Beruhren reçoit l'ordre d'assister le personnel de la sécurité pour la gestion des vaisseaux issus de la planète Harmonia et qui sont présentés à l'exposition pendant les Starship Days. Ce sont de vieilles carcasses, pour certaines démontées en pièces, pourtant leur valeur historique et culturelle est conséquente. Ce qui attire vraiment les visiteurs en particulier sont les commandes et panneaux de contrôles optimisés faisant la réputation de la manœuvre harmonienne. Tout est si intuitif et intelligent qu'il existe une multitude de combinaisons possibles pour le pilotage d'un vaisseau. Ainsi, même les manœuvres extrêmes sont abordables grâce à ces commandes qui calculent les défauts pour les arranger et faciliter le pilotage. De nos jours, ces modèles sont interdits par le parti de la Faction d'Harmonia, notamment dans le domaine de la course où ils sont considérés comme non-conformes au fairplay. Il existe néanmoins de puissants simulateurs de pilotage, multi-moniteurs, comprenant ces fameuses commandes harmoniennes. C'est ce que propose le stand tenu par l'ambassade de la planète à l'occasion du festival.
Beruhren est simplement chargé de surveillance, il n'a pas à indiquer quoique ce soit aux visiteurs, ni à renseigner des informations concernant les utilitaires en particulier. Pendant qu'il observe la file d'attente pour les sessions de pilotage, il prend au fait une bougresse qui semble doubler quelques personnes, certaines à leur insu, d'autres non. Beruhren s'approche et s'exprime avec sévérité.
- "Halte là, vous ne pouvez pas dépasser dans la file. Veuillez vous ranger dans l'ordre d'attribution des tickets."
Ces cheveux roses, ces yeux d'émeraudes... c'est pas vrai. Il tique encore plus sévèrement quand il reconnait l'Inirienne dominée du cerveau.
S’il y a bien une chose pour laquelle je peux remercier Easelan, sans compter ses qualités évidentes et son charme de petit mignon, c’est son talent pour retenir les dates des trucs qui nous marque. Les Starship Days en font partie, notamment parce que l’an dernier, nous avions raté la cérémonie d’ouverture à cause d’une altercation avec le client, puisque la livraison avait mal tourné… Heureusement, nous avions pu observer les compétitions mais la frustration de ne pas avoir pu s’y inscrire était belle et bien présente.
L’autre chose qui nous attirait, en plus de ces compétitions, ce sont les vaisseaux exposés. Certains sont de vraies légendes et ont vécus des choses inimaginables, les systèmes de pilotage d’autres époques étaient aussi mis à la vue des visiteurs et il était inutile de dire à quel point tout ça nous rendait hystériques, mon frère et moi. Mais surtout, ce qui me démangeait là tout de suite, c’était de tester l’un d’entre eux. Quand j’ai entendu via le message holographique promotionnel qu’on pouvait essayer le système de pilotage d’un ancien vaisseau d’Harmonia maintenant interdit de vol et interdit à la vente, ça a réveillé mon plaisir d’enfreindre les règles. Enfin, là en plus, c’est autorisé donc je n’enfreins pas grand-chose…
Le problème, c’est qu’une fois arrivée à ce stand, je vois vite que la file fait bien une quinzaine de mètres. Moi, je n’ai pas envie d’attendre. Usant de stratagèmes et entourloupes, de mes beaux yeux aussi, je minaude un peu pour me faufiler et grapiller des places dans la queue. Cela marche pendant un petit moment parce qu’une majorité d’êtres incapable de résister à mon charme me laisse volontairement passer en échangeant leurs tickets avec le mien, ça aurait même pu continuer jusqu’au début de la file ! Mais c’était sans compter sur la sécurité.
Je me raidis un peu sur place en entendant une voix m’ordonner de me ranger dans l’ordre, puis tourne lentement la tête avec un air innocent pour faire face à mon bourreau. Et quelle surprise, j’aurai dû faire le rapprochement entre Harmonia et ce frustré de Beruhren... Ceci dit, je n’aurai jamais pensé que ses fonctions relèverait de faire la sécurité autour d’un stand de simulation de pilotage, même si ça relève de la technologie Harmonienne. Je cligne des yeux innocemment, à deux ou trois reprises, puis prend un ton émerveillé en lui caressant la joue.
Ellie : " Oh, si tu savais comme tu m’as manqué Beruhren ! Ils n’ont pas ton sens de l’humour, ni ta patience, sur la dernière planète où on a livré.”
À son plus grand regret, Beruhren ne connait que trop bien cette Inirienne insolente et d'une légèreté trop légendaire à son désarroi. Ellie Steed. Il s'étonne même de ne pas avoir soupçonné sa présence en ces lieux. Elle est entrée dans sa vie sans qu'il ne la voit arriver, sans jamais pouvoir s'en débarrasser. Petit à petit, il s'est même mis à devoir la tutoyer. Il attrape aussitôt son poignet lorsqu'elle entreprend un geste trop déplacé.
- "Cesse immédiatement cette familiarité, tu n'es pas en droit de la faire valoir à mon égard. J'espère ne pas avoir à t'arrêter encore et devoir demander à ton frère de venir te récupérer." Il tend sa main. "Ton ticket, je te prie."
Malheureusement pour lui, son ticket est en bonne et due forme. Ne voyant rien de plus à lui spécifier, il lui donne un dernier avertissement de formalité.
"Que je ne t'y reprenne plus."
Bien qu'il dise cela avec sévérité, il doute déjà qu'elle suivra son conseil alors il ne quitte pas les abords de la file. En fait, il reste à proximité d'Ellie pour la surveiller.
Je sais comment il est, et c’est d’autant plus de raisons de faire ce que je n’ai pas le droit de faire. Lui caresser la joue, typiquement, c’est le genre de chose qu’on doit éviter de faire à un garde d’élite Harmonien. Mais les choses interdites, moi, ça me rend fébrile. J’aime le danger, au grand damne de mon petit frère, et je me fais un plaisir de frôler les limites du tolérable quand je le peux. Alors que Beruhren attrape mon poignet fermement, je le fixe avec un petit air malicieux :
Ellie : " Hm, quelle poigne…”
Je lui adresse un petit clin d’œil, puis déchante un peu quand il me demande mon ticket. Je lève les yeux au ciel, plongeant la main libre dans l’une des poches de ma robe pour le chercher. J’essaye l’autre poche, puis revient à la première en sortant enfin mon ticket et lui tend avec un sourire tout ce qu’il y a de plus innocent. J’ai bien le droit de lui faire perdre un peu son temps tout de même.
Cependant, quand il entreprend de faire ses vérifications, je ne peux pas me retenir bien longtemps de sourire. Il garde tout son sérieux en me le rendant, mais puisque je lui coupe la chique en étant en règle, pour une fois, je jubile et le reprend avec toute la délicatesse du monde.
Ellie : "Je vais essayer de me tenir un carreau. ” Ou faire en sorte que tu y crois pendant quelques minutes, au moins.
Je lui fais un petit signe de la main, puis détourne la tête en faisant mine d’observer les vaisseaux aux alentours, attendant un peu plus patiemment que la file avance. Le fourbe me surveille pendant un petit moment alors je joue le jeu, mais quand il détourne la tête, attiré par un cri plus loin, j’en profite pour grapiller quelques places, vu que d’autres se sont également retournés. Merci aux hystériques qui ont attiré l’attention, moi j’y gagne quelque chose dans l’histoire ! Je sais bien que le grand brun ténébreux ne sera pas dupe et remarquera vite ma disparition pour être réapparue quelques mètres en avant, mais comme j’avais déjà coupé la moitié de la file avant son arrivée, le stand n’est plus qu’à portée de bras. Quand Beruhren se tourne dans ma direction, je pose la main sur la personne devant moi pour avoir l’air prise dans une grande discussion. Pas vu, pas prise !
Ellie : "Hm… je pense que ça doit être de l’ordre de 10 minutes par personnes aux commandes, mais c’est raisonnable non ? J’imagine que vous aussi vous avez hâte de tester la puissance des propulseurs avec le simulateur et- Ohhh Beruhren, te voilà de nouveau ? Je te manquais déjà ? ”
Je souris au grand brun puis, sans lui laisser l'occasion de parler, me tourne de nouveau vers la personne devant moi dans la file. Un grand être à la peau bleue et aux longs cheveux noirs, avec de grands yeux verts, dont j'attire l’attention pour la reporter sur l'homme en uniforme :
Ellie : "Pardonnez mes manières, je vous présente mon AMI, Beruhren ! J'insiste là-dessus, même si notre relation en est encore à ses prémices et qu'il est assez timide sur la nature de celle-ci, haha. Je me dois de vous préciser que Beruhren est un garde d’élite d’Harmonia, comme vous pouvez le voir à son uniforme. La classe hein ? ”
Le grand bleuté s'émerveille en faisant l'amalgame entre le garde et le vaisseau qui viennent de la même planète, demandant si je dis vrai et si celui-ci a piloté ce genre de bolide par le passé. Je n'aurai pas pu trouver meilleure victime qu'un vrai passionné d'Harmonia, ce qu'il semble être. Je me tourne alors vers Beruhren avec un grand sourire :
Ellie : "Je pense que tu es mieux placé que moi pour répondre mon beau, et je suis sûre que tu aurais des tas de choses à nous apprendre sur ces vaisseaux. Mais malgré tout, quelque chose me dit que tu aimerais éviter d’avoir à donner conférence... Si tu veux, toi et moi, on se retrouve en tête à tête après la simulation, qu'est ce que t'en dis Beruhren ?”
Je dois avouer que je suis curieuse de savoir comment il va réagir à tout ce cinéma pour le distraire et ayant pour unique but de le faire oublier de me réprimander. Un rapide coup d'oeil montre également qu'avec toute cette discussion, des places dans la file, j'en ai encore gagné. Encore quelques minutes et ce sera à mon tour d'être aux commandes...
Est arrivé pile ce qu'il faut pour détourner son attention : une diversion. Beruhren quitte des yeux l'Inirienne un peu trop obstinée et la voit miraculeusement quelques mètres plus loin, en train de meubler pour s'acheter un alibi ou autre fomentation de renarde. Il s'approche, la toise intensément, le regard froid mais impassible. Sa respiration se fait entendre mais Ellie le mène en bateau. Après diversion, voilà la distraction. En tant que représentant d'Harmonia, Beruhren ne peut se soustraire à son devoir ou à son image. Il répond assez brièvement aux questions de l'individu, sans toutefois alimenter la curiosité du visiteur. Il reste professionnel et parvient à se défaire de la conversation. Le visiteur semble assez intimidé par la froideur du garde d'élite. Contrairement à certaines.
Il tourne subitement son regard vers Ellie, sans bouger la tête. Il n'y a qu'un seul moyen d'arrêter cette vermine aux cheveux roses. Menaces et surveillances ne pèsent pas contre la fourberie d'une coursière, il doit bien l'admettre. À contrecœur et contre toute attente, il entre dans son jeu pour la soumettre à sa volonté.
- "Tiens, Ellie, ça me fait penser que, toi et moi, on a ces coupe-files pour l'expo des vaisseaux des Starships Days de 2950" déclare-t-il habilement, sans émotions. Il s'approche d'Ellie et la saisit par les épaules pour la faire sortir doucement de la file. Elle ne pourrait pas crier au viol maintenant qu'elle a précisé devant témoin être amie avec lui.
J’crois que mon sourire est plein de fierté et de malice quand je vois Beruhren se résoudre à répondre aux questions du mec devant moi. Mon coup est réussi ! Je croise les bras pour savourer la scène en ajoutant des « Ah ouais ? » et des « Oooh trop bien, dis m’en plus !!! » pour qu’il continue de parler. Malheureusement, ça ne marche pas bien longtemps puisque l’aura de glace qui entoure Beruhren fait abandonner mon complice involontaire, qui se retourne vers le vaisseau pour attendre son tour.
Je hausse les épaules en le voyant faire, puis me retourne vers le garde d’élite, son regard croisant le mien. Je le soutiens en lui souriant innocemment et avec toute la pétillance qu’on me connaît, quand celui-ci descelle les lèvres pour me parler.
Ellie : " Quoi ? Des coupe-fils ? ”
Je me réjouis direct à l’idée qu’il me fasse cette fleur et me laisse volontiers entourer par ses bras musclés, minaudant un peu au passage à propos de ce contact inattendu. C’est qu’il me donnerait presque des envies soudaines, à me toucher comme ça ce bg !
Une fois à l’écart de la file, et à l’écart de la foule, je tends la main vers lui pour voir ces fameux billets, mais déchante vite en voyant ses menottes enrouler mon poignet. Merde, j’aurai du sentir l’entourloupe ! Je regarde les menottes, puis le garde d’élite et étire un sourire en coin :
Ellie : " Sérieux, Beruhren ? J’pensais pas que t’étais interessé… M’attacher et me garder avec toi le reste de la journée… Tu sais y’a qu’à demander mon beau, j'te dirai oui sans hésiter ! ”
Je lui fais un clin d’œil pervers mais il reste impassible et me traine vers un quelconque lieu qui servira de cellule, je le sais, pour la durée qu’il lui incombera pour punir mon insolence… C’est que j’en suis pas à mon premier coup avec lui, j’sais comment ça se finit ! Je lui murmure en avançant :
Ellie : " C’est ça, emmène-moi en lieu sûr, que j’te fasse regretter le temps où tu étais tranquille Beruhren… ”
Une fois à l’intérieur, il me fait un gros rappel sur les choses qu’on ne doit pas faire, les bonnes manières en société, que je dois entrer dans le rang et compagnie, mais j’ai beau dodeliner de la tête, je n’en ai pas grand-chose à faire. S’il avait dit tout ça torse nu, par contre, là j’aurai été plus attentive. Là il a trop de vêtements, il est trop sérieux et je ne me rends docile que dans certaines circonstances qui nécessitent moins de tissu et plus de laisser aller… Faudra que je lui montre un jour !
Il quitte la pièce en m’enfermant et je scrute les recoins pour vérifier qu’il y ait bien des caméras et micros, ils sont obligés pour vérifier que je ne vais pas tenter de me suicider ! Très bien, maintenant je sais comment les saouler ! J’suis pas un danger public ni une menace sérieuse là pour le coup, j’ai rien fait de grave alors les emmerder un peu devrait écourter le temps de ma présence… Je sais qu’ils ne tarderont pas à appeler mon petit frère pour qu’il vienne me chercher et leur amener le salut, parce que j’compte bien chanter faux tout le temps où j’serai coincée ici !
Je repense alors à une chanson découverte pendant un voyage sur Terre-X et déraille sur les intonations pour commencer la torture :
Ellie : "I think about youuu every morning when I open my eeeeeeyes I think about youuu every evening when I tuuurn out the liiiiights I think about you every mooooment, everydayyy of my liiiife You're on my mind all the tiiiiiime, Beruhren, It's truuuuue... ”
