J’aime bien aller à la salle de danse tôt le matin. Habituellement, il n’y a personne au complexe et c’est un excellent moment pour me reposer, penser à rien avant une longue journée pleine de péripéties au Bistro ! Rapidement, j’ai quitté mon appartement après avoir pris un petit-déjeuner rapide, j’avais pris mon sac de sport et j’avais filé directement au centre sportif.
Je marche tranquillement dans la ville qui commence à s’éveiller. Il n’est pas SI tard que ça, mais puisque la ville semble s’éveiller lentement, je peux profiter que les rues sont pratiquement désertes pour me rendre au centre. C’est une bonne marche, mais ça me fait un bon échauffement avant de me mettre à mon projet du matin.
Une fois arrivée, je salue rapidement le gardien. On se connaît bien, je passe régulièrement et il aime beaucoup mes sourires quelque peu aguicheurs que je lui fais chaque fois qu’on se croise. Après une courte discussion, je file aux vestiaires afin de revêtir mon t-shirt et mon short plutôt moulant. Mon sac et mes effets dans le casier barré à clé, avec mon téléphone et ma bouteille d’eau, je me dirige vers la salle de danse que j’utilise habituellement.
Je branche mon téléphone au système de son et je pars la musique, une musique assez tranquille pour le moment, question de faire quelques étirements avant de me mettre à danser. Assise sur le sol, je fais face aux nombreux miroirs, je chantonne tranquillement au rythme de la musique. Je me penche contre ma jambe droite avant de garder la pose pendant un certain moment, avant de faire de même avec celle de gauche.
Le rythme est simple, une semaine de nuit, une du matin et une de l’aprem. Et c’est ça en boucle, sans changement sauf pour m’arranger les semaines de pleine lune. Parce que faut se l’avouer, si j’me transforme ici, c’est un coup à péter la moitié du mobilier sous la colère ou à agresser quelqu’un. Dans les deux cas, ce ne serait pas la première fois que ça m’arrive, mais ça reste un peu chiant et pas vraiment discret quoi.
Cette semaine c’est du 5h-13h et j’suis en plein inventaire des stocks, quand le responsable vient me voir pour me confier une autre tâche. J’étais presque content pour une fois de faire du sur-place, parce que j’suis pas d’humeur à croiser qui que ce soit. Il y a toujours des gars hyper motivés qui font les fanfarons à cette heure-ci en bombant le torse sans le moindre cerne dans les couloirs des salles de sport, alors que j’viens d’enchaîner deux nuits d’insomnies de merde. J’espère qu’un de ces jours ils s’étoufferont avec leur jus d’orange ou avec leur trop plein de sommeil.
Je soupire et prend ma caisse à outils en plus de l’escabeau après fait un nœud avec les manches de mon bleu de travail autour de ma taille, histoire que ça tienne le temps d’aller réparer la clim de la salle de danse comme il me l’a si gentiment demandé. « Les personnes qui s’y rendent vont avoir trop chaud cet été et les chaleurs commencent à arriver ». Grand bien lui fasse, les meufs en sueur qui font leurs étirements ou bougent leurs hanches au son de la musique, moi ça ne me dérange pas. Enfin bon, c’est mon chef et j’viens de débarquer alors autant la fermer.
Je m’y rends en sifflotant et m’arrête à l’entrée, en entendant la musique et une demoiselle entrain de chantonner. Je pose l'escabeau contre le mur, me cale contre l’encadrure de la porte et fait un signe de tête à son reflet dans le miroir :
Salut, j’suis désolé mais j’dois réparer la clim là-bas. La co-activité te dérange pas ?
Ce qui est sûr, c’est que ça ne me dérangera pas de la regarder danser pendant que je réparerai cette machine. Comme quoi, on trouve toujours un peu de bonheur dans son malheur.
Je relève la tête alors que j’entends un bruit à proximité, cessant par le fait même mon chant. En regardant en direction du miroir, je détaille l’homme qui m’annonce qu’il vient pour réparer le climatiseur. Par la glace je lui fais un magnifique sourire, en profitant pour le regarder sous toutes ses coutures. Il ne me déplaît pas du tout, le monsieur, bien au contraire. Il a un petit quelque chose qui me donne bien envie de voir ce qui se cache sous ses vêtements.
Je fais mine de réfléchir un court moment, comme si c’était une décision plutôt importante, alors que c’est loin d’être le cas. Ça me permet de le regarder un peu plus longuement avant de continuer mes affaires, mine de rien. Tout en douceur, alors que la chanson se termine, je lui réponds :
- Du tout. Je vais seulement espérer ne pas trop vous déconcentrer. Il serait dommage que vous ne la répareriez pas.
Je tourne la tête momentanément en sa direction, avec un sourire enjôleur aux lèvres. Je ne vais pas lui cacher qu’il me plaît, ce serait légèrement contre ma nature. Je finis par me relever, continuant mes échauffements, réchauffant maintenant les muscules de mes bras. Je compte bien me donner à fond, je ne voudrais pas avoir mal partout après cette séance.
Vu qu’elle prend son temps pour réfléchir, j’en profite pour la regarder s’étirer, mon épaule calée contre la porte. Quand elle prononce ses premiers mots, j’suis presque surpris d’entendre qu’elle a une si jolie voix. Fin j’veux dire, les nanas ont de jolies voix habituellement, mais la sienne j’sais pas, y’a un truc en plus. J’lui souris en comprenant le sous-entendu, puis réponds :
Il serait dommage de t’empêcher de t’étirer ou de danser surtout.
Ouais, j’la tutoie mais aux dernières nouvelles elle n’a pas l’air si vieille que ça et puis j’me casse jamais le cul à vouvoyer les gens si y’a pas une bonne raison pour le faire. J’lui fait un petit clin d’œil et me décolle de la porte, attrapant l’escabeau et m’engouffrant dans la salle. J’installe mon matos sous le climatiseur qui se trouve vers le milieu de la salle contre un pan de mur, puis grimpe de quelques marches et attrape un tournevis pour commencer à dévisser les ailettes. Je jette un petit coup d’œil à la miss qui s’étire les bras, puis lui dit :
Ca fait longtemps que tu t’entraines ici ? Quel genre de danse, au fait ?
J'imagine qu'elle doit pas être débutante, sinon elle ferait pas ça en solo et elle serait pas aussi appliquée dans ses étirements. J'suis sportif aussi alors c'est logique que j'le remarque. D'habitude les débutants qui se mettent au sport oublient d’échauffer certains muscles ou font ça en speed, d'ou les blessures débiles ensuite.
J'me demande quel genre de danse elle fait, et surtout si j'vais avoir droit à un aperçu pendant que j'continue de dévisser l'appareil.
Je ne sais pas pourquoi, mais je l’aime bien lui. Je ne m’embête pas plus longuement et je me mets à le tutoyer également. Je veux bien être polie, mais surtout faut qu’on soit sur le même pied d’égalité. À ses paroles, je ne peux m’empêcher de rire toute en douceur, avant d’ajouter :
- Tant que je puisse faire un peu de sport, le type me dérange peu. Quoi que tu sembles bien vouloir une petite démo…
J’suis pas mal certaine qu’il va savoir où je veux en venir avec mes paroles. Je me casse pas la tête avec ça, c’est pas vraiment important, il y a une petite lueur dans mes yeux qui me laisse croire que je ne lui déplais pas vraiment. Et ça me fait drôlement plaisir d’ailleurs. Je ne lui montre pas non plus, il ne faut pas le laisser gagner aussi facilement.
Je garde la pause alors que le monsieur monte dans son escabeau. Je suis presque déçu de ne pas être derrière lui pour admirer quelques de ses attributs, mais je crois que le derrière est à l’image de ce que je vois devant. Je ne sais pas si je serais capable de danser avec cette jolie vue, je dois bien l’admettre. Pensive, il me tire de mes pensées, me demandant si ça fait longtemps que je m’entraîne ici et quel genre de danse que je fais.
- Ouais, ça fait quelques années que je viens ici m’entraîner. J’suis déçue de ne pas avoir eu la chance de te croiser auparavant. Tu travailles ici depuis longtemps, toi ?
Parce qu’il est agréable à regarder ce bel homme. Je crois que je ne prendrais même pas le temps de l’amener chez moi pour m’amuser avec lui… Je suis certaine que je pourrais trouver un petit coin tranquille où personne ne vient dans le complexe pour faire de petites choses… Ce sera probablement toujours plus confortable que dans les bois… Du moins mieux isolé…
Je me focus de nouveau sur notre conversation.
- Pour les genres… J’ai essayé un peu tout et n’importe quoi… Je n’aime pas trop ce qui est ballet, mais le contemporain j’aime bien en faire… Prochainement, je pense prendre des cours des danses sociales, sauf que je me cherche un partenaire.
À mes derniers mots, j’ai tourné la tête en sa direction pour voir quelle serait sa réaction. Si je peux me trouver un homme qui voudrait bien en faire avec moi, ça ne m’embêterait pas trop. D’un autre côté, je ne suis pas tellement sérieuse, je me doute bien qu’il ne va pas accepter immédiatement. C’est juste qu’avec lui, j’ai l’impression qu’il pourrait y avoir un petit quelque chose qui serait amusant.
Une p’tite démo, j’suis pas contre. Qu’elle se fasse plaisir, ça m’en fera tout autant. Je n’en raterai pas une miette en tout cas. Ouais, les meufs qui sont souple, qui se déhanchent et compagnie, ça a le don d’attirer mon regard sans que j’puisse décrocher. Je m’attelle au travail tout en la regardant du coin de l’œil de temps en temps et je l’écoute en bossant. Alors comme ça elle est là depuis quelques années… Elle doit bien connaître la ville, ça pourrait être utile un de ces jours.
Nan, j’suis là depuis Mars mais je bascule entre les bâtiments du complexe. On s’reverra de temps en temps alors, si tu viens souvent…
Et c’est pas pour me déplaire, sauf si elle est du genre à attendre que je la rappelle si il se passe un truc entre nous, ou si elle veut « plus » que ce que j’ai à proposer. C’est clairement pas mon genre de donner dans les sentiments ou de rappeler les filles le lendemain, elles peuvent bien faire ce qu’elles veulent, je m’en tape complet. Par contre si j’vois qu’il y a une ouverture, elle ne fera pas que danser à la verticale, croyez-moi.
Et toi miss, c’est quoi ton job ?
Je l’écoute en m’arrêtant vite-fait de dévisser, mettant les vis dans ma poche. Alors comme ça elle tient un truc en ville ? Ça étonnerait plus d’une personne de savoir que j’aime lire de bons bouquins à l’occasion, c’est juste le temps qui me manque. J’hoche la tête en lui disant que c’est sympa comme endroit en ville. Ptete que j’irai faire un tour un de ces jours, au moins pour faire honneur à la patronne et me rincer l’œil en buvant un café. J’en viens à lui parler de danse, histoire de voir c’est quoi son truc à elle, mais quand elle me parle de partenaire j’peux pas m’empêcher d’hausser un sourcil. Elle m’fait des avances là ?
Ouais je vois, malheureusement c’est pas trop mon truc la danse, à part les trucs bateaux genre un slow ou du collé-serré vite fait, les trucs faciles quoi. Et encore, faut être vachement convaincante pour m’attirer sur la piste. Mais qui sait… Si tu m’impressionnes, ptete que j’me laisserai tenter pour en faire une avec toi. Tu m'apprendras.
J’lui fait mon sourire de BG avec un ptit clin d’œil, puis installe le silence en reprenant mon boulot. Ca va pas se dévisser tout seul, et autant m’y mettre pour de bon pendant que la misse s’y mette elle aussi. Plus vite j’aurai fini, plus vite je pourrais profiter du spectacle. Alors allume ta musique et danse ma belle, danse.
J’me disais aussi que je ne l’avais jamais vraiment vu ici auparavant. J’veux dire, ce genre de beauté « d4rk » ça se remarque ! Je le regarde bosser au travers du miroir plutôt que directement. Ça pourrait lui donner l’impression que je le mate juste trop et il me plaît beaucoup trop. Il me plaît bien, je ne lui ferais pas de mal du tout. C’est seulement une question de finesse… Bien que l’idée de danser devant lui présage une fin somme toute assez… caliente.
Bref. Il est là depuis le mois de mars et j’opine doucement de la tête pour lui faire comprendre que je suis la conversation bien que je ne réponde pas grand-chose pour le moment. J’espère bien le voir de temps en temps, même si ce n’est pas seulement pour me déhancher devant lui. C’est sûr qu’il y a peu de chance que je puisse le voir se déhancher à son tour, son truc doit plutôt être des coups de rein…. Mmmh…
Le BG me demande ce que je fais comme boulot et je me mets à lui parler de la Sirène d’Or, mon petit bébé que j’adore plus que tout au monde. Au moins j’ai le boulot pour me tenir occupé. Parce que disons avec une vie amoureuse plat comme l’eau d’un lac, c’est sad en esti comme dirait Blaise. Je lui raconte ce qu’on fait là-bas, l’idée d’un bistro et d’une librairie en même temps, le mélange parfait pour ne pas avoir de gros relous pas éduqués. Quoi que les gros relous qui veulent s’éduquer passent un peu mieux. Bref.
Je ne suis pas étonnée lorsqu’il me dit que ce n’est pas trop son « truc » la danse. Comme la plupart des gars que je connais quoi. L’idée de danser un slow un moment donné avec monsieur brun ténébreux me fait sourire tout de même. Un truc bien collé et un peu lascif ça pourrait être drôlement amusant. J’suis certaine qu’il apprécierait la danse après ça… Enfin, un peu plus. J’ai le droit à un sourire de beau gosse qui se trouve canon et ça lui donne un petit air mignon avec son clin d’œil.
- Il paraît que je suis une bonne prof, lui dis-je en lui retournant son clin d’œil de façon tout aussi aguicheuse.
Le voilà qu’il repart sur son travail, pour ma part, mes échauffements maintenant faits, je peux me permettre de lui montrer ce que je fais faire. En vrai, ça m’importe peu ce qu’il va penser de comment je danse, j’ai seulement envie de danser pour le moment, faisant fi de ce beau monsieur qui est dans la salle de classe. Nonchalamment, je m’approche de la console de son et je prends mon téléphone, choisissant la chanson qui me plairait. Après avoir scroller pendant un instant, je m’arrête sur une chanson dont les premières notes se mettent à jouer à l’instant.
Je délaisse mon téléphone pour m’installer au milieu de la salle et me met à danser après avoir pris une bonne inspiration, fermer les yeux et avoir fait le vide dans mon esprit. J’me déhanche, mes bras s’allongent, mes pieds sont bien pointés comme toute danseuse qui se respecte. Je danse au fil de mes envies, de mes émotions des mes pulsions. Ce n’est pas une chorégraphie tout est seulement improvisé et ça me dérange pas du tout. Si au départ je reste sage et je fais des trucs assez « simple », alors que la chanson avance, je me permets de faire des mouvements plus complexes, n’hésitant pas à faire grand écart, de grands sauts, atterrissant sans ménagement assise sur le sol. J’me fais plaisir, non sans laisser mon compagnon de salle se rincer l’œil et lui jetant quelques regards coquins par le fait même. Je me calme légèrement uniquement que la chanson se termine et une seconde commence. Mon souffle est court, mon sourire trône sur mes lèvres. J’suis quand même fière de moi, même si pour lui, ça doit pas être impressionnant.
La seconde chanson est plus calme, mais j’continue de danser, sur un rythme plus lent, s’approchant presque d’un slow, enfin c’est le genre de chanson que je pourrais facilement danser avec quelqu’un en duo. J’m’attends pas à ce qu’il me rejoigne non plus, mais je me fais plaisir en dansant de façon assez sexy sans avoir non plus l’air d’une dévergondée. Toujours emportée par la musique, je me permets de lui demander, sans le regarder :
Je lui rends son clin d’œil mais, bonne prof ou non, la danse n’est pas mon truc. Je finis de dévisser les ailettes et retire la grille ainsi que le filtre pour les poser à terre contre le mur. Je m’éclipserai avec, de toute façon j’en ai des neufs à installer. Je remonte sur l’escabeau pour aller plonger mes bras dans la structure de l’évaporateur, histoire d’aller dévisser un carter qui vibre quand la machine fonctionne. C’est le genre de vibrations qui fait claquer le métal, et c’est gênant pour les danseurs et danseuses askip. Enfin, j’veux bien les croire, un truc qui claque au-dessus de ma tête ça m’inquiéterait aussi. Je jette quelques coups d’œil à la jolie blonde qui se déhanche.
Ca m’déplait pas du tout pour l’instant, t’en fais pas j’serai le premier à me plaindre sinon ! Après tout, je suis aux premières loges alors le spectacle doit en valoir la peine, non ?
Elle bouge bien, ça se voit qu’elle en est pas à sa première session de danse et qu’elle est à l’aise. C’est limite comme si la musique se calait sur ses pas et pas l’inverse, j’sais pas, c’est une vision prenante en tout cas. J’me rend alors compte que, depuis qu’on discute, on a parlé de plusieurs trucs mais j’sais toujours pas comment elle s’appelle. Pas que ce soit gênant, mais c’est toujours mieux pour discuter. Qui sait où ça va se finir ?
J’suis bien contente, il est assez franc pour dire que ça lui plait. Enfin, que ça ne lui déplaît pas. Du coup, je prends ça comme une petite victoire. En fait, je me dis que s’il s’était plaint, c’est parce qu’il n’arrive pas à être charmé, ce qui aurait posé un très gros problème. J’dis pas que je suis moche ou quoi que ce soit – bien au contraire, sans vouloir me la péter –, mais c’est seulement que je serais déçue que ça ne l’atteigne pas au minimum. Je souris largement, je prends tout ça pour des compliments. Et je ne peux m’empêcher de le taquiner en douceur.
- T’a de la chance en plus, ce spectacle est gratuit.
Je continue un moment à danser au rythme de la musique, je me donne un peu moins à fond, mais c’est la chanson qui joue qui m’oblige à faire cela. Je sens quand même mon pouls battre fortement, après tout ça reste un effort physique somme tout considérable.
D’ailleurs, on finit par entendre les dernières notes de la musique et une autre se met à jouer. Je me permets de faire une petite pause alors que le monsieur dark me demande quel est mon prénom. Je m’approche de l’homme sur son escabeau, levant la tête pour me présenter.
- Emma et toi ?
J’ai été tenté de lui trouver un surnom à sa hauteur, mais sur le coup, rien ne m’est venu en tête. Il va de soi qu’il aurait moyennement apprécié que je l’appelle « chaton », ce n’est pas du tout son genre, j’en suis certaine. Je passe une main dans mes cheveux, cherchant à éloigner les mèches rebelles qui s’étaient sauvées de mon chignon.
- Tu as beaucoup de boulot aujourd’hui ?, demandai-je sur un ton qui se voulait innocent.
Parce que s’il y a moyen de faire de quoi avec lui, j’refuse pas. Peut-être dans un endroit un peu plus confortable qu’un placard…
Plus chanceux que le collègue coincé dans la chaufferie, ça c’est clair. J’échangerai pas ma place ce matin.
J’lui répond avec le même sourire provocateur et reprend l’entretien de la machine alors que la miss se remet à danser. Une danse plus lente mais pas plus désagréable à regarder. La danse ça donne une certaine souplesse aux nanas, que j’peux pas nier. Je m’accoude a l’escabeau quand elle s’approche et baisse la tête vers elle, tendant la main pour officialiser les présentations avec mon sourire de BG.
Moi c’est Morgan, un plaisir Emma.
J’hausse un sourcil en entendant sa question et la regarde d’un air amusé. Si j’ai du boulot ? En voilà une question, j’me demande bien ce qu’elle a derrière la tête avec son petit air innocent. Vu son comportement tout à l’heure, je doute qu’elle soit si chaste que ça. Si elle veut jouer à ça, j’peux m’y mettre aussi et j’compte bien sur le fait que ce soit elle qui me dise clairement où elle veut en venir. C’est toujours appréciable d’entendre ça sortir des lèvres d’une jolie nana.
Bien sûr, je suis un homme occupé Miss. Mais j’peux toujours trouver un moment après le travail quand on a besoin de moi ou juste envie de me voir. En quoi je peux t’aider ?
Je retire mes coudes et croise les bras sur l’escabeau, la regardant de mon perchoir avec un petit air insolent.
Morgan, voilà le nom de ce beau monsieur. Ça lui va bien. Enfin, j’aurais été beaucoup plus surprise qu’il me dise qu’il s’appelle Guy ou Pierre. Je lui serre la main, non sans un certain plaisir d’avoir un contact physique avec lui. La poignée de main est ferme et douce, du moins, pour ma part. Ça fait juste étrange qu’il m’offre sa main comme présentation officielle. Nous sommes loin d’être en affaire en ce moment…
Quoi que non, nous sommes en affaire présentement. J’ai même droit à son sourire de BG alors que moi je lui rends un sourire charmeur. Donnant-donnant. Je ne vais pas me laisser amadouer par le premier gars venu. C’est loin d’être le premier, il ne sera pas non plus le dernier.
Il est mignon à me dire qu’il est un homme occupé. J’ai presque envie de lui dire qu’il n’y a pas que lui qui a un horaire chargé. J’ai le bistro à m’occuper quand même. D’ailleurs, je vais même devoir y gérer quelques trucs tout à l’heure.
- Mmh… Difficile à dire, surtout si tu es un homme occupé. Mais si jamais tu as envie de prendre un café, en tête à tête ça pourrait être intéressant…
Je laisse la phrase en suspense. Je suis bien curieuse de voir s’il va m’offrir quelque chose d’autre ou si l’idée du « café » l’intéresse. En fait, ce n’est pas tant de boire le breuvage qui m’intéresse, mais plutôt ce qui pourrait se passer par la suite. Mon sourire se veut doux et un peu naïf, je me tourne afin de retourner à mon occupation principale. Je vais remettre de la musique, ajoutant de façon nonchalante :
- …Sauf si tu as une meilleure proposition à m’offrir…
Tout dépend d’où tu veux le prendre, ce « café ». Je ne suis pas difficile, tant qu’on a de la place pour s’étaler.
Je lui fait clin d’œil tendancieux, puis retire les bras de mon escabeau avant de me remettre à réparer le climatiseur. Ca fait bien dix minutes que la bête refroidit, alors je peux intervenir dessus sans risquer de me brûler. Je jette un œil à la blonde qui se penche pour mettre la musique en route, sans perdre une miette de la courbe de ses hanches, et souris comme un con avec l’idée qui me vient.
J’dois rincer le filtre avant de le remonter, ça ne te dérange pas que j’aille dans le vestiaire ? Tu peux toujours venir, si tu veux t’assurer que je ne touche pas à tes affaires…
Et t’assurer que je m’occupe de toi, en passant. Je commence à démonter le filtre histoire de vérifier si le filtre n’est pas encrassé, et une fois en main, je descends de l’escabeau pour me diriger vers la porte du vestiaire de la salle de danse. Un petit truc entre deux feux, en vitesse, ça fait jamais d’mal. On pourra toujours s’étaler plus tard.
Alors il se cherche un endroit où il peut s’étaler. J’apprécie grandement cette proposition. Même que j’ai quelques idées de ce qui pourrait être intéressant… Par exemple après la fermeture du bistro… Ou au contraire, avant son ouverture… Quoi qu’entre les deux, on peut prendre plusieurs entre ces deux moments. Et sinon, s’il veut être plus confortable, je peux tout à fait l’inviter à la maison. J’ai un grand lit beaucoup à faire.
- Je crois que j’aurais une place intéressante dans ce cas.
Mais pour le moment, je garde ça pour moi, puisqu’une nouvelle invitation pointe le bout du nez. Oh.. Tiens, aller dans les vestiaires. Je n’ai aucun doute qu’il ne va pas toucher à mes affaires. De toute façon, le casier est verrouillé. Je me doute bien que ce n’est pas pour n’importe quelle raison qu’il souhaite qu’on aille dans les vestiaires. Je m’arrête de danser, faisant mine de réfléchir, avant de dire innocemment.
- Mmh… Maintenant que tu en parles, je crois que j’ai oublié quelque chose dans les vestiaires… Je crois qu’il va falloir que je t’y accompagne.
À ces mots, je vais chercher mon téléphone, prends rapidement mes affaires que je ne veux pas laisser sans surveillance, puis je rejoins ce bel homme. Je lui fais un petit clin d’œil, effleurant doucement son avant-bras au passage, avant de prendre la route des vestiaires. Je prends un malin plaisir à prendre les devants, le laissant admirer mon dos et ce qu’il y a de plus bas.
J’attends Morgan à l’entrée des vestiaires, me demandant s’il préfère entrer dans celles de hommes ou des femmes… À moins qu’il ne trouve un placard confortable. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un sourire aguicheur aux lèvres.
Tu fais bien, on sait jamais qui pourrait passer par là.
Alors que je descends de l’escabeau, j’en profite pour la mater. Elle passe devant avec une innocence presque questionnable et quand elle frôle mon avant-bras, je me dis qu’elle joue avec le feu. Je penche la tête pour mater ses fesses et gosh, je n’en perds pas une miette. Son short lui arrive juste en dessous des fesses et épouse ses courbes juste comme il le faut. Je me mords la lèvre avec un sourire pervers, puis la suit jusqu’aux vestiaire, le filtre à la main.
En passant, je pose la main sur le bas de son dos et la pousse doucement devant moi, dans le vestiaire des nanas et ferme derrière moi. L’avantage, en étant à la maintenance, c’est qu’on a les clés de toutes les pièces, mais là je n’ai même pas envie de fermer. Le goût du danger, surement. A la place, je balance tranquillement le filtre dans l’évier et me rapproche d’elle :
Tu joues les innocente, mais tu caches bien ton jeu la miss...
Je pose la main sous son menton et le lève pour la regarder dans les yeux. Elle a l’un de ces regards mystique, presque pas surnaturel et couplé à ses clins d’oeils insolents, ça a le don de me chauffer. J’ai juste envie de virer ses fringues, pour qu’on passe un bon petit moment ensemble. J’approche mes lèvres à quelques millimètres des siennes et sourit de façon malicieuse, attendant qu’elle rompt la distance à son tour pour me confirmer ses envies.
Visiblement, il aime bien jouer dangereusement. Ça me plaît bien. Je me sens observée alors que je marche devant lui. Je ne peux pas m’empêcher d’en sourire. Une fois vers les vestiaires, je sens sa main contre le bas de mon dos. J’en ai des frissons. On sait ce qu’il nous attend tous les deux et ce doit être pour cela que ce petit jeu me plaît autant. Pas besoin de poser de questions. Pas besoin de faire des formalités. Tout a été dans le non-dit pour cette partie qui va commencer dans quelques instants. J’ai encore plus hâte au moment où il m’en demandera encore. Il ne pourra pas résister ce Morgan.
La porte des vestiaires fermée, je me retourne en sa direction. Je le laisse faire ses trucs, je le laisse s’approcher. Si ça lui plaît de jouer les prédateurs, je le laisse faire volontiers. Il a bien vu mon petit jeu, jeu que je ne cachais pas cela dit, et je ne peux que lui faire un sourire encore plus innocent. Nos lèvres se touchent pratiquement, alors qu’il tient toujours mon menton entre ses doigts. Je le regarde dans les yeux, ne pouvant m’empêcher d’avoir un petit air de défi.
- Finalement, on va peut-être danser ensemble. Je suis certaine que tu connais les mouvements.
Le creux de mon ventre me hurle de l’embrasser, alors que je me colle contre lui, mon corps se frottant légèrement contre le sien. Me disant que cette danse peut commencer, que nous allions nous-même faire la musique qui l’accompagne, je franchis l’espace et l’embrasse à pleine bouche. Ma main ne perd pas de temps pour se glisser sous son t-shirt. Mmh. Je ne suis pas déçue par ce que je touche. J’espère seulement que ce qu’il y a plus bas va être à la hauteur de mes attentes et que ça ne durera pas trois petites secondes. J’ai bien envie de voir ces tablettes, mes deux mains se rejoignent pour relever son t-shirt sans perdre une seconde. On va bien s’amuser…
