Depuis le naufrage, Guy se sent assez chanceux. Oui, chanceux d'avoir survécu, chanceux d'avoir été secouru par la belle Max. Il arrive à rester positif malgré la situation et à trouver du réconfort auprès des gens. Ce n'est pas comme s'il s'était retrouvé seul sur une île déserte. Ils sont plusieurs dans la même galère ! Et puisque chaque survivant doit désormais contribuer à la survie du groupe, Guy se porte volontaire pour aller pêcher des mollusques près des récifs qui bordent la plage. Il invite sa sauveuse à l'accompagner.
- Hey ma beauté des îles, ça te dirait une petite balade à la plage ?
Je regarde à droite, puis à gauche. Il me parle vraiment là ? Pfff. Je suis partagée entre l'envoyer promener et d'accepter son offre. Je crois que les deux sont possibles. Je mets ma main en visière et je lève la tête. Guy brille par sa présence... Littéralement. En guise de première réponse, j'hausse les épaules.
- Tu dois vraiment être désespéré ou déshydraté pour dire que je suis une beauté des îles...
Je pousse un long soupir, puis, je me lève lentement, m'étirant au passage. Oui, j'ai besoin de faire quelque chose, même si c'est avec Guy. Je crois qu'en ce moment, je ne peux pas rester assise à ne rien faire. Je n'ai pas envie. Pas envie que l'on m'observe que l'on dise que je fais rien. Et la compagnie de Guy me semble beaucoup plus intéressante que celles de beaucoup d'autres.
... Mais je veux bien aller me balader avec toi.
Je passe un mèche de mes cheveux derrière mon oreille, je commence déjà à aller en direction de la plage.
En temps normal, la réponse de la demoiselle ressemblerait à une claque à la figure, mais dans ce contexte, Guy le prend bien. Il lui répond simplement et honnêtement :
- Mais justement, si tu viens avec moi, je serai revigoré !
Max se lève quand même et se joint à lui. Le temps de quitter le campement et d'arriver à la plage, Guy veut discuter un peu avec elle, notamment pour lui remonter le moral. Il n'est pas devin mais sent bien que sa sauveuse n'a pas le même enthousiasme que lui. Il veut voir ce joli minois sourire. C'est son objectif du jour. Il commence par dire quelque chose de banal.
- J'espère qu'on trouvera quelques bernard-l'hermite, des moules ou pourquoi pas des huîtres ! Tu sais comment pêcher ces trucs-là ? Je peux t'apprendre si tu sais pas.
Il me lance encore une espèce de phrase de lover, cette fois-ci, je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel. Il est vraiment désespérant ce Guy quand il veut. C'est peut-être pour cela que je l'apprécie tout de même.
Il se met à parler de pêche. Je dois admettre que depuis que je suis ici, je n'ai jamais vraiment pris le temps d'aller chercher de la nourriture. J'ai fait d'autres trucs, mais pas ça. Ce n'est pas très grave en soit, mais je ne crois pas avoir des dons exceptionnels en ce qui concerne la pêche à mains nues.
- Les bernard-l'hermite ce n'est pas dangereux, avec leurs pinces et tout ? 'Fin, je veux bien que tu m'apprennes, je n'ai pas l'habitude de pêcher sur une île perdue comme celle-ci...
Habituellement, c'est plutôt avec une canne à pêche que je fais de la pêche. Parce que c'est quelque chose de très logique. Il m'arrivait quand je faisais du camping d'en faire quelques fois. C'est quand même relaxant. Je secoue rapidement de la tête, il vaut mieux ne pas penser à tout que ce nous faisions avant. Je suis assez déprimée comme ça.
Au moins, Max a encore le goût de bavarder, ce qui fait plaisir à Guy. Il la rassure rapidement à propos du petit crabe, même des enfants peuvent y arriver. Guy est, pour ainsi dire, en passe de devenir un presque-pro de la pêche aux mollusques et crabes à force de faire ça ! De coup, il est plutôt confiant et ne le cache pas.
- Non, c'pas si difficile que ça. Le plus dur c'est d'en trouver. Et si ça t'effraie, je m'en chargerais, t'en fais pas ! Après tout, je sais faire que ça depuis qu'on a débarqué ici.
L'avantage de cette pêche est qu'ils peuvent pêcher « à la main ». Bon, bien sûr, il faut faire attention à certaines bestioles et aux huîtres qui coupent comme des lames de rasoir, mais c'est pas comme s'il espérait en trouver des masses. Guy est équipé d'un bâton pointu, quelques cordages avec drapés fins faisant office de filet de fortune et un sceau assez amoché mais toujours en état de servir.
Ils avancent en restant proches de la mer mais évitent les massifs rocheux où les vagues viennent s'écraser. Ils atteignent les récifs plus calmes en un quart d'heure environ. Guy tente maintenant d'apprendre à Max comment dénicher des mollusques.
- Bah en fait c'est simple, tu soulèves des rochers comme ça et tu regardes s'ils y a des coquillages. Pour les bernard-l'hermite, essaye plutôt les rochers comme ça mais tu peux juste secouer et ils sortiront tout seul, ça t'évitera d'écraser d'autres bébêtes sans le vouloir.
Sa manière d'expliquer est clairement naze mais tout est très clair dans sa tête donc il ne s'en rend pas compte.
Il tente de se faire rassurant en me disant que ce n'était pas quelque chose de bien compliqué. Je dois admettre que j'espérais de tout coeur que ce soit le cas. Pour le moment, je lui réponds simplement :
- Bon. Si ce n'est pas si difficile, je veux bien essayer.
Je ne veux pas qu'il pense que des créatures marines pourraient m'effrayer. Ok, peut-être que si je vois un requin tourner autour de nous, je dois admettre que je vais paniquer. Qui ne le ferait pas, après tout ?
Le reste du voyage se fait assez silencieusement. Je regarde autour de moi, préférant ne pas dire grand-chose. Je ne sais pas ce que je pourrais raconter. Toutes les choses que je pourrais dire en tant normal, des phrases bidons, faire de l'humour, tout ça me paraît si lointain, si inaccessible. Je ne sais pas comment Guy fait pour garder le sourire, comme il fait pour être aussi optimiste. Je le toise un moment, ne trouvant pas les mots. J'ai seulement mon coeur qui se met à battre beaucoup plus rapidement, mon cerveau cherchant une solution logique à tout ce qui se passe depuis près de deux semaines.
Cependant, je n'y arrive pas.
Mes yeux se perdent vers l’immensité de l'étendu d'eau qui se trouve aux alentours. Quelle idée avons-nous eu d'embarquer sur ce bateau ?
Je pousse un nouveau soupir, il vaut mieux ne pas poser cette question sans réponse. Il vaut mieux penser à l'immédiat, c'est peut-être mieux, non ? D'ailleurs, Guy m'explique du mieux qu'il peut la tactique afin de pêcher les petites créatures. Je le regarde, perplexe, pas tellement certaine de comprendre ce qu'il attend de moi. Je ne manque pas de lui faire la remarque, lançant un :
- Je ne suis pas certaine de comprendre. Je préférais te regarder faire d'abord. Je le ferais ensuite.
C'est la solution la plus simple. Ainsi, je pourrais être certaine de ce qu'il veut et nous allons pouvoir tremper nos pieds dans l'eau.
Alors là, Guy fait la grimace car il ne comprend pas qu'elle en comprenne pas ! C'est pourtant super clair (comme de l'eau de roche). Il la dévisage de son air stupéfait. Puis bon, il se gratte la tête et réfléchit plutôt à comment lui enseigner la pêche. La pratique plutôt que la théorie, comme on dit ! Guy la détaille vaguement puis il remarque un détail assez poche. Le blond se frotte alors le menton et pose sur elle un regard vraiment pervers.
- Ah ! Mais avant ça… Tu dois enlever tes vêtements, sinon ils seront trempés.
Il compte bien se rincer l'œil, après tout. Et le conseil valait aussi pour lui. Il retira son haut et son short, désormais en slip et prêt à partir à l'aventure ! Enfin, à pêcher. Il mit ses affaires de côté et commença à entrer dans l'eau.
- Allez, je t'attends !
Il attend surtout qu'elle enlève ce haut, qu'elle se mette à l'aise.
Il grimace et je ne peux pas m’empêcher de rigoler. Malgré tout le sérieux dont je peux faire, ses mimiques me font rire. Il va peut-être mal le prendre, dire que je moque de lui, mais je m’en fiche, c’est quand même de bon coeur.
Cependant, je désenchante rapidement. Moi!? Retirer mes vêtements!? Et bien dis donc, Monsieur Guy, on se moque de moi peut-être!? Je sais pertinemment qu’il me dit ça uniquement pour se rincer l’œil. Je ne suis pas une idiote, je vois clairement dans son jeu. Pfeuh. Surtout avec le petit air qu’il fait! Je ne suis pas venue ici, avec lui sur le bord de la plage pour faire ce genre de choses sales. Enfin, ce n’est pas sale, c’est normal, mais selon les circonstances, ce n’est pas très tentant.
Guy n’attend pas et il se dévêt, visiblement, il n’est pas gêné ce monsieur. Puis avec sa face de crasse, je ne peux pas le prendre au sérieux en ce moment. Il va devoir faire attention le monsieur s’il ne veut pas finir noyé. Ce serait vraiment dommage.
Ou pas.
Sans m’attendre il va déjà vers l’eau. Bon, il ne regarde pas dans ma direction, mais il vaut mieux ne pas prendre de risques.
- Tu es mieux de ne pas regarder. Sinon je te noie.
C’était sec, tranchant et sans appel. S’il osait regarder, il allait s’en manger toute une. Et même deux! Je ne serais pas tendre avec lui. Bref, je m’éloigne légèrement et retire mon t-shirt et mon short, me sentant particulièrement intimidée à l’idée que l’on me voit ainsi vêtue. Ce n’était pas l’équivalent de porter un bikini? La logique voudrait que oui, mais mon inconscient n’y parvenait pas. La lingerie avait un côté sexy en plus je crois.
Il faudrait demander à Guy, il doit s’y connaître plus que moi dans le domaine. Quoi qu’il semble être du genre à s’émoustiller pour l’un comme pour l’autre.
Ouais, Guy est loin d’être une bonne référence.
Mes vêtements déposés non loin de ceux de Guy, je ne perds pas de temps pour le rejoindre à l’eau. S’il avait été plutôt lent pour s’immerger, pour ma part, j’y suis allée en courant, peut-être qu’il a vu mon petit sourire au bord de mes lèvres? J’aime l’eau et la mer, malgré que c’est un peu de sa faute si nous sommes coincés sur cette île de merde.
L'eau est d'abord plutôt froide, provoquant une réaction vive de la part de Guy. Il grimace puis se plaint comme une tapette. De son côté, Max lui déconseille de la regarder mais c'était sans compter que le monsieur avait déjà les yeux rivés sur les meilleurs atouts, analysant du regard chaque partie sensible de son corps de beauté. Ouh, cette lingerie, mamma mia ! L'image de la jolie blonde passe dans sa tête comme ces pubs de shampoing, au ralenti, avec musique exotique. Ou encore CJ de Baywatch courant sur le bord de la plage, remontant ses cheveux qui se balancent. Aaaahhh mais un rayon de soleil vif se reflète sur l'eau miroitante et l'aveugle momentanément, l'empêchant de profiter du spectacle au moment où elle se penche pour baisser son short et que sa poitrine se compresse sur son torse bombé ! Et la voilà à l'eau. Zut, la nature est contre lui.
Il boude et ça se voit assez sur sa tronche, mais bon. 'Faut travailler maintenant. Il s'en remet vite. Guy s'aventure un peu plus dans l'eau, jusqu'à l'avoir au dessus de la taille.
- Ok, suis-moi !
Le blondinet s'arrête près de quelques roches.
- Alors voilà, regarde, tu te mets comme ça dos au soleil, histoire de faire de l'ombre au rocher. De cette façon, tu peux voir ce qu'il y a sous l'eau.
L'eau qui entoure l'île est très limpide et, dans ce coin, les récifs empêchent l'eau d'être trop agitée par les vagues. Le problème, c'est le soleil qui tape sur l'eau comme sur un miroir. Se mettre devant le rocher permet donc de voir ce qu'il y a sous l'eau.
- Maintenant, tu vois, y'a des sortes de coquilles accrochées sur certains rochers. Il te suffit de les attraper rapidement, hop !
Il lui montre l'exemple en attrapant un petit mollusque.
- Et c'est tout, c'est pas très compliqué ! Je te laisse faire ça, moi je vais un peu plus loin pour chopper des étoiles de mer. Ah et tu fais attention avec les moules, ça coupe comme des rasoirs ! Utilise une pierre pour les déloger et les ramasser.
Après lui avoir expliqué, Guy ne lui laisse pas le temps de répondre, il est à nouveau persuadé que c'est acquis maintenant qu'il lui a montré. Il s'éloigne un peu et commence ses affaires de son côté.
Il a quoi soudainement, le Guy ? Il a une de ces petites mines boudeuses. En vrai, ça lui donne quand même un air mignon et enfantin. Ce genre d’air qui te donne envie de lui pincer les joues ou encore de lui faire un câlin. Dans mon cas je pencherais plutôt pour la première option. Juste parce que ça l’embêterait.
Je le suis, comme il me l’a demandé, je me place près des roches, écoutant son speech. En vrai, c’est mieux expliqué cette fois-ci, je saurais comment faire sans problème. Je ne suis pas idiote quand même. L’eau est jolie, on voit le sable, enfin… Quand il n’y a pas trop de soleil. L’idée de faire de l’ombre aux rochers, ce n’est pas bête parce que sinon, c’est vrai que l’on ne voit rien. Dans un autre contexte, j’aurais adoré cet effet de miroitement. En ce moment, je m’en passerais. Mais bon, d’un autre côté, vaut mieux trop de soleil qu’une pluie super intense.
Il suffit d’attraper les coquillages et faire attention pour ne pas se couper. En vrai, c’est vraiment important de ne pas se couper, une infection est si rapidement arrivée. Une fois qu’il a terminé ses explications, il s’éclipse déjà, mais je m’exclame tout de même ;
- Compris, chef ! Je ferais attention.
Ces paroles lancées, je commence à attraper du mieux que je peux les mollusques que je vois. Je ne me sens pas des plus à l’aise, je crois que j’aurais dû garder mon t-shirt finalement.
Guy s'éloigne de Max, atteignant presque là où il n'a pas pied. C'est dangereux pour lui mais c'est seulement à cette limite que se trouvent les étoiles de mer. Il prend une grande inspiration puis il plonge sous l'eau. Enfin, il plonge pas vraiment, il se baisse pour s'immerger quoi. Il ouvre ensuite les yeux, tout doucement, et ça lui pique comme pas possible. Il y voit à peine !
Guy traque les étoiles de mer comme un prédateur sous-marin et il parvient à une chopper une. Fier de lui, il se hâte de remonter à la surface. Sauf qu'il se prend un rocher adjacent dans la tête. Un bon gros coup qui finit par l'assommer. Puis, il part à la dérive, flottant sur l'eau raide mort, emporté par le courant.
J’ai réussi à pêcher quelques mollusques. Je suis quand même fière de moi. Je ne sais pas à quel point notre repas sera bon ce soir grâce à nous deux, mais je me dis que si ça ne finit pas cramer à cause d’un idiot qui ne sait pas faire de la braise et qui met le tout dans le feu, il y a quand même un peu d’espoir. Pour me motiver un peu, je chantonne une vieille chanson que ma mère avait l’habitude de me chanter alors que j’étais assez jeune, une chanson qui parle d’aventuriers qui sont en quêtes de nouvelles aventures.
Après un petit moment, je me rends compte que tout est calme. Je fronce les sourcils. Comment ça c’est SI calme que cela. Il y a clairement anguille sous roche, je peux le parier. Je lève la tête et je regarde autour de moi. Sauf la mer qui fait ses vagues habituelles, je ne vois plus du tout Guy. D’une voix forte, je l’appelle :
- Guy ? Guy ! Si c’est une blague, ce n’est vraiment pas drôle !
Aucune réponse de sa part… Je serre les dents. Mais il est où ce dude à la fin !? Il me saoule à faire des conneries en tout genre, il m’énerve et me fait chier. Je finis par voir une main, puis son bras. Mes sens sont en alertes, je comprends rapidement qu’il s’est passé un truc, je fais quelques pas dans l’eau, voyant qu’il ne bouge pas encore.
Sans attendre, je me mets à nager rapidement jusqu’au corps inerte de mon ami et je ne peux pas m’empêcher de dire :
- Pff… J’en peux plus, tu fais toujours des bêtises…
Je le prends contre moi, je cherche à voir s’il respire toujours. Conclusion : c’est toujours le cas. Bon, un mort de moins, c’est déjà ça. Je l’examine rapidement et je me rends compte qu’il y a du sang dans l’eau… Et s’il y avait des requins à proximité !?
Il faut que je le bouge de là. J’ai vu que le sang vient de sa tête, je me dis que ça peut être grave, mais on n’est pas dans Baywatch merde ! En tout cas, je n’ai pas la shape pour y être. Mécontente, je m’exclame, même s’il est inconscient :
- Espèce d’idiot, t’a pas le droit de crever tout de suite !
Je proteste, puis je le prends en dessous des bras et je le ramène vers la plage. Je fais attention à ce qu’il ne se noie pas… Pas encore. Je suis un peu découragée de le voir ainsi, il fait quand même pitié à voir comme ça. De peine et de misère, je le sors de l’eau saline et je le dépose sur la plage, à un endroit qu’il n’y a pas trop de roches ou de coquillage qui pourrait le blesser. Perplexe, je le regarde un moment. Il ne semble pas s’être noyé, du coup, le bouche à bouche n’est, heureusement, pas utile. Par contre, je ne sais pas ce que je peux faire mise à part qu’il prenne conscience. Le saignement qu’il a, au niveau de sa tête est fort léger et a presque cessé.
Je m’assois dans le sable et j’attends donc. Je fais de mon mieux pour paraître calme, même si, intérieurement, je suis terriblement inquiète pour lui. Je me penche vers lui… Je veux seulement m’assurer qu’il respire bel et bien. J’ai soudainement envie de le secouer, de le gifler, en soi, faire tout ce qui est possible afin de le réveiller.
Le noir. L'obscurité. Un coup de travers est si vite arrivé. Cette perte de connaissance a été si soudaine. Guy a une absence, il pense à rien. Donc quand il se réveille, c'est en en sursaut, la panique totale qui le prend jusqu'aux tripes comme une âme qui revient dans son corps. Il recouvre ses sens, ouvre les yeux et se relève brusquement en tirant une très grande inspiration ! Dans le feu de l'action, Guy réussit à se cogner tête contre tête avec Max qui s'est penchée pour le secouer. Le choc fait mal et le remet K.O. le temps de quelques secondes. Bien joué ! Il gémit de douleur mais se met à rire frénétiquement parce qu'il réalise la boulette. C'est un rire vraiment nerveux. Il se calme au bout de quelques minutes et il regarde Max, toujours allongé, le visage très redevable, sincère.
- C'est dingue ça, tu me sauves toujours.
Un mal de crâne le prend, une douleur à l'arrière de la tête. Guy grimace et tâte là où ça le lance. Il regarde ses doigts humides et il voit... un peu de sang. Il bondit pour se redresser, en criant !
- WOWOWO ! Je saigne de la tête ?!
Il touche encore une fois la plaie. Ça lui picote toujours mais le sang entre ses cheveux semble déjà coaguler. Il fait une sale tronche en passant délicatement ses doigts dessus. C'est que ça a l'air moche au toucher. Guy dévisage Max en faisant une moue de mec dégoûté qui ne sait pas s'il lui reste beaucoup de temps à vivre.
Alors que je me dis qu’il serait peut-être le temps de le gifler – et en vrai, je suis certaine que cele me ferait un bien immense – j’entends un « pock », puis une immense douleur au front m’assaille. Je pousse un immense grognement, m’écartant du Guy au bois dormant, massant mon front au passage. Il se mit à rire comme un mongol. Il rit nerveusement, alors que je le regard, d’un œil noir. Je n’arrive pas à rire. Alors qu’il se calme, il me dit que je suis encore sa sauveuse. Bah ouais, dude, y’a pas trop le choix, visiblement, tu es incapable de faire attention à toi-même, je n’y peux rien quoi !
De mauvais poil, je le gifle. Le coup est parti tout seul. Je m’exclame :
- Ne refais plus jamais ça, espèce de crétin !
Je me détourne et m’éloigne. Je ne veux pas qu’il voit que j’ai les yeux remplis d’eau et que j’ai envie de chialer ma vie parce qu’il m’a fait peur. Déjà que ma voix était tremblotante, cela lui a probablement mis la puce à l’oreille. Alors que je marche d’un pas rapide, je m’arrête un instant pour essuyer les larmes qui brouillent ma vue. Stupides larmes ! Je récupère rapidement le sceau dans lequel j’ai mis tous les mollusques que j’avais « pêché » tout à l’heure.
Puis, je reviens vers Guy, toujours aussi de mauvaise humeur. D’un ton cassant je lui dis :
- Allez, on rentre, on ira voir quelqu’un qui a les premiers soins pour soigner ta blessure. On laisse faire les étoiles de mer et compagnie, j’ai ramassé des mollusques, ça devrait suffire pour aujourd’hui.
Encore trempée, je m’en vais tout de même chercher nos vêtements et reviens de nouveau vers Guy pour lui lancer les siens. Sans attendre plus longtemps, je prends la direction du campement, ne souhaitant même pas lui parler.
Il n’avait qu’à pas essayer de crever encore, celui-là !
Ouh là, elle est fâchée ! Guy se prend une bonne gifle et il la sent passer mais ne dit rien. Il sourit amèrement après le geste car il sait qu'il vient de merder. Il se repose bien trop souvent sur elle depuis le naufrage. Néanmoins, quand elle se lève furibonde pour s'isoler, il tente de la retenir, en l'appelant d'un ton plaintif et désolé.
- Mais, Max...
Elle l'ignore. Il la regarde s'agiter et rassembler leurs affaires. Rapidement, elle lui tourne les talons, toujours aussi contrariée. Guy se rhabille à moitié, n'enfilant que son short puis il presse le pas pour rattraper la belle blonde. Alors qu'elle lui tourne le dos, il arrive à proximité d'elle et l'attrape dans ses bras, les enroulant autour des épaules. Bon, ça parait être une étreinte de vieux pervers mais Guy l'accompagne par des mots doux.
- Excuse-moi Max, j'ai pas assuré. Je te promets que je veillerai toujours sur toi.
Son étreinte est rassurante, sans geste déplacé. Sa voix est tranquille et bienveillante. Il est plus que sérieux quand il lui sort ça.
Je marche, déterminée à arriver au campement le plus rapidement possible. Guy a besoin de voir quelqu’un qui s’y connait dans les premiers soins. Je ne crois pas que sa blessure soit particulièrement importante, mais je ne veux pas qu’elle s’infecte et ça c’est très important. Je marche, les sourcils froncés, j’ai mal au crâne, je fixe le semblant de sentier.
Par contre, un mouvement me fait arrêter, des bras qui m’entourent, m’empêchant d’aller plus loin que cela.
Je laisse tomber le sceau de mollusque – il a tombé bien droit, heureusement –, alors que je sens l’étreinte de Guy contre moi. Pendant un moment, je fais tout ce que je peux pour rester fâchée, faire la méchante, je cherche des mots durs à lui dire, je cherche à lui dire que je le déteste qu’il mérite justement de crever toutes ces fois, mais…
Mais je n’y arrive pas.
Mes épaules s’affaissent, les yeux se remplissent de larmes à nouveau. Je ne voulais pas lui montrer que je suis faible, je ne voulais pas lui dire que je me soucis de lui, mais l’entendre dire qu’il veut veiller sur moi et qu’il le fera toujours m’a absolument chaviré le cœur. D’une voix cassée, je m’ouvre à lui :
- Je ne veux pas que tu partes… Je ne veux pas que tu me laisses toute seule ici… J’ai besoin de toi, Guy…
Il est l’une de ces rares présences depuis le naufrage qui m’est rassurante. Et en plus de cela, je me sens terriblement responsable de lui, alors que nous nous connaissons à peine. C’est peut-être parce que je lui ai sauvé la vie une première fois lors de ce moment de catastrophe. Je ne sais pas en réalité, je me fais tout simplement du souci pour lui, je m’en fais beaucoup trop pour lui.
Mes larmes coulent sur ses avant-bras, je finis par me retourner afin de lui faire face et cacher ma tête dans le creux de son cou, le serrant également contre moi. Il va certainement en profiter, compte tenu que je n’ai rien enfiler par-dessus mon « maillot de bain », depuis que je l’ai quitté en trombe. D’une petite voix, pas trop assurée, une voix qui me ressemble fort peu je lui dis :
- Je… Je m’excuse, je ne voulais pas te faire de mal…
J’étais juste morte d’inquiétude, mais ça, je le garde pour moi.
Max se met à pleurer, elle se laisse aller et craque. Guy ne se moque pas, il se contente de la rassurer. Elle vient se blottir contre lui et Guy ne s'y refuse pas. Il n'en profite pas non plus pour passer ses mains baladeuses (même si ça lui a traversé l'esprit et que son deuxième cerveau le lui disait). Le blond lui caresse plutôt les cheveux tout en collant sa joue contre la tête de Max. Il la chouchoute pour la laisser exprimer son chagrin, ses craintes. Il est vraiment attendri par ce qu'elle finit par raconter. Et ça ne le met pas mal à l'aise. Du tout ! Toute larmoyante qu'elle était, il la trouvait attachante. C'est pas pour rien qu'il reste collé à elle. Le bikini ne fait pas tout, hé ouais ! Il attrape Max par les épaules pour se défaire d'elle puis il prend son visage dans ses mains. Là, il colle son front contre le sien et lui lance un regard confiant, serein.
- T'en fais pas. On veille l'un sur l'autre.
Puis, il dépose un bisou sur le front de Max pour la consoler et sceller cette promesse.
Il ne veut pas trop la chambouler (ou passer pour un opportuniste) alors il retrouve rapidement son entrain ordinaire. Il ramasse le sceau puis se dirige nonchalamment vers le camp, attendant d'abord que Max emboîte son pas. Ensemble, ils regagnent le groupe et bien que leur pêche ait été maigre, ils finissent pas passer le reste de la journée ensemble et poches.
