Lykke Nørgård - Divinadell

Lykke est une demoiselle de quatre-vingt-dix-sept ans, mais qui en fait à peine dix-huit. Elle est plutôt fine, et n’est pas plus grande que la moyenne des filles de son âge.
Son visage est passe-partout et typique des femmes du nord : bouche normale, nez pointu, yeux de couleur océan. Quant à ses cheveux, ceux-ci sont blonds platine et toujours attachés en couettes pour éviter que cela ne gêne la sirène lorsqu’elle se trouve dans l’eau.
Côté vestimentaire, la demoiselle n’a pas trop le choix : vêtements un peu usés, récupérés lors d’une distribution organisée par une association, ou achetés sur une brocante avec le peu d’argent qu’elle parvient à se faire.
  Sous sa forme de sirène, ses écailles sont bleues et les points de ses nageoires tirent vers le violet.


Sinon, mentalement parlant, elle est assez immature et naïve. N’ayant pas vraiment côtoyé le monde des humains plus que cela, il n’est pas difficile de la faire tourner en bourrique. Elle s’est déjà retrouvée avec une pomme de terre dans la main, une vis enfoncée dans le tubercule, croyant que ce qu’elle détenait entre ses doigts était un appareil de haute technologie humaine avec lequel elle allait pouvoir communiquer avec des extra-terrestres.
Lykke ne prend jamais rien au sérieux. Elle est venue sur la terre ferme pour s'amuser, et n’est pas du genre à se prendre la tête pour des choses triviales, comme trouver un travail. Elle sait que ça la sortirait de sa précarité, mais elle n’a juste pas le courage ni l’envie de postuler et de perdre son temps à travailler pour être sous-payée. Si Lykke le pouvait, elle passerait tout son temps à se prélasser au soleil sur une plage, et jouerait de l’ocarina tous les soirs, au coin du feu.
  Peut-être est-ce dû au fait que la demoiselle a passé sa vie dans les fonds marins, où pour être entendu, il faut parler fort, mais toujours est-il qu’il est assez difficile de manquer la sirène quand elle se met à parler avec entrain. Elle a beaucoup de mal à chuchoter, et si elle n’avait pas une voix un minimum agréable à écouter, de nombreux passagers à bord des transports lui auraient déjà gentiment demandé de bien vouloir se taire.
  Bref, il est difficile de l’ignorer quand elle est dans les environs, et très facile de la tourner en dérision.

Lykke est une sirène née dans la mer Baltique, là où les eaux sont bien trop froides pour s’y baigner, et où les humains font la chasse au cabillaud pour en faire des croquettes de poisson. Enfin, elle n’est pas née dans l’eau, à proprement parler. Non, sa mère, ne sachant si son enfant allait être une fille ou un garçon, avait préféré se rendre à l’hôpital de Rønne, sur une île danoise, à l’est de la capitale, pour éviter une potentielle noyade prématurée.

Toujours est-il, la jeune sirène vient de cette région, où elle y a passé pratiquement une centaine d’années, assistant même aux funérailles de son père, qui n’était qu’un pêcheur parmi tant d’autres, et qu’elle ne connaissait pas tant que cela, à vrai dire. Il n’avait jamais vraiment fait partie de sa vie. Avant sa naissance, il avait décidé de couper les ponts avec la mère de Lykke, préférant se dédouaner de ses actions, évitant ainsi la charge de devoir s’occuper d’un enfant. Au passage, il en profita pour révéler au grand jour l'existence des sirènes, et se mit à militer activement contre ces créatures, en brandissant panneaux et en distribuant journaux après journaux, ce qui eut pour conséquence son enfermement dans un asile. Personne ne l’avait cru. Il n’avait aucune preuve de ce qu’il avançait. Il n’était qu’un vieux fou qui avait pris les histoires de Hans Christian Andersen un peu trop au sérieux.

Du côté maternel, Lykke n’a pas vraiment à se plaindre. Certes, sa mère avait eu d’autres enfants avec tout un tas de pêcheurs différents, et ne pouvait accorder qu’une fraction de son attention à la jeune sirène, mais elle avait toujours veillé à ce que ses rejetons ne manquent de rien.

D’ailleurs, c’est cette même raison qui l’avait poussé à tenir une réunion de famille en début d’année : elle en avait marre de patauger dans de l’eau glacée tous les jours, sans compter les innombrables filets de pêcheurs qui venaient s’empiler pile devant la porte de la maison. Une seule direction : Tahiti et ses plages de sable fin.

La petite famille avait fait ses valises, et s’était mise en direction de la Polynésie. Mais, c’était sans compter sur la maladresse et le sens de l’orientation désastreux de Lykke, qui se perdit en route, et se retrouva, grâce à quelques esprits de l’eau qu’elle rencontra sur le chemin, près des côtes de la France métropolitaine. Pas de bol, bon pays, mauvais continent.

Depuis, Lykke erre dans les eaux françaises. Elle a visité le port de Dunkerque, a pu assister aux animations à Calais, a pleuré devant les bébé tortues de l’aquarium de Boulogne, et, après avoir entendu parlé de la forêt de Brocéliande, s’est retrouvée à Divinadelle, où elle a élu domicile tout récemment. N’ayant pas un rond dans son porte-monnaie, elle dort sur les bancs de la ville, fait la collecte d’objets perdus qu’elle récupère, et compte sur la bonté humaine pour se nourrir. Inutile de préciser qu’elle a faim.

Lykke a quelques notions en français mais ne parle pas couramment. De ce fait, elle a un accent danois assez prononcé, calque la syntaxe de sa langue maternelle et mélange encore les genres.

Elle a aussi tendance à ne pas savoir mentir, aussi, quand on lui demande son âge, elle dit tout naturellement qu’elle a 97 ans. Par chance, personne n’est assez fou pour la croire ou prendre son ton léger au sérieux, ou même faire le lien entre elle et le peuple des sirènes. Après tout, qu’est-ce qui pourrait la trahir, si ce n’est sa voix mélodieuse, sa capacité à comprendre les limandes, et ce très léger parfum de poisson frais qui la suit partout ?

Son prénom se prononce lug. Personne n’ose prononcer son nom de famille, et tant mieux.

Elle s’est liée d’amitié avec un chien errant, baptisé Moufle.

Humains :

Lykke a quitté sa petite maison sous-marine à cause de sa curiosité envers les humains. Elle ne sait pas encore si elle va les aimer ou non. Toujours est-il, elle aimerait s’entretenir avec leurs chefs pour mettre fin à la pollution des eaux et leur demander d'arrêter de manger ses amis les poissons.

Sorciers :

Aucune opinion. Elle sait que certains sont gentils, et que d’autres sont probablement mauvais.

Vampires :

N’en a jamais vu, et ne sait même pas qu’ils existent.

Loups-garous :

En a vaguement entendu parlé, et ne voudrait pas en croiser.

Sirènes :

Son propre peuple, sa famille, même. Elle n'a pas vraiment grand chose à dire sur les sirènes, son opinion est plus que positive.

Esprits :

S’entend bien avec les esprits de l’eau qui l'ont maintes fois aidée à retrouver le chemin de la maison quand elle était perdue.