N’ayant rien de mieux à faire cet avant-midi, j’ai décidé d’aller faire quelques courses. J’entends déjà Adrian grogner de me ménager vu que la date d'Accouchement arrive à grand pas, mais je m’en fiche, j’ai besoin de bouger et… Si c’est trop lourd, je trouverai bien une âme charitable pour porter mes trucs. Je suis d’abord passé au supermarché pour acheter quelques ingrédients de base qui manquaient. Je suis ensuite passée à mon travail pour me réapprovisionner en grains de café et finalement, me voici à la boucherie. La viande y est toujours meilleure qu’au supermarché. Tout allait bien jusqu’à… Maintenant…. C’est moi ou tout le monde s’est donné rendez-vous chez le boucher aujourd’hui?? Je sais bien que la boutique n’est pas énorme, mais ça fait la file jusqu’à l’extérieur et moi… J’arrive au bout de cette file… J’y crois pas! En plus, on dirait que les clients sont pas décidés ou je ne sais pas quoi, mais ça n’avance pas vite! cela fait déjà 10 minutes que j’attends en file et on a avancé à peine de 3 clients. J’ai beau être en forme, je n’ai pas ma forme habituelle. La planète qui me sert de ventre commence à peser et les sac à se faire étrangement lourds. J’aurais dû m’asseoir un moment avant de faire la file ici, mais là c’est trop tard, si je prends une pause, je vais perdre ma maigre avance… Je lâche un long soupire et des pensées s’échappent malgré moi.
Jour de repos aujourd’hui, et quoi de mieux à faire ? Des courses. Dans leur colocation, il avait été acté que Gabriel s’occupait des repas – même si finalement, il mangeait plus souvent des restes en rentrant de son travail qu’ensembles. Aussi, il préparait des lunchbox avec des petites étiquettes pour Elio : nom du plat, jusqu’à quel jour consommé. Ca ne le dérange pas, il aime cuisiner. Et puis, il faut bien qu’il montre ses bons côtés pour compenser son sale caractère.
Fort heureusement, la colocation se déroule sans accroches pour le moment. Gabriel se mit même à penser qu’ils étaient entrain de devenir potes, puisqu’ils s’étaient offerts un cadeau mutuellement à Noël. Ils leurs arrivaient parfois de manger ensemble, de jouer à un jeu à l’occasion… Mais avec leurs rythmes différents, parfois ils ne se voyaient pas beaucoup. Car Gabriel avait retrouvé un travail ! Dans un petit resto familial, tenue par une mamie. Il avait été d’abord embauché comme plongeur, mais était rapidement passé sous chef. Le chef était un vrai crétin, et ses nerfs étaient mis à rudes épreuves chaque jour. Cependant, il tenait bon. La bonne vieille femme n’hésitait pas à lui taper derrière la tête lorsqu’il s’énervait. Elle lui rappelait sa grand-mère.
La femme devant lui par contre, lui rappelait sa sœur. Est-ce que Sarah va ressembler à ça dans quelque mois ? Avec un bide pareil ? Il digérait toujours mal l’éloignement de sa jumelle, et sa grossesse restait flou, puisqu’il ne la vivait plus au quotidien. Il l’entendit raler et fut prit d’un élan de compassion. Il lui tapota l’épaule et lui dit :
- Tu sais, tu peux passer devant avec ton…
Incident diplomatique in coming.
- Comme t’es enceinte, quoi. Tu veux que je t’aide avec tes sacs ?
Bon. On me tapote l’épaule. Quoi encore? Si c’est pour me dire de prendre mon mal en patience et que tout le monde attend et donc que ça sert à rien de me plaindre, il peut bien aller se faire f- ... Ah? Passer devant? Porter mes sacs? Si j’ai faillit lui lancer un regard noir et meurtrier en me retournant, j’ai plutôt prit ma bouille innocente juste à temps. Je lui affiche même un regard plein de reconnaissance. C’est vrai que me faire porter mes sac que je commence à vouloir lancer à bout de bras, c’est super gentil.
-Oh! Euhm.. J’avoue que cela me soulagerait un peu...
Je lui tend alors en affichant un doux sourire et il les prends. Par contre il a parlé de passer devant... Mais... Je suis déjà devant lui?? Il est bête où quoi? Enfin, il n’as pas la tronche d’un imbécile... Mais.. Ce serait tellement bien et j’en aurait enfin fini. Je ne supporte plus corps, j’en peu plus. Cependant, je ne peux pas juste passer comme ça devant tout le monde. Ils vont me râler après et je passerai pour une ingrate et j’avoue que vu mes sautes d’humeur de plus en plus fréquente, face. leur frustration, je risque plutôt de me faire expulser plutôt que de me faire servir.
Je dévisage quelque seconde celui qui m’aide et j’ai soudainement une idée... Il est pas mal physiquement et il n’a pas l’air trop jeune.. Oui! Ça peut le faire! Espérons qu’il soit un minimum malin. Mais comme j’ai dit, il n’a pas l’air d’un imbécile.. Allé! Je tente!
-Mais.. Chéri, pour ce qui es de passer devant... Je ne peux quand même pas dépasser tout le monde, ce serait impoli... Puisque tu porte nos sacs, je suis bien capable de supporter encore notre bébé, même s’il se fait lourd...
Je le regarde, sourire en coin et lui fait un petit clin d’oeil en espérant qu’il saisisse l’astuce qui commence à marcher. Les gens se retournent pour voir où est la femme enceinte qui n’en peu plus mais qui fait sa forte. Je sens même les regard de compassion et remarque que certain commence à hésite. C’est la le truc pour éviter une prise de tête, faire croire aux gens qu’ils sont de bon samaritains et veulent d’eux même nous faire passer à l’avant. Espérons juste que mon instinct ne m’aie pas trompé et que mon porteur de sacs joue le jeu...
Gabriel prit les sacs, heureux de voir que les femmes enceintes n’étaient pas comme le dit la légende : susceptibles et hystériques. Le seul problème ? Il allait surement devoir la raccompagner à sa voiture, et adieu sa place. Il devait encore rentrer pour cuisiner pour Elio. Puisque c’était son jour de repos, ils allaient pouvoir manger entre coloc. C’était sympas, de manger ensemble à des heures décentes.
Un sourire naquit sur ses lèvres quand la femme enceinte semblait commencer une petite comédie. Quoi, elle n’ose pas les doubler simplement ? C’est son droit pourtant. Amusé, il dissimula sa joie et prit un air effaré.
- Mon pauvre amour… Ce doit être si pénible pour toi ! Hélas, j’oublie toujours la moitié de ce qu’il faut aux courses. Tout est de ma faute.
Il afficha une mine déconfite, de parfait stéréotype du mâle qui est incapable de suivre une liste de courses, qui essaye de bien faire mais qui « n’y peut rien ». Le genre de gars ayant sans doute été trop couvé par une mère. Ce n’était pas son cas, mais jouer la comédie pour rire, il savait le faire.
Il commença par regarder la dame juste devant eux, et une fois le contact visuel établi, en ajouta une couche :
- Pourriez-vous nous laisser passer ? J’ai peur qu’elle se surmène et fasse un malaise… Il est si lourd à ce stade !
Génial! Il entre dans mon jeu! Je ne pouvais pas mieux tomber. Je lui glisse subtilement un air ravie tout en restant dans mon rôle afin que ceux qui nous regardent continuent à croire au numéro. Je fais donc immédiatement une mine désolée lorsqu’il mentionne ne pas réussir à retenir la liste de course. Je le laisse donc enchainer, improvisant à la suite de ses propos. Il est sur le point de nous faire avancer d’une personne… Mmmm.. Nooon, on peu aller chercher plus. Je lui donne donc une petite tape sur l’épaule du revers de la main.
-Cheri! Franchement, j’ai dis, ça ne se fait pas se demander… Je.. Je suis capable d’attendre encore un peu…
Je me tiens le ventre un peu épuisée et les gens un peu plus loin commencent eux aussi à comprendre la situation. Une dame près de l’entrée nous fait alors signe de la main. Bingo!
-Mademoiselle, vous pouvez passer devant moi si vous le souhaitez
-Oh, c’est gentil mais je-
-Je vous en prie, je sais ce que c’Est d’être enceinte, Il ne faut pas vous épuiser pour le bien du bébé.
-V-Vous êtes certaine?
-Bien sûr! Allez! Passez!!
Je jette un coup d’oeil à mon chéri improvisé et offre un sourire entièrement reconnaissant à la dame dans l’encadrure de la porte et l’on s’avance légèrement à l’intérieur. Petit intérieur où il n’y a que deux clients devant nous. Enfin notre tour arrive et je prends les devant. Je commande donc ce dont j’ai besoin avant d’ajouter, toujours dans le rôle pour ne pas éveiller les soupçons.
-Si tu veux prendre des trucs en plus n’hésites pas mon amour! Je vais aller m’asseoir sur un banc dehors le temps que tu règles la note d’accord?
Je tends les bras pour lui agripper le coup et le tirer un peu vers moi pour atteindre sa joue et lui déposer un bise tout en profitant de lui chuchoter à l’oreille.
-Je te rembourserai dehors
Et je sortis, trouvant un banc non loin où me poser dans un soupir de soulagement.
S’il avait voulu avant tout faire une bonne action, Gabriel n’en était pas moins content de gruger cette longue file d’attente. Il avait hâte de rentrer et cuisiner. Il était frustré de n’être qu’un comis actuellement, au restaurant de la vieille dame. Surtout que le chef de la cuisine était un bon à rien qu’il avait bien envie de tabasser pour la peine. Il rongeait son frein, attendant son heure de gloire.
Il distribua des sourires radieux aux gens autour d’eux, jouant son rôle du chéri un peu benêt mais gentil. Enfin, ce fut leur tour. Il leva un sourcil lorsqu’elle mentionna le fait d’attendre dehors, puis hocha la tête lorsqu’elle vint lui murmurer la façon dont ils régleraient les achats. La bise le dérangea, seulement car il ne l’avait pas vu venir, et que la demoiselle était enceinte. Il lui adressa cependant un sourire, avant de passer sa propre commande.
Il paya avec sa carte, pris les sacs puis sortis à la recherche de la future maman. Il la trouva sur le banc le plus proche, et parcouru la distance rapidement.
- Ca va ? Tu veux boire quelque chose ?
Il n’était plus dans son rôle, mais il restait néanmoins un gars un peu con mais plutôt sympas, qui ne pouvait pas rester insensible face à un stade aussi avancé de désagrément physique. Il posa les trois sacs, poussa un soupire et entreprit de faire le tri entre sa commande, et celle de la jeune femme. L’employé avait tout mélangé.
