[Morag] Special Delivery

Il y a deux jours, nous avons reçu un message d'un client pour aller chercher un colis sur la planète Morag et dont le lieu de livraison serait connu une fois le colis récupéré. Une demande assez curieuse, vu le peu de détails qu'on en avait : immobiliser le colis, le garder dans un endroit où l'air circule et arroser de temps en temps la boîte. Je dois dire qu'arroser les boîtes, c'est pas le genre de demandes qu'on a souvent...

Quoi qu'il en soit, nous avons fait le plein de carburant et de nourritures pour le vaisseau et nous sommes partis voguer dans les confins de l'univers pour remplir notre première partie de contrat. Ce qui nous amène là, à ce moment précis, après deux jours de voyage en vaisseau et à une heure de notre destination.

D'ici, nous voyons la silhouette entière de la planète. Une planète recouverte à 85% d'eau et dont le niveau des océans recouvrent la totalité du continent deux mois par an. Heureusement, nous n'y sommes pas encore. La mer est descendue et le port des vaisseaux se distingue facilement avec les lumières allumées. On pourrait presque distinguer le Temple vu d'ici, ce qui n'est pas étonnant vu sa taille. Ce temple en ruines devait être sacrément beau à l'époque, s'il n'avait pas été ravagé par les rebelles. Parce que c'était ça, le problème de Morag. Les milices de rebelle qui attaquaient sans qu'on ne voit le coup venir.

La mission pouvait s'avérer dangereuse si on tombait mal, mais le pactole qu'il y avait a la clé faisait grandement pencher la balance...

Ellie : "Dans moins d'une heure on pourra atterir sur Morag. Si t'as la trouille et que tu veux faire demi-tour, c'est maintenant ou jamais Easelan !”

Je tourne la tête vers lui, un petit sourire aux coins des lèvres après cette petite provoc', puis m'étire sur mon siège :

Ellie : "Je ne sais pas toi, mais ce colis m'intrigue trop... Ça doit être un truc vivant vu les conditions non ? Tu crois quand même pas qu'ils nous refileraient un de leurs crocodiles des fonds marins dans une boîte ? ”

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Ellie : "Mh... Bon bah disons juste que c'est un client super engageant et qu'il nous fait récuperer un colis remplis d'épis de maïs ou de petites fleurs alors, tout va bien se passer !”

Je fais un clin d’œil à mon petit frère puis ferme mon harnais de sécurité et empoigne mon volant, pour qu'on amorce l'entrée dans l'atmosphère de la planète. Le choc peut être violent parfois.

Ellie : "On peut accélérer quand tu veux, je suis prête ! ”

Pendant qu'on amorce notre descente, je me demande de quoi ont l'air les habitants de cette planète, après tout c'est la première fois qu'on y pose les pieds. Une question me traverse l'esprit alors qu'on atterit. Peut-être qu'on devrait préparer une combinaison de plongée au cas où on devrait récuperer le colis dans la partie immergée ?

Ellie : "Dis moi, on a toujours les kits de plongée par là, hein ?”

Je me détache de mon siège et me lève, regardant mon petit frère d'un air incertaine.

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Je roule des yeux quand il monte le ton, qu’est ce que j’en sais moi ! Ce n’est pas moi qui les aie rangés aux dernières nouvelles… Ou peut-être bien que si, mais dans ce cas là on est mal. Je soupire et me met à fouiner dans les box dédiés au matériel, en profitant pour m’équiper au passage et récupérer mon gadget fétiche que je coince dans ma ceinture.

Ellie : "Ouais, je les ai !”

Enfin, bientôt. Je suis sûre qu’elles doivent être par-là, à moins que… Je me faufile à l’arrière du vaisseau et ouvre un box où je fourre un peu tout et n’importe quoi, surtout des trucs dont on ne se sert pas souvent et qu’Easelan ne cherchera pas de son plein gré. Si c’est moi qui ait rangé ces fichues combi, elles doivent être... BINGO ! J’enlève ma tenue et passe la combinaison, puis revient vers l’avant pour finir de m’équiper et sortir les équipements d’Eas’. Je lui tends sa combi quand il me rejoint, le laisse se changer en regardant par la vitre puis règle l’heure sur la manchette de ma combi au bon "fuseau horaire".

Ellie : " Repère le lieu de rendez-vous sur ton holo steuplait choupi. On a un peu d’avance, mais vaudrait mieux se dépêcher au cas où ce ne serait pas la porte à côté. ”

Je sais qu’il déteste ce genre de surnom, mais je ne peux pas m’en empêcher et lui adresse un sourire insolent. Je m’approche de la porte et me positionne devant l’ouverture, attendant le signal du frérot pour sortir.

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Ellie : " Oups, pardon. ”

Je lui souris de toutes mes dents, puis me positionne devant la porte et j’active mon masque en fredonnant. J’agite la tête en rythme mais je sursaute d’un coup quand la dépressurisation s’active. Je fixe Easelan d’un air accusateur, puis saute la petite hauteur qui distance le sol du vaisseau de celui de Morag. Je scrute les environs pour voir s’il y des gens aux alentours, ou quoi que ce soit qui pourrait nous donner des infos utiles, mais rien. La brume environnante aide encore moins, et ça ne donne vraiment pas l’impression qu’il fasse bon vivre par ici.

Ellie : "Hm… Vas pour la moto, ce sera plus pratique en cas de pépin. ”

Je n’aime pas trop le fait qu’on se lance à l’aveugle, sans savoir où on va, ni qui on doit rencontrer. La brume ne me dit rien qui vaille parce qu’on ne pourrait même pas voir un gars de la milice arriver, mais maintenant qu’on est là ce serait débile de rebrousser chemin, surtout vu le montant à la clé… Je jette un œil au traceur d’Easelan :

Ellie : "On devrait éviter de passer tout droit, c’est ce qu’ils s’attendraient à ce qu’on fasse. Perso j’ai pas envie de croiser la milice alors qu’on vient récupérer un colis mystérieux auprès de quelqu’un dont on a même pas le nom entier. Faisons un petit détour, juste au cas où. Au pire des cas, tout est chargé alors ça gaz ! ”

Je lui fait un clin d’œil et pars chercher la moto à l’arrière du vaisseau. Je grimpe dessus et ressort de là en faisant un petit dérapage quand je m’arrête devant mon petit frère, entraînant un petit panache de poussière pour le style. Les mains sur les poignées, je le fixe par-dessus mon masque avec un air malicieux :

Ellie : " Est-ce que tu me laisse le plaisir de piloter ce bijou, p’tit frère ? ”

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Je lance un grand sourire à mon petit frère pour accompagner ma demande, puis éclate de rire en entendant sa réponse.

Ellie : "Hahaha, j’aurais essayé !”

Je me décale vers l’arrière de la moto et le laisse s’installe devant moi, puis passe un bras autour de sa taille pour m’accrocher à lui. J’attrape le traceur de l’autre et garde un œil sur la carte pour guider Easelan à travers la brume. La lumière des phares ne passent bientôt plus à travers et l’écran blanc qui nous fait face sème un peu le doute dans la direction qu’on doit suivre. Je rive mon regard sur l’écran du traceur et repère notre destination par rapport au sens indiqué par la flèche de notre position.

Ellie : "Il faut aller vers la droite, à deux heures. Fais attention par contre, on va quitter la terre ferme.”

La noirceur de la nuit illumine les rainures de nos combinaisons et j’essaye d’observer la moindre forme aux alentours. On continue de progresser à l’aveugle dans ce brouillard épais et, alors qu’Easelan suit mes indications et tourne à droite, je lui hurle dans les oreilles :

Ellie : "STOOOP !!!!! On y est ! ”

Je baisse la tête pour observer le traceur, puis l’eau sous la moto avant de froncer les sourcils.

Ellie : "Enfin, on est pile sur le point. Va falloir plonger…”

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Ellie : "Ahah, désolée, c’est l’excitation du moment ! ”

Je réponds à son froncement de sourcil par un sourire digne des pubs pour dentifrice, mais change vite de tête quand m’arrache le traceur des mains. Bah vas-y, dis que je suistrop idiote pour lire une carte aussi ! Je lève les yeux au ciel en souriant tout de même, parce qu’il tire une tête de trois pieds de long et que ça me fait toujours rire. On a peur de se mouiller, hein Eas’ ?

Je m’accroche à mon petit frère le temps que la moto passe en mode subaquatique, puis le lâche pour l’imiter avant submerssion. Il ne faudrait pas qu’on s’éclate les tympans avant de dégoter cette fichue cargaison. Bonbonne d’air activée, on a trois heures avant de remonter. Il faut donc penser stratégie et là, plus de place pour la rigolade. Je jette un œil à la grotte que me signale Easelan et acquiese.

Ellie : "Je pense que c’est par là, il n’y a rien d’autre a proximité qui puisse être plus parlant comme point de rendez-vous. Approche-toi tranquillement, je regarde autour. ”

Entre la surface et la grotte, sur notre moto, on en a pour a peine 10 minutes de trajet. Par contre si on doit sortir de là en nageant pour retourner à la surface, ça devrait nous prendre facilement le double. Ce serait encore pire si on avait gardé nos vieilles combis sans propulsion dans les pieds. Là au moins, on nage plus rapidement avec les nouvelles. Donc sur nos 3h d’autonomie, ça nous laisse 2h30 à l’intérieur de la grotte si tout va bien, 2h si on veut rester large et ne pas en venir à suffoquer pendant la remontée. Venir à manquer d’air pendant qu’on nage, c’est le meilleur moyen de paniquer et d’y rester.

Je fais part de tout ça à Easelan pendant que mes yeux balayent les environs, mais il ne semble pas y avoir de menaces environnantes. Je crois que tout va se passer à l’intérieur, si toutefois menace il y a.

10 minutes plus tard, nous voilà devant l’entrée de la grotte. Easelan approche tranquillement avant de se stationner au sol, avançant de quelques mètres. La pesanteur à l’air d’être différente maintenant qu’on est à l’intérieur, entourés par les parois. Comme si se sentait attiré par le sol de la grotte, qu’on pouvait poser pied à terre, à la différence qu’on est complètement immergé. J’observe rapidement la configuration de la grotte, puis regarde derrière moi.

Ellie : "L’entrée n’a pas l’air de pouvoir se refermer sur nous, c’est déjà ça. ”

Et alors que je me retourne, je remarque un peu plus loin devant un objet que je n’avais pas remarqué de prime abord. Une caisse de 50x50, qui tressaute un peu sur le sol. Et un mec qui sort d’un coin de la galerie, comme un vendeur louche qui sort de l’ombre.

Ellie : "Ah, voilà qui devient intéressant. ”

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J’observe le gars sortir de sa planque et le scrute en détail. Je ne sais pas de quelle race il est, mais son physique me fait penser à ces créatures viles et sournoises dont parlait certains mercenaires de la Station. Ces créatures prêtes à tout pour de l’argent ou… un peu d’action dans leurs journées.

Ellie : "Ouais Eas’, c’est notre colis. ”

Et quelque chose me dit qu’il ne nous le laissera pas le prendre et repartir tranquillement. Je plisse les yeux et tourne la tête pour regarder derrière nous, mais à ce moment là une EMP agite les ondes qui nous entoure. Je suis à moitié sous le choc, mais je sens l’électricité s’accumuler dans mon corps et si je ne fais rien, je sens que je vais saturer. J’me tourne vers Easelan pour qu’on s’équilibre, mais je remarque qu’il est complétement bloqué, au bord du KO technique. Je grimace en essayant de bouger pour poser la main sur lui et lui lancer une décharge, mais je galère. Je galère et ça me donne des électrochocs dans le bras au fur et à mesure que je le tends, mais j’peux pas le laisser dans cet état, le laisser s’évanouir. Qui sait ce que des enfoirés comme le mec au colis feraient à mon petit frère ?

Ils ne poseront jamais un doigt sur lui, c’est la promesse que je me suis faite quand nos parents sont partis, et je la tiendrai jusqu’à ce que je m’éteigne. Personne n’aura mon petit frère tant que je serai là, parole d’Ellie. Alors j’fais le mieux que je puisse faire pour aider mon frère. On fonctionne à l’opposé lui et moi, si l’EMP m’a gonflée à bloc au point d’être aussi crispée et chargée, il doit être KO et les batteries vidées. Je grimace, hurle alors que ma peau se crispe et quand j’arrive enfin à le toucher, je lui largue de l’électricité qui passe dans son corps, comme pour le recharger de l’énergie que l’EMP a dû lui enlever.

Ellie : "AAAAaarrrrghhhhh ! ”

Ça me fait revenir à un état à peu près tenable, même si je sens encore mes muscles tendus et crispés, et tourne la tête vers l’autre enflure qui s’est approché de nous entre temps. Je le fusille du regard et tend difficilement le bras devant moi, ayant attrapé mon blaster entre temps. Ma phrase est hachurée par les spasmes, alors que de petits arceaux électriques s’échappent de ma peau :

Ellie : "T’as… 5 foutues minutes… pour nous filer ce co… ce colis ou je t’explose la… tronche.  ”

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