolie, mais qui, pour le moment était peu visible, puisque c’était la nuit. Les étoiles brillaient de mille feux. J’adore venir ici lorsque c’est le soir, c’est si joli. Je me pose sur un fauteuil, regardant devant moi, par-delà l’immense fenêtre. Après un long moment de silence, je finis par murmurer :
- Tu es déjà venue ici, Ariadna ?
Sanhexia
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On monte toujours plus haut. Je me demande bien où Estelle veut me mener. Tant que c'est loin de tous les problèmes qu'on a, même momentanément, cela me convient. Au final, on arrive dans la salle d'observation de la ville. Je sais que le paysage est à couper le souffle en journée, comme si on survolait la ville depuis le ciel. Même si la vue est belle, il y a une grosse ombre au tableau: toute cette destruction. Elle est peu visible avec l'obscurité mais je sais qu'elle est présente, ce qui me fait mal au cœur. Cette ville devait être si belle du temps des humains. Je m'approche de la fenêtre pour poser la main sur la vitre et lève les yeux vers la voûte céleste. Mon regard tombe directement sur la constellation qui porte le nom de Cassiopée, quelque chose que j'ai vu dans plusieurs livres survivant des humains. Pour des êtres terrestres, ils ont passé beaucoup de temps à regarder le ciel alors qu'ils auraient dû se préoccupé de leurs problèmes sur Terre.
"Tu es déjà venue ici, Ariadna ?"
"Non." dis-je en laissant retomber ma main le long de mon corps. "C'est magnifique, merci de m'avoir amener ici."
Je m'assieds à même le sol à côté de la fenêtre et ajoute en regardant de nouveau les étoiles.
"Je crois que je commence à comprendre l'attrait des humains pour les étoiles, c'est sûrement la plus belle chose ici. On en oublierait presque qu'on est en guerre." dis-je avec un petit sourire. "J'aimerais que ce moment dure éternellement... tu crois que c'est possible?"