Jamais je n'aurais cru avoir à le lui dire comme ça. Et moi-même, je ne pensais pas pouvoir mettre des mots sur cette frustration. Ce que je cherche, c'est pas forcément son amour - je sais qu'il en a pas à donner et je suis foncièrement incapable de l'apprécier moi non plus -. Non, au final, j'ai toujours désiré qu'il me reconnaisse parce qu'en un sens, ç'aurait voulu dire que moi aussi j'ai une place dans ce monde qui me répugne. Malgré ça, mes intentions sont trahies, me sentiments sont corrompus et je passe pour un fils en manque d'affection. Volac me le fait bien comprendre d'ailleurs. Au fond, c'est mieux qu'il pense ainsi. Je refuse qu'il perçoive mon mal-être.
Ce sale type me file entre les doigts. J'ai à peine le temps de me relever que je le vois me saluer avec son geste ringard. Enragé, je grince des dents puis je frappe du poing au sol.
- ET M*RDE !
Ça m'insupporte qu'il ait sans arrêt le dernier mot. C'est moi qui aurais dû le planter là. Pourquoi est-ce que j'suis pas foutu de lui faire entendre ma voix ? Comment j'suis supposé le soumettre comme ça ? J'ai une bien grande gueule. Mes ambitions dépassent ma pensée. Ma mère m'avait pourtant averti.
Ma mère... Valeria.
J'ai beau dire, je me souviens plus tellement d'elle. Mes souvenirs d'elle s'effacent et mon quotidien morne à la cité la remplace. Mais ce dont je me rappelle encore, c'est de ses mots qui me décrivaient mon père. Maintenant que j'y pense, c'était comme si elle avait voulu me mettre sur la trace de Volac. Peut-être parce qu'elle avait été trop lâche pour le poursuivre elle-même. Si j'suis une extension de mon père, alors j'en suis aussi de ma mère.
Je me relève péniblement et je me traîne jusqu'à ce foutu katana. Je regarde la lame souillée du sang de Volac. Des gouttes écarlates filent sur l'acier et me rappellent que même si ce démon est insaisissable, il n'est pas invincible. Je pourrais l'atteindre. J'essuie la lame avec ma manche, avant de la ranger dans son fourreau. Je me sens particulièrement mal, les coups et blessures de ce salaud de Volac me déchirent encore. Je pousse quelques gémissements et soupirs de douleur, tandis que je me hisse pour me relever, m'appuyant de mon katana.
Quittons cette pièce de malheur, je ne voudrais pas retomber sur le commandant, surtout après ce bazar.
